Carnets SL27 Chronologie Épisodes Secrets Refuge
Transylvania (l'Antre des Élus) page 2
Auteur : la même dingue que celle qui a fait ce site, cad Sydnette (e-mail) la Psy-Caméléonne.
Fan-fiction terminé le : commencé été 2002 (brouillon préparatoires), fini le dimanche 6 avril 2003.
Où le situer : C'est la suite directe de "Island of the Haunted", alias "L'Antre du Diable".
Notes : Le sous-titre (qui devait être le titre mais
j'ai hésité, ayant trouvé d'instinct "Transylvania"
immédiatement) ressemble au titre du téléfilm. Je ne l'ai pas
fait exprès puisque je l'ai trouvé bien avant de voir le film (et
bien sûr avant aucun titre VF ne m'avait été communiqué).
J'ai renoncé à en chercher un autre car j'aime bien mon idée
et que cela augmente un quelconque effet miroir qui apparaîtrait
(nous verrons à long terme) entre le 2eme téléfilm et cette
histoire. J'ai du me documenter un peu pour réaliser ceci et ce
fan-fiction reste une exclusivité de ce site. Comme tous les
textes de ces pages Internet (protégés par diverses lois de la
propriété intellectuelle, voir début du site), il est bien sûr
expressément interdit de le copier, même
si vous précisez le nom de l'auteur (je sais que certains
sites intéressants regroupent des fan-fictions - j'ai
l'intention de faire la même chose - , je ne suis pas intéressée,
ne voulant pas que ces récits soient dispersés sur le Net). Le
plus simple est de mettre un lien de votre page vers la mienne (pour
cela, il n'y a aucun problème. Mais comme je pratique l'échange
de liens quasi-systématique, prévenez-moi, je placerai votre
adresse dans mes sites partenaires sur la page "Liens").
2) Je n'ai pas choisi le pays par hasard. Je voulais qu'il
soit en Europe et qu'il y ait des montagnes et des grottes. Je désirais
un certain climat, mais j'aurais aussi bien pu prendre les Alpes
françaises ou l'Autriche (mais après tout on appelle les
montagnes là-bas les "Alpes Transylvaniennes"...). Si
mon choix s'est porté sur la Transylvanie, c'est d'abord à
cause des légendes sur Dracula etc..., que ce nom de pays est
beau, qu'il est empreint de mystère, qu'on le connaît généralement
mal, et ensuite et surtout car Michael T. Weiss a des origines
transylvaniennes... Ses ancêtres (grands-parents) sont
originaires de là-bas. C'est selon moi une jolie façon de leur
(lui) rendre hommage.
Note 3 : L'auteur, qui est une infatigable bavarde, s'est
retenue pour ne pas mettre entre parenthèses tous les
commentaires qui lui sont venus à l'esprit pendant l'écriture
de ce récit, afin de faciliter votre lecture (et de vous épargner,
c'est pénible, ces internautes bavards, non ?). Si jamais vous
vouliez néanmoins des précisions, que vous aviez des questions,
envoyez-moi un petit e-mail, je me ferai un plaisir d'y répondre
(j'en suis un un stade où je peux encore répondre à tous les e-mails
qu'on m'envoie... plus ou moins vite bien sûr, surtout si votre
question en amène d'autres qui m'entraînent à créer une
nouvelle page).
Lyle était toujours dans le Nevada, mais en plein désert.
Il était vêtu d'une chemise à carreaux bleus et d'un pantalon
beige trop chic pour ce climat et ses activités. Il ne semblait
même pas transpirer malgré l'étouffante chaleur et restait
impassible, comme à son habitude. Lyle porta sa main au-dessus
de ses yeux et observa autour de lui. Il tenait à la main le
papier rouge trouvé dans le bureau. Il le regarda. C'était une
carte de la région. Un endroit spécifique était entouré et
Jarod avait noté au crayon gris le mot "parchemins".
Lyle se dirigea vers une grotte, suivi de deux Nettoyeurs en
costume noir.
