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Section Le Caméléon (The Pretender)
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Rencontres et souvenirs (partie unique)
Auteur : Ange Cavalière (Koussix) ( koussix@hotmail.com )
Où le situer : Il se situe après IOTH.
Notes : Il a été écrit pour le Challenge n°1 de In The Moonlight ( http://www.inthemoonlight.com ).
Route désertique, Montana
La voiture commençait à peiner sur la route déserte. A croire
que la chaleur lépuisait, elle aussi. Il faisait chaud et
il ny avait pas un brin dombre aux alentours. Il
savait quil naurait pas dû aller aussi loin sans un
bidon dessence en plus. Mais maintenant, il ne pouvait plus
faire demi-tour. Jarod voyait avec inquiétude lindicateur
du niveau dessence baisser. Il pouvait encore parcourir
cinq ou six kilomètres, après, ce serait la panne sèche et il
doutait fort de trouver une station service dans ce paysage désertique.
Cinq minutes plus tard, le moteur cracha une dernière fois puis
sarrêta net.
« Bien
», soupira Jarod.
Il avait beau être un caméléon et pouvoir trafiquer entièrement
sa voiture pour aller plus vite, il était encore incapable de
fabriquer un carburant avec du sable, des pierres et quelques
touffes dherbe sèches qui étaient rarissimes. Il ne prit
pas la peine de sortir son portable ; nayant vu aucune
antenne téléphonique, il se savait hors réseau.
Il scruta la plaine qui sétendait devant lui et qui était
surplombée par une grande falaise.
Rien. Personne.
Il but une longue gorgée deau de sa gourde et se maudit
une fois de plus de ne pas avoir acheté ce foutu bidon.
Il commença à partir à pied, quand il lui sembla avoir vu
quelque chose bouger au sommet de la falaise. Il plissa les yeux
à cause du soleil et
Oui ! Il y avait bien quelque chose
qui bougeait ! Il pouvait presque affirmer que cétait un
cavalier.
Le cur de Jarod se mit à battre et lespoir dêtre
sauvé le ranima. Il lui fit de grands signes, espérant être
tiré daffaire.
Le cavalier disparut un moment, laissant le caméléon en proie
au doute davoir été incompris, quand il arriva au grand
galop vers lui. Jarod voyait un nuage de poussière et de sable,
précédé par une forme blanche.
Il, ou plutôt elle, arrêta son cheval juste devant Jarod.
La cavalière était grande, fine, presque les mêmes yeux
chocolat que lui, ses cheveux noirs attachés étaient ondulés
et e avait une certaine ressemblance avec Mlle Parker, quand elle
était petite. Elle paraissait avoir dix-neuf ans, en apparence,
mais il devina, avec beaucoup dattention, quelle était
plus jeune. Quinze ans, peut-être.
Après avoir enlevé ses lunettes de soleil pour lever les yeux
sur elle, Jarod dit dans un sourire :
« Bonjour, je suis tombé en panne dessence, si vous
pouviez me dépanner dun bidon
- Désolée, je nen ai pas chez moi et il ny a
presque rien avant quarante kilomètres. En revanche, vous pouvez
venir au ranch, histoire de trouver une solution à lombre
et éviter de mourir sous le soleil.
- Merci, mais
je nai aucun moyen de transport
- Vous savez monter à cheval ? demanda la jeune fille.
- Non, mais je peux apprendre, répondit-il, maladroitement.
- Vous préférez monter devant ou derrière moi ? »
Jarod hésita. Il était monté une fois à cheval, dans la garde
montée canadienne, mais étrangement, il sétait rendu
compte quavant tout, il fallait être complice avec lanimal,
chose dont ses facultés de caméléon ne lui étaient daucun
secours.
Elle lui sourit, attendant la réponse.
« Je crois que
je vais monter derrière », dit-il avec un
semblant daplomb dans la voix.
Il se hissa sans trop de difficulté sur le dos de lanimal
et saccrocha à la taille de la jeune fille.
Il lui fallut au moins cinq bonnes minutes avant de trouver une
position à peu près confortable et adapté au rythme des foulées.
Au bout de ce qui lui parut une éternité, le cheval sarrêta
doucement devant un immense ranch. Jarod descendit en chancelant
et admira les hangars, la maison, et tout ce quil y avait
autour de lui.
« Cest là que vous habitez ?
- Oui. Mais arrêtez de me vouvoyer : ça me vieillit », avoua-t-elle,
lair faussement vexé.
