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The Jarod Story
"J'entendrai des regards que vous croirez muets". (Racine, Britannicus)
" (...) je pense que la télévision doute de sa puissance sur un point, c'est qu'elle est tout a fait capable de fragiliser et de détruire psychologiquement un certain nombre de ceux qui mettent la main dans la machine" (Gérard Miller, extrait d'une tribune sur Loft Story parue dans Le Nouvel Observateur).
Non non, on ne va pas réinventer un loft... Est-ce que j'ai la tête à m'intéresser au Loft ? NON. Bref, ça a été fait. Quoi, le Loft ? Dans Jarod ? Oui, on dénonce le voyeurisme d'une manière très efficace. Celui-ci s'oppose, soit dit en passant, au mystère, comme il le favorise (petit jeu double ;-) ).
Au Centre, les caméras filment tout. Toute la vie de Jarod a été enregistrée sur les DSA. Il l'explique clairement dans plusieurs épisodes : le moindre de ses gestes a été épié, enregistré, stocké. Un jour, il demandera à Sydney de faire éteindre toutes les caméras, mais le Centre ne tiendra pas sa promesse (vous avez déjà essayé de conclure un pacte avec le Diable, vous ?). Jarod explique son histoire à quelques personnes, mais cette partie-là ne peut être explicitée et il hésite à l'exposer. Il a déjà essayé de tout confier à une psychologue ("Troubles mentaux" - "Crazy" # 3-01) qui a prononcé le diagnostic suivant : paranoïa. Le pauvre ! On comprend aisément la raison du bon fonctionnement du Centre : ils agissent de façon si peu commune que personne ne peut le croire sans l'avoir vu de ses propres yeux.
Quand Jarod mène une enquête, il se rattache à la vidéo, que ce soient des documents extérieurs (comme un extrait du journal télévisé) ou ses DSA pour faire éventuellement un parallèle avec une situation proche de celle qu'il étudie. Nous avons donc fréquemment la télé dans la télé, ce qui peut surprendre. Nous, télespectateurs, qui sommes déjà voyeurs de la situation, regardons l'écran d'un autre... Comme dit Stef (du SL-27), c'est un effet de cadre dans le cadre (laissons toujours parler les experts...).
Jarod, en général, ne rencontre pas trop Miss Parker et les autres. Il préfère largement téléphoner, envoyer une vidéo ou un e-mail. Les médias ont une surprésence (ce qui est le cas ds le monde où nous vivons) et dégradent les contacts humains (cela dit, certains ont au moins un contact comme ça, c'est déjà bien...).
Nous aussi sommes des voyeurs... Nous avons souvent l'impression d'épier la scène, que ce soit à cause d'objets qui nous cachent la vue ou qd on se met à la place d'un personnage voyeur : Angelo, qui depuis toujours épie ce qu'il se passe au Centre. Il est fréquent que nous observions à travers une fenêtre (comme dans "Trou de mémoire" - "Unforgotten" / "Amnesia" # 2-14 - ou "Patrimoine génétique" - "Bloodlines" # 2-22 -), un grillage ("Indice d'écoute" - "Jaroldo !" # 1-15) également.
Les personnages ont difficilement une intimité. Par rapport au téléspectateur bien sûr, lequel voit tout, et par rapport au Centre (tout la fameuse blague, ultra-fréquente parmi les Habitués, les vieux de la vieille pour ce qui est des fans de tP, à savoir : y a-t-il oui ou non une caméra dans la douche de Mlle Parker ??? LOLL
). Tout se sait et si des éléments de leur vie ne plaisent pas au Centre, ils la modifient (par exemple l'assassinat de Thomas Gates, ou l'éloignement de Michelle). Nous avons donc à la fois le voyeurisme et le contrôle de tout.
L'éclairage est aussi très important comme on aura pu se rendre compte. Il est intensif sur les yeux (exemple frappant : Broots face à la Commission T dans dans "Trou de mémoire" - "Unforgotten" / "Amnesia" # 2-14 -) alors que généralement les décors sont sombres. On nous incite à pénétrer les pensées des personnages à travers leur regard (ce qui nous pousse très loin et fait encore de nous des voyeurs) et dénonce le regard en question. Stef parle aussi de la soumission par la lumière (comme dans les policiers), et fait également référence à la scène de la Commission T. Les jeux de lumière ont plus d'un sens dans la série.
Sydnette la Psy Caméléonne
Dernière MAJ : lundi 26 juillet 2004
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