Miss Parker commençait à se demander si Jarod ne
se fichait pas d'elle, chose qu'il adorait faire. Allait-elle
encore se retrouver collée au plancher, prise dans un motel pour
cafards géant, ou toute autre farce de ce style ? Lyle aurait-il
raison ? Ah, ça non ! Lyle n'aurait jamais raison et si cela
devait arriver, elle ne l'avouerait pour rien au monde, surtout
pas à elle-même. Cependant, d'habitude les indices arrivaient
plus vite. Elle sortit une cigarette, la porta à ses lèvres, et
s'apprêtait à l'allumer. Mais le chauffeur du taxi jaune
protesta, d'une voix rauque qui avait pourtant une sorte d'accent
qui était familier à la Dragon Lady - peut-être était-il français,
comme Sydney - : "On ne fume pas dans mon taxi !". La Miss fut
agacée mais rangea sa cigarette. Un bon point déjà, elle
n'avait pas à supporter les commentaires du psy de service et
les bafouillements de Broots. Elle aurait presque l'impression d'être
en vacances si l'image de Raines ne venait pas tant la hanter.
"Où vous allez, déjà ?". Miss Parker
sursauta : "Je vous demande pardon ?". Le chauffeur
répéta : "Où allez-vous ?". La Dragon Lady aboya :
"Cinquième
avenue, je vous l'ai déjà dit trois fois !". Elle était
vraiment mal tombée. En plus la pluie tombait, elle pouvait
observer les gouttes s'écraser sur la vitre avec une moue
boudeuse. Si Sydney était là, il aurait au moins eu un
parapluie ; il était prévoyant, lui. Jarod avait-t-il
prévu cela aussi ? Un taximan un peu empoté qui la matait sans
cesse dans son rétroviseur avec un léger sourire des plus agaçants
derrière sa barbe noire, et un temps pourri... Ca y est, l'autre
regardait ses jambes. "J'en ai de belles gambettes, hein ?", adressa-t-elle
en pensée au conducteur. Quelle idée aussi de se promener en
mini-jupe de cuir... Pourquoi pas aussi mettre un t-shirt "Je
suis libre et sexy, qu'attendez-vous" ?... Quoi que, elle n'était
pas libre après tout. Elle laissa échapper un sourire et se
reprit. Non, elle était indépendante et ne tomberait pas dans
les mêmes pièges que sa mère. Aimer ? Non, jamais, plutôt
mourir puisque c'est la mort qui l'attendait si elle aimait.
Surtout vu l'identité de la seule personne qui pouvait accorder
les battements de son coeur avec les siens... Elle se força à
penser à autre chose et regarda vers l'avant. Oh ! que ce
taximan l'énervait !
Enfin, elle arriva dans un quartier connu. Miss
Parker sortit la boule qui faisait de la neige quand on la
retournait, trouvée dans l'enveloppe avec une invitation, et
constata que la reproduction de l'immeuble dans celle-ci était
vraiment réaliste. Jarod avait toujours des cadeaux originaux...
Bon, que pouvait-elle faire à part suivre les instructions ? Il
recommençait les mêmes petits jeux qu'il y a six ans, question
de montrer qu'il était toujours le plus fort... et de l'écarter,
elle n'était pas dupe. Pendant qu'elle perdait son temps à New
York, la souris dansait à l'autre bout du monde... Il
s'essoufflait, ces derniers mois, semblait-il, devenait plus prévisible.
Mais cela préparait-il une métamorphose ? Ou bien serait-ce son
propre comportement que la Miss devrait remettre en cause ? Elle
ne voulait pas l'attraper, ou plutôt si, pour mieux le libérer
ensuite, le dominer et le gracier, mais là elle n'avait plus la
force psychologique de lutter pour faire illusion. A quoi bon ?
Avec Raines et Lyle, et le monde entier qui s'était ligué
contre elle. Oh ! Ca y est ! Elle devenait dépressive et parano.
Elle allait finir comme sa mère, si elle n'y prenait pas garde...
Le taxi s'arrêta. Miss Parker paya en hâte, plus
qu'il ne le fallait. Tout pour être débarrassée de ce regard
inquisiteur ! Elle détestait Jarod. Elle regarda vers le ciel,
on ne voyait pas où cette fichue construction s'arrêtait. Elle
entra, trempée pour cinq minutes passées sous la pluie battante.
Derrière elle, sans qu'elle ne le remarque, le
taximan enleva casquette, lunettes et fausse barbe. Puis il fit
un petit signe de la main droite qui passa inaperçu et démarra
en trombe.