« Fais-en de même. Je ne sais même pas comment tu tappelles.
- Marina.
- Moi, cest Jarod.
- Et bien, entre, Jarod, boire quelque chose de frais. »
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Le Centre, Blue Cove
Les talons de ses bottes en cuir claquant sur le sol ne présageaient
rien de bon. Linformaticien sentit son rythme cardiaque saccélérer,
se préparant aux remarques habituelles de la tigresse. Il se
retourna.
Elle est furieuse
pensa-t-il.
« Dites-moi, Broots, demanda-t-elle, presque de bonne humeur,
savez-vous où était Cox pendant tout ce temps ?
- Cox ? Non. Il est revenu ?
- Continuez de hurler si fort, tout le Centre nest pas
encore au courant !
- Pourquoi à chaque fois que quelquun disparaît ici, on
le retrouve en pleine santé ?
- Si je le savais, je ne vous aurais pas posé la question ! »
Elle soupira. Lyle, lui, devait le savoir. Il semblait sentendre
si bien avec lempailleur
Elle entendit vaguement que
Broots lui proposait une recherche, mais ny prêta aucune
attention et partit.
Voyant que sa suggestion tombait dans le vide, Broots se rendit
aux laboratoires de Sydney.
Comme à son habitude, ce dernier faisait une expérience de plus
sur les jumeaux. Sans même se retourner, le psychiatre le
questionna :
« Que sest-il passé ?
- M. Cox est revenu. »
Sans perdre son apparence de calme olympien, le réducteur de tête
fit raccompagner les jumeaux dans leurs chambres. Il se tourna
ensuite vers son ami.
« Où était-il passé ?
- Aucune idée.
- Il doit certainement revenir du Triumvirat
- Cest exact. »
M. Cox les regardait, un sourire aux lèvres.
« Le Triumvirat ma confié un travail qui nécessite votre
aide, M. Broots.
- Mon
mon aide ?
- Bien sûr, nous savons tous que vous êtes le meilleur
informaticien du Centre.
- Cest
cest beaucoup dire
- Plus vite nous aurons fini cette mission, mieux se sera pour
tous. »
Sachant quil ne pourrait y couper, Broots suivit Cox vers
les salles informatiques. A peine avaient-ils disparus, que
Sydney se précipita vers les étages supérieurs. Il aperçut
enfin Mlle Parker qui sortait du bureau de son frère. Juste en
voyant lexpression de son visage, il sut quelle
savait déjà que Cox était de retour. Il sapprocha delle.
« Il était au Triumvirat, dit-il, et il semblerait quils
lui aient confié une tâche de la plus haute importance.
- Je vais demander à Broots de
- Cox la déjà réquisitionné.
- Quoi ? ! »
Elle partit en trombe dans les salles informatiques et sarrêta
devant Cox, dans une rage noire.
« Que faites-vous avec Mon associé ?
- Des recherches. Et, à moins que vous ne sachiez où trouver
une jeune caméléon dorigine espagnole, qui vit à présent
aux Etats-Unis, je vais continuer mon travail. »
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Ranch, Montana
Jarod suivit Marina qui le conduisit aux écuries. Elle ouvrit la
grande porte coulissante et savança à lintérieur.
Sur ses talons, Jarod regardait autours de lui. Il demanda
soudain :
« Tu vis seule, ici.
- Non, il y a Maude, ma meilleure amie, Cindy, sa sur,
leurs parents et Camille, un autre ami qui est comme un frère
pour moi. Mais la propriété mappartient. Ce sont mes
parents qui sétaient installés ici, on venait de France.
Quand ils sont
morts dans un accident de voiture, jai
demandé à ma meilleure amie de venir. Ils avaient des problèmes
financiers et ils adorent les chevaux ; ils ont tout de suite
accepté. Camille nous rejoint plus tard.
- Où sont-ils ?
- Maude et Camille ont accompagné les parents de Maude à laéroport
; ils font des spectacles de chant et musique et sont partis en
tournée. Cindy, elle, est avec son fiancé. »
Elle prit un licol et le passa au cheval blanc qui était dans le
box, à côté deux.
« Ce nest pas un animal dici », remarqua Jarod.
Marina se tourna vers lui, un sourire étrange aux lèvres.
« Vous nêtes presque jamais monté à cheval, nêtes
pas un passionné déquitation, mais vous êtes capable de
me dire que Chimère ne vient pas dici ?
