Carnets SL27 Chronologie Épisodes Secrets Refuge
Moment de faiblesse (partie unique)
Auteur : Eléa de Lune
Où le situer : Il se situe après IOTH.
Notes : Notes d'Hélène : "Résumé : une
variante sur ce quaurait pu être laprès Carthis, la
relation Jarod/Parker
Disclaimer : les personnages ne sont pas ma propriété, je
ne touche pas dargent pour ce que je fais, seul votre
plaisir est ma récompense, alors pensez aux feedbacks
merci
" mailto: ln_esmeralda@yahoo.fr "
Note de lauteur : ça peut paraître étrange quaprès
Carthis, Jarod ne se soit pas mis à la recherche de sa famille,
mais cest mon histoire, donc
;o) "
Message personnel de la relectrice : Merci à Eléa de Lune de m'avoir envoyé ce petit trésor original. Tous nous "vivo per ley" mais pas forcément pour la musique justement...
Chapitre 1
Hartford, Connecticut, Nouvelle Angleterre
Jarod profitait dun de ces instants de répit quil
avait, juste avant de voir débarquer la cavalerie, Parker à sa
tête et les gorilles du Centre sous ses ordres. Il sétait
assis sur un banc public, dans un grand parc et observait ceux
qui lentouraient. Se mêler à la foule et ressentir limpression
dêtre comme ceux-là lui plaisait. Sans doute savourait-il
ce plaisir trop longtemps interdit
Il observait les gens. Cette petite femme pressée, ce jeune type
plongé dans un bouquin, ce couple de retraités qui se promenait
heureux, cette mère qui tenait la main de son garçon blondinet,
sa sur les suivant une glace dans la main et plein la
frimousse
Ces gens semblaient heureux
Il aurait donné
énormément pour pouvoir vivre un instant, un court instant, ce
sentiment avec sa famille. Mais à lheure actuelle il ne
pouvait se permettre de faire ce genre de projets.
Jarod se leva et remonta la longue allée de platanes, pour déboucher
sur le centre ville. Il se paya là un beignet à la pomme, puis
longea les vitrines des boutiques
Il arriva devant lune delles, un vendeur de matériel
audio-visuel qui exposait en vitrine différents postes de télévisions
- allumés bien sûr pour attirer le client
Certes, depuis
quil était sorti du Centre il était en retard sur son
temps et avait à découvrir bien des curiosités mais ce quil
observait lintriguait du plus haut point. Il avait beau être
un génie, il narrivait pas à comprendre le principe de lémission
quil regardait. Une jeune adolescente suivait lémission
avec un vif intérêt. Jarod se prit alors à lui demander ce que
cétait
- « Excusez moi
Je voudrais essayer de comprendre le
principe de lémission. On filme ces gens
ces gens
vivent comme vous et moi
mais je ne saisis pas quel est le
but ? que doivent il faire ? »
La jeune fille, qui sétait dabord reculée, méfiante,
regarda Jarod intriguée.
- « Mais vous sortez doù
? de Mars ou
quoi ? cest super connu... ! des personnes sont
enfermées dans un loft ou dans une villa et on les regarde vivre
- Si je comprends bien, ce sont comme ces souris quon
enferme dans des labyrinthes ou des cages expérimentales, puis lon
observe et analyse leurs comportements, leurs réactions
sauf que ce sont des humains
y a-t-il des
expériences
sur eux, des simulations.. ? dit-il lil
sceptique en se retournant vers la fille.
- Hein
? mais doù vous débarquez ? cest
pas compliqué pourtant
! cest de la télé réalité !
ils senferment pendant des mois, ils font leur vie et nous
on les regarde, tu vois... ?
- ... Alors ils ne sont pas enfermés, retenus contre leur gré...
ils sont... consentants... ?
- Ben ouais des tas de gens veulent y participer, eh ! faut
sortir de ton trou mec tu sais... !
-
de la télé réalité, vous dites... ?
- Ouais cest ça ! Bon je vous laisse hein ! »,
et elle séloigna rapidement en jetant des coups dil
fréquents vers la vitrine
Des gens qui se portent volontaires pour vivre des mois sous les
regards de milliers de téléspectateurs, quelle était donc leur
motivation
? il se souvenait de son enfance et dune
grande partie de sa vie, constamment filmée par plusieurs caméras,
sans lui laisser la moindre intimité
et à lextérieur,
des producteurs avaient exploité ce concept
étrange,
vraiment étrange, il en parlerait à Sydney
certaines
choses échappaient à sa logique, des choses qui dépassaient sa
capacité à toujours tout analyser, comme cette envie irrésistible
de rester dans ce quartier alors quil savait pertinemment
que dans une journée, Parker débarquerait avec ses chiens dattaque,
voire quelques dizaines dheures si Broots faisait du bon
travail
Cela faisait bien longtemps quils ne sétaient pas
croisés - en fait depuis la tempête du Diable - et elle commençait
à lui manquer. Il fallait vraiment quil soit tordu pour
penser ça... ! si elle lui tombait dessus, il repartirait
directement pour un long séjour dans le Delaware, dans un sous
sol dont personne ne connaîtrait lexistence au Centre
oui il fallait quil soit tordu... ! pourtant ces
derniers temps il se surprenait souvent à penser à elle
oh ! non, nallez pas chercher ce quil na
pas pensé, il désirait être avec elle, près delle,
juste la voir, sentir sa présence à la fois menaçante et
essentielle pour lui, il pensait quil pourrait la faire
changer davis sur
sur bien des points
il
pensait quelle avait peut être réfléchie depuis Carthis,
et quelle avait un regard nouveau sur le Centre
oui,
il pensait quil pourrait arriver à la convaincre, et
oh ! non il pensait décidément trop ! ... il la
chassa de son esprit et remonta lavenue jusquà limmeuble
vétuste où il avait trouvé une chambre.