Jarod avait de nouveau réservé une chambre dans ce
détestable immeuble, qu'il semblait affectionner particulièrement.
Il lui avait fait le même coup qu'en 1996. Mais pourquoi ? Dans
quel but l'avait-t-il conduite ici ? Pour fêter son évasion ?
Non, les dates ne correspondaient pas. Miss Parker contempla la
carte qu'on lui avait remise à l'accueil : "Bienvenue à
l'Empire State Building". Tout était exactement pareil,
sauf que Sydney n'était pas là. La Miss prit l'ascenseur et
arriva au 63ème étage. Bien sûr, 63 comme 1963, l'année de
Son arrivée au Centre... Chambre 60. Très bien. Cela n'éveillait
rien chez elle a priori. Que faisait Jarod en 1960 ? Il
gazouillait tout au plus. Ou alors lisait-il Dante... La Miss
parcourut le long couloir éclairé et arriva devant la porte
portant le numéro 60. Elle tourna la clé dans la serrure elle même,
devançant le pénible groom - même s'il était efficace pour
une fois, tout le monde était pénible - dont la tête lui
disait quelque chose, mais elle ne savait pas au juste où elle
pouvait l'avoir vu. La Dragon Lady entra dans la chambre qui
avait été réservée pour elle, fit trois pas, et resta muette
d'étonnement, la bouche ouverte comme une carpe.
La chambre avait reçu visiblement quelques
arrangements de la part d'un décorateur professionnel. Miss
Parker ne connaissait pas ce don à son Caméléon préféré.
Elle était de très mauvaise humeur et elle détestait les pièges
de Jarod, mais celui-ci était certainement l'un des plus beaux.
Elle en sourit même. Des rideaux de soie bleue étaient tendus
à travers la pièce. Les murs n'étaient presque plus visibles.
La fenêtre était fermée, seule la lueur de quelques bougies
disposées en cercle sur un petit bureau de hêtre éclairait la
pièce. Dans cette atmosphère tamisée, Miss Parker essayait de
mémoriser chaque détail. Quelle belle mise en scène ! C'est
alors qu'elle vit un panneau, tendu entre deux rideaux, écrit en
noir sur bleu clair : "Joyeux anniversaire, Miss Parker
!". Ah ? Nous étions le 3, chose qu'elle voulait oublier à
jamais depuis que sa mère ne pouvait plus lui fêter. Quelques
ballons complètaient ce décor. Les confettis ne tombaient pas,
mais... si. Bien bien. Elle leva la tête. Un mécanisme avait été
déclenché de l'extérieur. La Dragon Lady se retourna. Il n'y
avait plus personne, le groom avait disparu. Elle trouvait qu'il
ressemblait fortement au conducteur de taxi. Et à vrai dire à
quelqu'un qu'elle connaissait bien... Elle sortit de sa chambre,
trouva une espèce de loge. Une poubelle, tiens tiens... Et comme
par hasard un costume de groom jeté en hâte dessus. Jarod...
Miss Parker renonça à quelconque poursuite, perdue
d'avance... Il l'avait narguée deux fois, il n'allait pas
insister. Elle retourna donc dans sa chambre et avança à
travers les tentures bleu nuit. Elle s'assit sur le lit drapé de
soie bleu nuit et poussa un cri de douleur. En se retournant,
elle constata qu'un paquet rectangulaire trônait et qu'un coin
était responsable de son mal... Semi-agacée, mais touchée
quand même, Miss Parker saisit le paquet. Un beau papier
comportant une vue de New York de nuit, et quelques citations de
George Bernard Shaw, l'écrivain préféré... de sa mère. La
Dragon Lady, un peu déboussolée, défit délicatement le noeud
bleu ciel qui entourait le paquet, avec moult précautions. Il
faisait partie des cadeaux que l'on n'ose pas déballer, comme un
certain cadeau d'anniversaire précédemment... Elle manqua d'étouffer
en découvrant l'objet contenu dans le papier. C'était une
ancienne édition des "Quatre filles du docteur March".
Elle resta un long moment le livre posé sur les
genoux, ne sachant que faire. Une larme coulait sur son visage.