- Etant donné la végétation, le climat et le relief des
alentours, un cheval blanc qui a une carrure impressionnant mais
gracieuse avec des crins épais et ondulés, il y a peu de
chances quil soit né ici.
- Chimère vient dEspagne, cest un Andalou. De tous
les chevaux que je possède, il ny en a que quatre qui
viennent des Etats-Unis. Jai encore un Frison, en France,
dans ma maison dorigine. »
Le Caméléon avança une main timide vers la tête de lanimal.
Il hésita puis lui caressa finalement le front.
« Vous pouvez me le tenir cinq minutes ? Il est très gentil et
je nen ai pas pour longtemps. »
Jarod prit la longe avec appréhension et continua à le toucher.
Trop occupé à se concentrer sur Chimère, il ne remarqua pas
que Marina sellait un autre cheval. Une magnifique selle Français
alezan. Elle sapprocha de Jarod.
« Ashenti sera votre monture pour cet après-midi
- Quoi
je
je ne sais pas monter
- Vous vouliez apprendre, non ? On va commencer par le début et
Ashenti est adorable !
- Tu nas pas encore sellé Chimère
- Finalement, je vais prendre Sampan et je nai pas vraiment
besoin de léquipement avec mes chevaux. »
Jarod conduisit Ashenti dans un grand enclôt. Il fut rejoint par
Marina et un autre selle Français de la même couleur. Elle
monta souplement dessus, sans selle ni filet, uniquement avec un
long foulard rouge et noir.
Un instant, il fut impressionné de la maîtrise dont elle
faisait preuve des éléments qui lentouraient.
-/-/-/-/-/-/-/-/-
Le Centre, Blue Cove
Broots entra dans le bureau de Mlle Parker. Cette dernière était
en discussion avec Cox. Sentant quelle pouvait à tout
moment égorger quelquun à main nues pour se défouler, il
fit demi-tour.
« Restez, Broots ! ordonna-t-elle. Venez faire votre rapport.
- Ne vous en mêlez pas, Mlle Parker. Cest à moi et à moi
seul que le Triumvirat a demandé cette recherche ; je suis le
SEUL en mesure de la capturer.
- Une gamine de quinze ans, dorigine espagnole, ayant vécue
en France avant de sinstaller en Amérique, qui ne sait pas
ce quelle est et qui na plus de famille, ce nest
pas si dur à trouver !
- Et un génie en cavale dans le pays, qui vous laisse souvent
des indices, ce nest pas sorcier non plus. Votre rapport, M.
Broots.
- Ben
je nai pas grand-chose
à part quelle
se trouve à lOuest du Mississippi
»
Cox se planta devant lui, un regard menaçant signifiant
clairement quil en attendait davantage.
« Demain, dans mon bureau, même heure, je veux un autre rapport.
»
Il quitta la pièce. Linformaticien se tourna vers la jeune
femme.
« Mlle Parker
je crois que Jarod a vraiment disparu
ça fait un mois quon a plus de nouvelles
et la fille
que recherche Cox
- Je me demande pourquoi ils nont pas cherché à la
capturer plus tôt ; à cet âge, elle va opposer une forte résistance
et elle sera sans doute incontrôlable. Rien sur mon p
M.
Parker ? »
Il secoua négativement la tête. Elle se ressaisit. Ce nétait
ni lendroit ni le moment dêtre faible ou
sentimentale. Daccord, ça faisait longtemps que Jarod était
resté silencieux. Trop longtemps. Mais elle refusa de songer quil
ait vraiment disparu, de même quelle refusait de se donner
une raison autre que la joie de sa capture pour expliquer son
malaise.
Il ny avait rien eu entre eux sur Carthis. Elle avait refusé
de prendre le tournant quil lui montrait. Et si cétait
la raison de son silence ? Sil maimait vraiment ?
Elle secoua la tête. Jamais le génie ne tomberait dans une
telle situation. Elle saperçut que plus elle cherchait une
explication, ou plutôt une excuse, moins elle y croyait.
« Broots, faites les recherches de Cox mais débrouillez-vous
pour me faire parvenir une copie du rapport que vous lui ferez.
- Bien, mais
pourquoi
- Deux choses, Broots : ça ne vous regarde pas et je refuse quils
détruisent une nouvelle vie. »
Il repartit en salle informatique.
Mlle Parker saisit une photo.
« Je reprends ton flambeau, maman. »
Elle autorisa une larme à couler.