C'était le livre qu'elle lisait avec sa mère, l'ouvrage préféré
de celle-ci, le sien à présent. Elle se décida enfin à ouvrir
le livre, question de voir si Jarod avait eu l'audace de laisser
un mot. Elle trouva une photographie d'elle-même enfant. Sa mère
aurait eu deux éditions de ce livre ? Elle retira la photo. Sur
la première page était soigneusement écrit un nom, à l'encre
violette... celui de Margareth... Miss Parker resta bouche bée.
Le livre manqua de tomber. Elle le rattrapa de justesse mais un
objet en glissa. Elle le ramassa vite : c'était une carte
d'anniversaire peinte à la main avec deux lapinous blancs qui
s'embrassaient langoureusement, avec tous les détails (hum, je ferais un
unique commentaire pour mes copineeeuh du The Pretender Forum,
c'est un "yummy", une soupe de... ). La Dragon Lady éclata
de rire. Elle s'attendait à tout sauf à une déclaration. Jarod
exagérait. Elle ouvrit. Le Caméléon avait juste noté : "Pourquoi
a-t-elle eu cette photo ? Qu'est-ce qui lie nos mères ? J.".
Miss Parker s'attendait à de longues phrases, à des poèmes,
mais non, il devenait presque raisonnable. S'il n'y avait pas ces
lapins, elle aurait presque dit que tout était comme avant. Cela
dit, il se posait la même question qu'elle. Et il y avait
maintenant cette photo. Margareth n'avait aucune raison d'en posséder
une d'elle, ne pouvant pas deviner que son fils tomberait
amoureux d'elle... Elle sourit. Surtout qu'elle ne la connaissait
pas...
Le paysage était d'une beauté époustouflante. Il
y avait des arbres partout, recouverts d'une épaisse couche de
neige. Cette scène se situait quelque part en Roumanie, dans ce
qu'on appelle les Alpes de Transylvanie, et du côté du Peleaga
qui culmine à 2509 mètres ; un homme cherchait sa route. Il était
emmitouflé dans un long manteau noir qui le protègeait du froid.
Il faisait -2 degrés. C'était le lendemain du Nouvel An, qui
durait ici deux jours. Enfin, une silhouette fut perceptible. Il
courut vers elle. C'était un homme qui coupait du bois au bord
d'une clairière non loin de la route. En l'apercevant, le bûcheron
arrêta sa tronçonneuse et dit simplement "Bonjour" en
roumain : "Buna ziua doamna !". Puis observant le
nouveau venu, il reprit en français, cette langue étant
beaucoup parlée en Roumanie, utile notamment pour le tourisme.
Les deux langues sont d'origine latine, ce qui facilite la tâche.
L'autre répondit, dans un français impeccable : "Bonjour, je suis
Jarod, Jarod Miller" (nota - je peux pas m'en empêcher - : bcp de
détails ds cette histoire sont choisis tout à fait au hasard
bien ssssûr !...). Le bûcheron eut un léger mouvement
presque imperceptible, si bien que le Caméléon ne le remarqua
pas : "Vous êtes français ?". Jarod répondit
: "Non,
américain, mais je peux parler en français ou même le roumain
si vous préférez". Le bûcheron continua en anglais :
"Non
non, gardez vos habitudes, je maîtrise votre langue". Il tendit la
main et serra celle de Jarod, en se présentant : "Davy Pola. Etes-vous
perdu ?".
Jarod répondit : "Pas tout à fait. En fait, je cherche un hôtel". Davy
remarqua soudain la carte qu'il portait, derrière laquelle un
symbole, avec huit têtes de mort sur un cercle entourant un
coffre et un triangle, tracé soigneusement sur une feuille se
laissait deviner. Il demanda alors : "Vous vous intéressez
donc au mythe des Elus ?"