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Ranch, Montana
Jarod aida à mettre les couverts. Il avait fait connaissance
avec Maude et Camille. Maude était brune, avec une coloration
rouge, un peu plus petite que Marina, mais plus espiègle. Les
deux adolescentes avaient de nombreux points communs en physique
comme en esprit. Camille, quant à lui, était plus grand, plus
âgé de deux ans, blond, les cheveux courts, dapparence réservée
mais qui savéra trompeuse ; il ne loupait aucune occasion
de faire le pitre, allant jusquà jeter Marina dans la rivière
en passant par sa tentative de faire manger du foin à Maude. Il
navait encore rien tenté sur Jarod, ce dernier étant son
complice pour le coup de la rivière. Il avait cru que Marina se
mettrait dans une rage noire, mais après leur avoir courut après
pendant cinq minutes, elle sétait écroulée de rire avant
de dire à Camille de préparer une chambre pour Jarod.
A la fin du repas, Jarod regarda son dessert : une pâte très
fine et ronde, que Marina avait fait sauter dans une poêle. Il
avait devant lui du Nutella, de la confiture, du sucre, du miel
et du Grand Marnier. Il regarda Camille mettre une bonne dose de
Nutella sur son rond de pâte, la plier et la déguster. Il limita,
étala le chocolat, plia et mangea.
« Mmmm
cest super bon !
- Tu nas jamais mangé de crêpe ? sétonna Camille.
- Là où jai grandit, ils ne connaissaient pas la bonne
cuisine et servaient toujours la même chose.
- Cest français aussi, comme plat, répliqua Maude
- Donc, cest des ufs, de la farine, du sucre, du
lait, que tu fais cuire dans une poêle ronde, tu la fais sauter
pour la cuire des deux côtés et tu mets quelque chose de sucré
dessus
- Cest ça, mais tu peux aussi mettre du fromage, des
ufs, enfin ce que tu veux dessus.
- Je peux essayer de la faire sauter ?
- Euh
hésita Marina. De toute manière, Trino mangera si
tu te loupes. »
A son nom, le chien, un colley, aboya en agitant la queue. Jarod
saisit la poêle.
Trino venait de finir sa sixième crêpe quand Jarod réussit
enfin.
« Il prend le coup de main, ça y est ! sexclama Camille.
- Il pourra les faire, demain !
- Quest-ce quil y a demain ? demanda Jarod.
- Ma sur se marie, répondit Maude. Et je tinvite !
- Merci ! »
Avant daller se coucher, Jarod passa par la chambre de
Marina. Il se sentait étrangement proche delle et lappréciait
énormément.
« Que fais-tu ?
- Je fais les comptes, les factures et vois si je peux payer une
enquête.
- Une enquête ?
- Il y a un troupeau de mustangs sur mes terres, depuis des années.
Mais depuis peu, ils ont peur de quelque chose qui na rien
à faire ici.
- Quen sais-tu ?
- Une sorte
dintuition
Ca va vous paraître fou
mais ma mère ma souvent parlé dune dame qui
souhaitait habiter avec nous et sa petite fille. Ca faisait des
années quelle ne donnait plus signe de vie mais mes
parents nont jamais perdu espoir. On était encore en
France. Ma mère ma dit que jétais comme elle : jentendais
des voix
»
Lesprit de Jarod fit «tilt ».
« Comment sappelaient-elles ?
- Je ne connais que le nom de la mère : Catherine
- Parker.
- Vous la connaissez ? Jai toujours ma maison en France, si
elle veut
- Elle est morte. »
-/-/-/-/-/-/-/-/-
Maison de M. Parker, Blue Cove
Mlle Parker poussa la porte et entra dans la maison de lhomme
quelle connaissait tant et si peu à la fois. Maintenant quelle
était sûre de sa mort, elle pouvait découvrir tout ce quil
cachait. Elle commença par chercher le coffre-fort. Au bout de
quelques secondes, elle se dirigea, décidée, vers la chambre dami
qui navait jamais servi et poussa un des fauteuils avant de
retirer le tapis. Bingo ! Maintenant, le code.
Elle hésita longuement puis, nayant rien à perdre,
composa la date de sa naissance, ne sattendant pas vraiment
à un résultat. Contrairement à ses attentes, la porte souvrit.
Elle y vit un nombre impressionnant de lettres quelle
fourra dans une poche de son manteau noir. Au fond, il y avait un
médaillon qui lui était familier. Elle ne se rappelait plus où
elle lavait vu
Elle lemporta également.