Jarod s'étonna : "Le mythe des Elus ?". L'autre répondit
: "Oui,
ce symbole est lié à l'Elu. Je ne sais pas exactement qui ou
quoi ce terme désigne. Ce sont des murmures, des légendes, mais
il y a un mystère lié à ce symbole. Un secret divin dont
personne ne connaît la nature exacte. Tout cela est lié à ces
montagnes devant vous. On dit qu'elles sont maudites". Jarod se dit
qu'il se trouvait à nouveau plongé dans le surnaturel et que décidément
les gens adoraient les inventions. Néanmoins ce symbole était
lié à sa mère. Il demanda donc : "Vous avez déjà vu
ce symbole ?". Davy Pola, un peu gêné d'avoir tant
parlé, répondit : "Oui, sur des vieux papiers. On peut le
rencontrer dans certaines bibliothèques spécialisées. Dites,
vous veniez pour ce symbole ?". Jarod ne pouvait évidemment
pas deviner que la piste du symbole le mènerait là, il y était
arrivé par une autre voie, liée de toute façon à la fameuse légende
des parchemins. Il expliqua donc : "Non, en fait je
cherchais où loger. Vous ne connaîtriez pas un bon hôtel ?". "En fait, il y a
mieux",
répondit M. Pola, "tout près d'ici il y a un château, tenu par
des vieux gardiens. Ils connaissent un peu la légende et
seraient ravis de vous héberger quelque temps". Jarod s'étonna
: "Je
croyais que cette pratique n'était pas très courante ici ?". Davy Pola énonça
cette phrase étrange : "Pour vous ils le feront, j'en suis
certain".
Puis sans précision supplémentaire il retourna à ses arbres,
remettant la tronçonneuse en route.
Miss Parker lisait son livre, joli cadeau pour ses
quarante-deux ans comme elle le remarqua, quand on frappa à sa
porte. Elle pensa : "Jarod !" et fonça. Il ne lui ferait pas le
coup sept fois de suite... Elle ouvrit très rapidement, arme à
la main en criant : "Je t'ai eu !". Le malheureux groom manqua
de défaillir. Il essuya son front avec un grand mouchoir rouge
et dit simplement : "Tiens, le locataire a effectivement changé". Miss Parker
baissa son arme, mais ne s'excusa pas. Elle demanda : "Le locataire ? Il y
avait quelqu'un avant ?". Le jeune groom précisa : "Oui, un gars bizarre.
Il passait des heures dans cet appartement que vous occupez
maintenant. On entendait des bruits étranges, comme des coups de
marteau. Il a tenu lui-même à faire le ménage, mais a réservé
la chambre pour quelque temps encore, précisant que sa fiancée,
Miss Charlène Cuir viendrait. Je suppose que c'est vous. Je
croyais qu'il plaisantait". Miss Parker était furieuse. Miss
Charlène Cuir, et puis quoi encore ? Sa fiancée ? Elle aboya :
"Je
ne suis pas la fiancée de monsieur...". Le groom dit
doucement : "Tant pis, si vous le prenez comme ça.
J'avais pourtant une indication pour retrouver votre fiancé. Il
l'a laissé sur une table, cela m'a paru étrange. J'ai pensé à
un jeu de piste. D'autant plus qu'une photo de vous était avec". Et il s'apprêta
à partir.
Miss Parker bondit : "Un indice ? Mais
c'est que Jarod est un amateur de jeux de pistes... Donnez-moi ça
!".
Le groom répondit : "C'est pour Charlène Cuir, c'est le nom
inscrit derrière la photo. J'aurais peur de le donner à une
autre personne que la fiancée de monsieur Parker". Miss Parker
hurla : "C'est moi !!! Miss Charlène Cuir, fiancée
de Jarod ou je ne sais quoi ! Je veux cet indice !". Elle ouvrit
soudain des grands yeux : "Jarod Parker ?!". Le groom s'étonna
: "Oui,
c'est bien le nom de votre ami, non ?". Miss Parker haussa les épaules,
répondit : "Oui, disons. L'indice !". Le groom,
surpris, lui tendit un livre : "Voilà, c'est tout. Il l'a oublié
dans le salon. Je ne sais s'il l'a fait exprès". Miss Parker
observa ses "indices" tandis que le groom s'éloignait
prudemment, de peur d'affronter une nouvelle colère. Miss Parker
ne tarda pas à hurler, réveillant quelques voisins déjà au
lit. Elle appela le groom : "Attendez deux secondes. Il vous a
dit où il allait ? Je ne parle pas cette langue-là".
Elle désignait le roman laissé par Jarod, écrit
dans un dialecte inconnu. Le groom revent sur ses pas, déclarant
juste : "Je ne sais pas. Quoi que... Il tenait une
carte de la Transylvanie, je crois, la dernière fois que je l'ai
vu".
Il fila discrètement. La Miss regarda le roman. Du roumain, oui,
en effet, elle avait appris cette langue il y a des années.
Etait-elle idiote, elle n'avait même pas su la reconnaître. La
Transylvanie... Bien... Elle ouvrit le roman. Une photo d'elle se
trouvait dedans. Ou plutôt un croquis, très fidèle, avec
inscrit derrière "Miss Charlène Cuir". Elle eut envie
d'hurler à nouveau mais se retint. Elle rentra dans sa chambre,
se demandant combien de fois Jarod, pour faire un dessin aussi
ressemblant, avait pu l'avoir vue dans sa nuisette de soie bleue
préférée...
Jarod observait le château, comme on surnommait la
bâtisse. L'endroit s'appelait "Lupului Casa", la
"Maison du loup" (véridique ! C'est du roumain. Vous voyez,
quand je disais que j'avais fait des recherches, je ne
plaisantais pas !). Pourquoi du loup ? Y en avait-il par ici ?
Possible, le climat s'y prêtait. La propriété était d'une très
grande beauté. Jarod passa une porte cochère de bois sculpté,
protégée d'un auvent. On aurait dit une chapelle et à vrai
dire, en y regardant de plus près, elle devait avoir cette
fonction. Le château, lui, n'avait de ce titre que le nom, pour
ce qui était de la taille. Il présentait trois étages, tout de
même, mais n'avait pas de tours ou de pont-levis, comme on se
figure les bâtiments de ce type. Il était néanmoins tout de
pierre et son aspect était majestueux.
Jarod s'avança et se décida à tocquer à la porte.
Il entendit instantanément une voix derrière et le panneau de
bois laissa place à un visage agréable, qui surmontait un petit
corps rond. La propriétaire, sans doute. Elle possédait une
longue chevelure teintée de gris, qui avait du être d'un noir
brillant, et ses pupilles brillaient au milieu d'yeux sombres.
Elle dit "Buna ziua doamna !" et s'interrompit. Elle mit ses mains
devant son visage, en hochant la tête. Le Caméléon s'informa :
"Vous
allez bien ? Excusez-moi, je m'appelle...". La vielle
femme l'interrompit : "Venez !". Elle le prit par la main et le mena
dans un salon aux meubles d'ébène. Un tableau était accroché
sur un des murs et il représentait Jarod jeune. Celui-ci ne put
retenir une exclamation : "Mais c'est... moi !". La vieille
femme se tourna vers lui et lui dit, dans un anglais impeccable :
"Oui,
vous êtes Jarod, il n'y a pas de doute. Si vous saviez combien
Margareth m'a parlé de vous !". Jarod ouvrit de grands yeux
: "Ma
mère ? Vous connaissez ma mère ?!". Son interlocutrice répliqua
: "Oh
! Excusez-moi, je ne me suis même pas présentée. Je suis
Mischa Domna. Je connais votre mère depuis très longtemps.
C'est sa mère qui m'a engagée comme cuisinière alors que je n'étais
qu'une jeune fille. Elle devait avoir une quinzaine d'années, à
l'époque".
Jarod demanda : "Elle est... ici ?". "Hélas non. Elle est
passée il y a quelques jours. Elle avait l'air surexcitée. Oh !
qu'elle va être déçue ! Je suppose que vous ne pouvez pas
rester quelques jours ? A cause du... Enfin, de ce que vous savez...
Margareth m'a narré en bref la situation". Jarod répondit
: "A
vrai dire, je cherchais un abri pour une petite semaine... Mais
je ne voudrais pas vous...". Mischa éclata de rire : "Vous êtes chez vous
! Cet endroit appartient à la famille de votre mère depuis des
décennies ! Si vous restez, tant mieux ! Avec un peu de chance,
Margareth rentrera à temps pour vous voir. Elle n'a pas pris
beaucoup de bagages, cette fois-ci". Elle fit une pause, puis
demanda : "Un peu de thé, peut-être ? Ou du café ?".