Redoutant larrivée dune équipe de nettoyage, elle
retourna chez elle.
Une fois allongée sur son lit, elle sortit les enveloppes et les
tria. Sa mère semblait correspondre avec une certaine Marie
Carmen Lopez, en France. Il y en avait quelques-unes entre
Catherine et son mari et enfin, des lettres de Jarod pour elle.
Elle les mit de côté, les gardant pour la fin.
Elle prit le médaillon et louvrit. Il contenait deux
petites photos. Lune la représentait, elle et sa mère, lautre
représentait une femme bien plus jeune que sa mère, brune avec
un air espagnol. Son jeune mari était à côté delle. Les
lettres entre Mme Lopez et sa mère parlaient de laccord
que Catherine et sa fille iraient habiter avec eux, en France, à
partir du 14 avril 1970.
Elle passa aux lettres de son père qui conseillait à sa femme
de partir au plus vite en sécurité. Mais avril était trop tard.
Elle termina avec les lettres de Jarod. Elle pleura en lisant les
poèmes et autres créations du Caméléon. Elle savait pourquoi
elle nen avait eu aucune.
Elle finissait la dernière lettre quand le téléphone sonna.
« Quoi ?
- Ca faisait longtemps.
- Jarod
moi qui pensais que la chasse était finie pour toi
et quil ne me restait quà doubler Cox
- Cox est revenu ?
- Oui et est à la recherche dune caméléon. Tout ce quon
sait, cest quelle a une quinzaine dannées, dorigine
espagnole, ayant vécu en France et vivant à présent à lOuest
du Mississippi.
- Tu nas pas peur que je la retrouve avant ? Quy a-t-il
pour que tu me fasses confiance comme ça ?
- Si je lattrape cest pour tenter de la mettre en sûreté
; elle sera en sécurité si tu la retrouve avant tout le monde.
- Il ny a pas que ça, je le sens.
- Je
je
»
A moitié consciente de ce quelle faisait, elle ne savait
plus en qui placer sa confiance. Mais elle en avait assez de
lutter contre lui. Elle céda enfin :
« Tu étais sincère quand tu mas écrit toutes ces
lettres ?
-
- Jarod ? Jai le droit de savoir
- Tu le sais. Pour ce qui est de la fille que vous cherchez, tu
as toutes les cartes en mains. »
Il raccrocha. Elle soupira. Elle replongea dans ses lettres.
Cette Marie Carmen Lopez pourrait lui donner beaucoup dinformations
sur les projets de sa mère et la rencontrer pourrait lui réchauffer
le cur. Mais elle avait déménagé, gardant tout de même
la maison en France pour Catherine et sa fille. Parker trouva sur
une enveloppe, la nouvelle adresse de cette femme.
Elle se coucha. Elle irait la voir demain.
-/-/-/-/-/-/-/-/-
Ranch, Montana
Jarod savait très bien qui ils cherchaient. Il trouva étrange
que le destin lait conduit jusquà elle, mais quand
il avait vu les calculs quelle effectuait et la logique
dont elle faisait preuve, il neut pas de doute : Marina était
un caméléon.
Il se doutait que Parker ne tarderait pas à venir, mais il
pensait avoir encore le temps daider sa nouvelle amie à résoudre
ses problèmes.
Elle lui avait demandé de donner à la fille de Catherine, ce
que sa mère voulait offrir à la future petite française : un
cheval en cristal. Il avait promis de le faire.
Il songea au lendemain, le mariage. Sans savoir pourquoi, il
avait hâte dy être.
Il tenta de trouver le sommeil, en vain. Il songea à son tube de
PEZ, dans sa veste. Il le prit et en mangea la moitié dun
coup, gardant le reste pour une éventuelle insomnie. Demain, il
en achèterait plein avec de chevaux
-/-/-/-/-/-/-/-/-
Ranch, Montana
Le lendemain, tous se levèrent aux aurores, soccupant en
priorité des chevaux, du chien et des bovins avant de se préparer
pour la cérémonie. Une fois prêts, ils se mirent en route ;
Camille et Marina sur le scooter du premier, Maude et Jarod sur
une moto. Quand ils arrivèrent devant léglise blanche, un
vent violent se leva. Tout le monde se dépêcha dentrer
pour la cérémonie.