Jarod accepta. Le thé lui laissait de bien mauvais
souvenirs (nota - je suis incorrigible ! - : on se
demande bien pourquoi...) et le café n'était pas une habitude chez
lui qui affectionnait depuis longtemps le chocolat soluble, mais
il appréciait de découvrir des us d'ailleurs. Cette coutume-là,
il avait un peu de peine à l'avaler pour les premières gorgées
du moins, car le café était très fort, mais néanmoins
excellent. Il réfléchissait : il allait peut-être revoir sa mère
! Mischa était loquace et intéressante à écouter. Une bonne
heure se passa, et un bruit se fit entendre, tandis que la porte
séparant la cuisine du salon s'ouvrait. Un géant apparut. Plus
exactement un homme très grand. Il devait mesurer dans les deux
mètres et avait un air renfrogné.
Jarod se leva, aussitôt imité par Mischa qui
interpela Jarod, désignant le nouveau venu : "Oh ! Je vous présente
mon mari. Zepher, voici Jarod". L'autre ne réagit pas
instantanément, mais il finit par demander : "Le fils de la 'tite
Meg ?".
"Exactement
! Etonnant, non ?". L'autre hocha la tête et repartit
d'où il venait, après avoir briévement salué Jarod. Mischa déclara
: "Il
n'est pas très bavard, il faut l'excuser. Mais c'est un brave
homme, vous savez. Il aime énormément votre mère". Jarod
demanda : "Et donc elle habitait déjà ici étant
petite ?".
Mischa répondit : "En effet. Ce château a toujours appartenu à
vos ancêtres, ainsi que toutes les terres environnantes, ce qui
n'est plus valable actuellement. Dites, venez avec moi, je vais
vous montrer une chambre où vous pourrez vous installer". Ils
partirent vers le couloir.
Broots entra dans le bureau de Sydney, tout essoufflé.
Le psychologue s'informa immédiatement : "Alors ? Vous avez
trouvé quelque chose ?". Broots attendit une minute et, ayant
repris son souffle, déclara : "RF-7 ! Cela signifie Register Files
7".
Sydney s'étonna : "Je ne connais pas ce numéro, pourtant". Broots répliqua
: "C'est
logique. Ce sont des dossiers très vieux, d'après les
indications sur les papiers que j'ai trouvés. Ils se situeraient
au niveau souterrain 17".
Miss Parker marchait dans un des aéroports de New
York. Elle avait réussi à se procurer la liste des destinations
des derniers vols en date. Malheureusement celle-ci était longue...
Cela dit, un avion était justement parti vers la Roumanie. Pas
de doute, son Caméléon était très certainement parti se
rafraichir les idées là-bas. Tout en se faisant ces reflexions,
elle avançait toujours, mais laissa soudain tomber ses sacs,
qu'elle ramassa machinalement, détaillant le papier, cherchant
la date du prochain vol pour la Roumanie. Elle ouvrit son sac
machinalement, lisant les horaires, et farfouilla pour trouver un
stylo. Sa main rencontra soudain un objet étrange, qu'elle
sortit. C'était une bague, la bague de sa mère. Elle regarda à
son doigt : pourtant elle y était toujours ! Elle replongea la
main dans le sac et sortit d'autres objets : une photo de Jarod
enfant, un carnet, un miroir. Ce n'était pas son sac ! Elle
remit les objets dedans, posa le sac sur le sol et regarda autour
d'elle.
Tous les éléments laissaient supposer que ce sac
appartenait à quelqu'un que la Miss connaissait bien, pour
l'avoir croisée récemment : la mère de Jarod !
Une main saisit la sac. Miss Parker se retourna et
tomba nez à nez avec la propriétaire du sac qui se relevait,
ses cheveux roux voletant. Margareth écarquilla les yeux et dit
doucement : "Vous !". Elle murmura : "Merci, Mlle Parker" et s'éloigna
rapidement dans la foule.
Miss Parker était tellement sous le choc qu'elle
n'avait pas eu le temps de réagir. Quand elle reprit ses
esprits, il était bien trop tard, elle ne pourrait plus
retrouver une femme parmi tous les gens qui peuplaient l'aéroport.
Elle trouva enfin son stylo dans son sac et entoura une date,
avec un petit sourire satisfait.
Jarod visitait tranquillement la propriété de sa mère.
Pour la première fois de sa vie d'adulte, il était chez lui,
dans une maison où avait l'habitude de séjourner sa mère, dans
un château où Margareth avait grandi, dans ce palais où il
avait peut-être déjà mis les pieds sans s'en souvenir. Des
tableaux charmants étaient accrochés et Jarod se fit joie de
les contempler, flânant çà et là, rêvassant, heureux. Il
visitait chaque pièce, regardait chaque détail, humait chaque
parfum.
Il arriva à la chambre de sa mère. Il la reconnut
justement à son odeur. Il connaissait ce délicat parfum de
muguet, très volatile mais dont il subsistait des traces à
force d'être aspergé dans cette pièce. Les murs étaient
recouverts de boiseries acajou, qui donnaient un style d'ailleurs.
Le lit était encore défait ; sa mère n'étant partie que
depuis la veille, le ménage n'avait pas encore été fait depuis
dans cette pièce. Jarod s'assit sur la matelas et caressa les
draps si doux et chauds. Il s'allongea à demi, contemplant
chaque détail qu'il s'empressait de mémoriser pour le cas où
il ne pourrait plus revenir. Chaque tableau, chaque vase, chaque
bijou abandonné devenait une photographie qu'il enregistrait
dans le palais de sa mémoire (ah ! pardon, c'est l'influence
d'Hannibal...). Il connaissait mieux sa mère à présent.
Ces traces de quotidien contribuaient à livrer des bribes de la
personnalité de Margareth, comme la cachette dans la grange
d'Harriet Tashman quelques années auparavent. Sur la table de
chevet était posée un exemplaire de la Bible, ainsi qu'une
petite bouteille d'un parfum appelé "Aurore boréale"
et un autre "Champ de nuit". Jarod se releva et fit
quelques pas dans la pièce.
Soudain la porte derrière lui se claqua. Il allait
se retourner pour voir ce qui avait provoqué un tel bruit quand
il reçut un ordre. Une voix lui cria fermement : "Ne bouge pas !".
Jarod pivota néanmoins pour se retrouver face à
Miss Parker. "Encore !", commenta-t-il, "décidément tu dois
tenir à moi pour me chasser de cette manière". Mais la
Dragon Lady n'avait pas envie de rire : "Cesse de blaguer et
suis-moi !". "Pas question, Parker. Je vais peut-être
revoir ma mère et le Centre ne me gâchera pas la vie à nouveau.
Je refuse de te suivre, tu entends ?!". Il criait presque et ne
bougea effectivement pas d'un millimètre. Son ton s'adoucit :
"De
toute façon tu ne tireras pas". Miss Parker interrogea :
"Vraiment
? Et qu'est-ce qui te fait dire ça ?". Jarod sourit (sourire spécial ©
Jarod )
: "Une
intuition. Mais bien sûr tu vas soutenir le contraire. Ce qui
est drôle avec toi, Mlle Parker, c'est que tu te mens joliment
bien à toi-même". Il allait sortir de la pièce, mais
Miss Parker enleva le cran de sûreté de son arme, tout en
continuant de la pointer vers le Caméléon.
"Allons, pas d'enfantillage", dit celui-ci.
La Dragon Lady s'insurgea : "Je ne plaisante pas ! Je tirerai si
tu cherches à fuir !". Soudain son regard fut attiré par un
tableau derrière Jarod. "C'est étrange...". "Qu'est-ce qui est étrange
?",
s'enquit Jarod.
"Le tableau...". La Miss baissa son arme et
s'avança un peu vers le mur, avant de poursuivre : "Regarde ! Le coin
semble être décollé...". Jarod s'approcha : "En effet...". Il retira
l'image de son clou. Elle représentait un paysage des plus
banals, ce qui pouvait frapper vu l'ambiance exotique de la
chambre. Jarod tira d'un coup sec sur le coin et une feuille
plastifiée se retira peu à peu. "Oh !". Miss Parker
ne put retenir sa surprise. La tableau était un portrait. Ou
plutôt deux. Il représentait deux petites filles âgées d'une
dizaine d'années. Elles avaient toutes deux les cheveux nattés
et étaient habillées de la même façon, avec une petite robe
blanche et des souliers vernis. Pourtant elles n'étaient pas
jumelles bien que présentant une certaine ressemblance. Mais la
première était rousse et la seconde ressemblait à s'y méprendre
à Mlle Parker enfant...
(Sydnette, sadique a trouvé malin de laisser durer le suspense...)
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