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La mariée savança vers lautel. Elle était de
taille moyenne, un peu ronde, et contrairement à sa sur,
ses cheveux étaient châtains, coupés court. La robe blanche
lui seyait à merveille et Camille souffla à Jarod que cétait
une uvre de Maude.
La cérémonie achevée, tous se levèrent pour sortir de léglise.
Dehors, le regard du caméléon fut attiré par une berline noire.
Il savait quelle était là, quelque part, le cherchant ou
cherchant Marina. Il la vit soudain, à quelques mètres de lui.
Elle lavait repéré, ainsi que ladolescente qui ne
se doutait de rien. Se fondant dans la foule, il rejoignit les
jeunes. Maude paraissait anxieuse.
« Vous pouvez pas savoir comme je stresse !
- Jai dexcellants calmants, si tu veux », proposa
Jarod.
Intéressée, Maude se laissa tenter. Il sortit un objet de sa
veste de cuir noir.
« Des PEZ ?
- Oui, cest très bon pour diminuer le stress et jadore
ça !
- Si jen prends, bonjour les kilos ! hésita Maude avant den
avaler un.
- Tu nes pas obligée de prendre tout le tube », rétorqua
Marina.
Jarod saisit soudain cette dernière par le bras : Parker les
avait vus. Elle regardait étrangement Marina. Jarod souffla à
la jeune fille :
« Je crois quon va avoir un problème
- De quoi tu parles ?
- Suis-moi, je te promets de tout texpliquer, mais il faut
partir maintenant !
- Mais
»
Elle ne finit pas sa phrase et le suivit derrière léglise.
Il sarrêtèrent devant une bouteille de gaz accrochée au
mur. Le vent sétait calmé mais Jarod paraissait toujours
inquiet. Il savait que Parker les suivait de près.
« File ! », ordonna-t-il à Marina.
Elle sembla obéir mais dès que Jarod se retourna, elle se cacha
derrière un buisson pour observer la scène. Elle faillit sétouffer
en voyant la jeune femme qui arrivait. Elle était vêtue dun
tailleur noir, mais sa veste laissait apercevoir un chemisier
bleu. Mais elle ressemblait tant à la femme qui devait habiter
chez elle
Quand elle vit Jarod, Mlle Parker sortit son arme au moment où
une rafale de vent se leva, réduisant à néant son brushing.
Elle maudit le vent qui la giflait ainsi que le soleil qui léblouissait.
La première chose quelle demanda fut :
« Est-elle en sûreté ?
- Pas encore et le fait que tu sois là, la met en danger.
- Tu las donc trouvée avant
- Avant même que tu mappelles. Cest plutôt elle qui
ma trouvé, dailleurs. Je sais également le lien que
sa mère avait avec la tienne.
- Jaimerais
la rencontrer.
- Elle est morte, il y a trois ans. »
Mlle Parker resta muette. Le Centre, encore.
« Co
comment va-t-elle ?
- Elle a tout ce quil lui faut pour être heureuse tout de
même. Et je sais que vous vous entendriez à merveille. Que vas-tu
faire ? Cox arrive
- Jarod
»
Elle leva son arme. Elle nen avait pas envie, mais il le
fallait.
« Parker
je ten prie
les
les lettres sont
réelles
»
Malgré son air impassible, une larme coula sur chaque joue de la
jeune femme.
Ayant tout entendu et compris, Marina profita de ce moment pour
sortir de sa cachette.
« Sil vous plaît
Prenez-moi si vous voulez, votre cur
sera moins
- Non, Marina, protesta Jarod dune voix forte.
- Vous ressemblez tant à votre mère
»
Cette phrase acheva Mlle Parker qui lâcha son arme. Après un
bref signe de tête, Jarod séclipsa. Parker regarda la
jeune fille.
« Ma maison, en France, vous attend toujours. »
Un long silence.
« Tu as un moyen pour rentrer chez toi ?
- Oui, je peux me débrouiller.
- Jaurai aimé te connaître
- Moi aussi. Mais il nest jamais trop tard. Vous savez où
me trouver, de toute manière.
- Pars, tant que tu le peux encore.
- Merci et
lamour est toujours le vainqueur. »
Avant que Parker nait eu le temps de réagir, Marina avait
disparue. Cox arriva quelques secondes plus tard.
« Où est-elle ?
- Je lai laissée partir.
- QUOI ? !
- Elle a eu un accident de moto avec son petit ami et cest
son cerveau qui a prit les dégâts ; elle nest plus un caméléon.
- Vous en êtes certaine, Mlle Parker ?
- Prouvez le contraire ! »
-/-/-/-/-/-/-/-/-
Ranch, Montana
Marina entra dans sa chambre. Elle avait expliqué en gros la
situation de Jarod à Maude et Camille qui ne lui posèrent pas
beaucoup de questions mais restaient stupéfaits comme elle. Elle
trouva une lettre avec une cassette vidéo sur son lit. Elle sy
installa et ouvrit lenveloppe. Sur plusieurs pages, Jarod y
détaillait tout le projet caméléon et tout ce quest le
Centre. Il laissa un PS :
Pour ce qui effraie les Mustangs, il sagissait de
braconniers. Tu auras un supplément dinformation sur la
cassette dont la copie à été envoyée à la police. Ils sont déjà
sous les verrous. A bientôt.
Elle sourit et sendormit, sachant que Jarod et Mlle Parker
reviendraient, un jour
-/-/-/-/-/-/-/-/-
Domicile de Mlle Parker, Blue Cove
Jarod ouvrit doucement la porte de derrière. Cétait la
fin de laprès-midi, la chaleur était clémente et le ciel
dégagé. Il était resté un moment dans limmense jardin,
savourant lair frais, puis il sétait décidé à
entrer.
Elle venait juste de sortir de la salle de bain et était dans sa
chambre pour se changer.
Il avait un objet quil avait promis de lui donner. Un objet
sans prix, sentimentalement et hors de prix sur le marché. Il
savait ce quil représentait pour elle.
Il allait poser le paquet sur la table basse du salon, quand il saperçut
que la porte de la chambre était entrouverte.
Il hésita un instant, mais lenvie était trop tentante. Il
se glissa jusquà lentrebâillement, mais elle avait
disparut. Sa curiosité prit le dessus et il ouvrit lentement la
porte coulissante.
Il fit deux pas dans la pièce. Lodeur savoureuse de son
parfum lui parvint.
Rouge dHermès.
Toujours ce goût de luxe. Ce qui nétait pas pour lui déplaire.
Il jeta un coup dil sur la coiffeuse. A côté des
flacons de parfum, de vernis, de crèmes et de la brosse à
cheveux, la photo delle et sa mère semblait être une pièce
rare. Et elle létait.
Oubliant complètement que la propriétaire des lieux pouvait à
tout moment surgir, il arpenta la chambre, sarrêtant pour
observer un cadre à photo ou seulement ressentir létrange
atmosphère dans laquelle il baignait. Il ne pouvait voir la
silhouette qui lobservait.
Elle était allée chercher son nouveau vernis à ongle dans la
salle de bain et le temps quelle revienne, il était dans
sa chambre. Si elle ne se trouvait pas uniquement en sous-vêtements,
elle lui aurait déjà fait comprendre quil navait
rien à faire ici. Elle le voyait sarrêter devant chaque
objet et sa colère saccentuait à chaque seconde. Comble
de malchance, son arme était sur la table de nuit. Elle songea
à son peignoir, dans la salle de bain. Mais il risquait de
partir et donc de lui échapper, une fois de plus. Dans la tenue
où elle était, il était hors de question de se montrer à lui.
Surtout à lui.
Devant le peu de choix quelle avait, elle se risqua à
aller chercher son peignoir à pas de loup. Sans faire grincer
les portes, elle attrapa le vêtement et lenfila. Elle noua
la ceinture puis retourna à son poste dobservation.
Rien ne bougeait dans la chambre. Etait-il parti ? Elle se maudit
intérieurement et saventura pour prendre ses habits quand
elle perçut un léger bruit.
Rapide comme léclair, sa main sempara du 9 mm et
elle se retourna, face à Jarod.
« On ne ta jamais apprit quentrer chez les dames
pendant quelles se changent est très impoli ?
- On ne ma jamais apprit à me tenir en société », répondit-il.
Il désigna larme.
« Tu devrais le ranger ; tu ne tireras pas sur moi, tu le sais,
alors au lieu de le voir se retourner contre toi, fais-le disparaître.
- Mais bien sûr
Que fais-tu ici, de toute manière ?
- Ton arme
- Ma réponse ?
- Jai un cadeau pour toi.
- Vraiment ? Tu te rends enfin ?
- Ne joue pas les idiotes que tu nes pas, Parker. Ce nest
pas de ce cadeau dont je parle. »
Il commença à fouiller dans son manteau, en savançant
vers elle.
« Reste où tu es !
- Ne me dit pas que tu refuserais un objet que la mère de Marina
voulait toffrir, si ? »
Un silence.
« Inutile de faire la chasseuse de prime que tu ne veux pas être.
- Quest-ce qui me prouve que ce nest pas un piège,
Jarod ?
- Tu le sais.
- Non. »
Lentêtement de la jeune femme commençait à lexaspérer.
Après toutes ces années, tous ces moments ensembles, après
Carthis
Carthis
Ca aurait pu être un bon moment si
si Ocee nétait
pas entrée. Elle était à nouveau face à lui, en peignoir
mais les lieux et les circonstances avaient changé. Il soupira
puis, la regardant dans ses yeux bleus, manquant de sy
perdre, déclara :
« Jai enlevé le percuteur de ton arme.
- Ne te moque pas de moi, génie. »
Il ne répondit rien. Il avait vu dans son regard quelle
savait quil ne lui avait pas mentit. Dans un geste dagacement,
elle baissa le bras et regarda le pistolet. Elle leva ses yeux de
saphirs sur lui et jeta son arme sur le sol.
« Tu as gagné, Jarod ! Tu es content, maintenant ?
- Tu sais très bien que ce nétait pas mon but
- Je nai aucune certitude daucune hypothèse et
- Arrête ! Tu vas te calmer, oui ? ! »
Mlle Parker se tut. Il y eut un silence pendant lequel le caméléon
tentait de se calmer sans y parvenir.
« Tu veux une preuve ? Je vais ten donner une
»
Il avança. Il vit nettement le trouble de la jeune femme.
Elle voulait reculer mais refusa lidée de lui laisser une
parcelle de terrain. Elle restait immobile, les bras croisés,
les yeux furieux rivés sur lui qui sapprochait delle.
Une fois assez près, il douta de ce quil allait faire,
mais se reprit. Il était lancé.
« Une preuve
», murmura-t-il.
Il saisit délicatement son visage, ferma les yeux et captura ses
lèvres. Il joua un instant avec avant de lembrasser
vraiment. Ses mains descendirent le long de ses hanches, épousant
chacune de ses formes. Il senivrait de son parfum, de ce
corps quil lui était interdit dadmirer, de cette
femme quil navait pas le droit daimer
Il réalisa soudain quil ny avait que lui qui prenait
du plaisir. Même si pour lui, le bonheur était infini, il sécarta
brusquement delle quand il sentit les larmes sur les joues
de Parker.
Il la regarda dans les yeux. Sil ne voyait pas les perles deau,
il aurait pu croire quelle était juste indifférente, tant
son expression était impassible.
Il était allé trop loin et trop vite pour elle. Elle nétait
pas prête. Dailleurs, le serait-elle un jour ?
« Pardonne-moi
»
Il déposa sur la table ce quil était venu lui donner puis
sortit rapidement.
Il marcha de plus en plus vite, séloignant de cette maison
où il avait cru voir le paradis.
Il se mit à courir, ivre de colère et de remords
Au bout dun moment, ses idées se remirent peu à peu en
place. Il descendit sur le bord de plage avant de sasseoir
sur le sable et de regarder le coucher de soleil. Il ne devrait
pas rester aussi proche du Centre, mais il ne bougea pas. Car la
proie avait avoué son amour pour son chasseur et ni lun ni
lautre navait plus envie de jouer.
Pendant ce temps, Mlle Parker navait pas bougé. Les larmes
continuaient de couler, seul signe de vie.
Comment cela était-il possible ?
Le caméléon ne pouvait pas être amoureux delle ; cétait
une farce, un moyen de plus pour la déstabiliser
Mais les
lettres
et ce regard
Doucement, elle admit ce quelle nétait jamais
parvenue à accepter :
« Moi aussi, je taime, Jarod. »
Pour m'envoyer vos fanfics (tous formats compatibles avec les logiciels courants de Windows - même Xp, pas de pb), écrivez-moi : delphinevb@chez.com . En général, je m'efforce de lire très vite les textes qu'on m'envoie, même si je ne les publie pas aussitôt (cause forfait, et puis travail aussi ;-) ...), afin de proposer un petit commentaire (un auteur attend généralement des feedbacks, j'en sais qqch...).
Sydnette la Psy Caméléonne.
© Onyssius, 2003, in Le Monde d'Ondinaphaë.
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