*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*
Chapitre 2
Le Centre, Blue Cove, Delaware
Ce bruit, que Broots ne connaissait que trop bien, nétait
guère de bon augure. Il trahissait que Parker nétait pas
dhumeur facile ce matin. Lavait-t-elle été depuis
son retour de lAntre du Diable où nul ne savait ce qui sétait
réellement passé
?
Les hauts talons se firent entendre au bout du couloir, tournèrent
à gauche et entrèrent dans le bureau de linformaticien.
Leur propriétaire nétait pas de bonne humeur se confirma
intérieurement Broots, mais elle nétait pas furieuse, non
ce nétait pas ça. Elle avait lair
lessivée,
épuisée. À létonnement de Broots, elle prit un siège
et prit le temps de sasseoir. Elle poussa un long soupir et
leva les yeux vers celui-ci.
- « Alors, Broots, du nouveau sur J
. sur le Caméléon
?
-
euh
oui, mademoiselle Parker. Jai réussi à décrypter
le message quil avait laissé à Atlanta et je suis
quasiment sûr quil est
quelque part en Nouvelle
Angleterre. Mais
comment vous dire
il y a
euh,
un
problème.
- Quoi... ? » dit-elle sur un ton qui ne lui était
pas propre et qui inquiéta Broots.
- « Cest, euh
votre
enfin, votre frère,
oui
- Lyle... ?! Cela fait une éternité que je ne lai
pas vu
je croyais quil était en voyage en Asie
»
Une grimace de dégoût se dessina sur son visage, elle ne
pourrait jamais y rester indifférente. « Qua-t-il fait
encore... ?
- ...et bien il est revenu il y a deux jours
et il est bien
décidé à trouver Jarod. Et
»
Broots crut bien apercevoir une lueur de fureur traversait les
yeux bleus de Parker à cet instant. Aussi se demanda-t-il si
cette réaction était due à lévocation du nom du génie
ou à lannonce que son jumeau de frère venait se mêler de
ses affaires.
Parker se passa la main sur le visage, et linformaticien
crut quelle allait se sentir mal.
- « Mademoiselle
? vous vous sentez bien
?
vous voulez un verre deau, ou
»
Mais au même instant, Lyle entra dans le bureau en trombe, sans
même frapper, ce qui nétait guère troublant dans les
couloirs du Centre.
- « Alors surette, on se sent mal
? tu
vois, je viens justement te donner un coup de main... ! on
est sur le point de localiser Jarod et je dois y aller
tu
peux rester ici, pour
te reposer, cest vrai que ton
boulot est... épuisant
! dit-il en se mettant à
ricaner, reste ici soeurette, mais jemmène ton
informaticien, il nous sera utile
- Je me sens très bien Lyle... ! mais arrête de mappeler
soeurette
! »
Elle se leva, tremblante et se rapprocha de son frère. Aussi près
que cela était possible. Broots, avait reculé et observait avec
crainte la scène à laquelle il assistait.
- « Premio, il est hors de question que je reste ici, à me
tourner les pouces, pendant que tu traqueras Jarod
J..
Jarod est ma priorité, et cest à moi de men occuper
Secundo, Broots est mon informaticien, et il reste donc ici, avec
moi
Capito
?
- Je vois que tu ne comprends pas, dit-il dun sourire
carnassier, sil nen tenait quà moi, je ne gâcherais
pas ce petit plaisir personnel que tu trouves dans cette
chasse à la souris, mais les ordres viennent den haut. »
Il lui tendit un dossier.
- « Quest-ce que cest que ça
? On
me retire le dossier Caméléon et
on me retire du service
actif
?
- Oui. Provisoirement. Au vu de ton dernier échec sur lIle
des Possédés, la Tour a estimé quil te fallait du
repos. La recherche des Parchemins est mise entre parenthèses,
la priorité absolue est le Caméléon, donc
- Mais je suis la seule à le connaître aussi bien
!
Il va te falloir reprendre toutes les pistes, et
- Faux
! cest là où est toute la subtilité
!!
tu es la seule à être... euh
mise au repos
Broots
et Sydney se retrouvent sous mes ordres, nous avons dailleurs
pratiquement localisé Jarod grâce à Broots
bien je
vais te laisser te reposer surette
nous avons du
travail, nest ce pas Mr Broots... ? »
Il se tourna vers linformaticien alors que celui-ci se
tordait les mains.
- «
oui...Mr. Lyle
»
Broots jeta un il à Parker. Elle avait lair dépassé
par les événements qui venaient de se dérouler dans cet huis
clos. À son grand désespoir, elle nessayait même pas de
se défendre. Elle nallait vraiment pas bien. Où était
passée sa force, sa fermeté, cette froideur qui faisait son
caractère
? Tout avait lentement disparu durant ces
derniers mois
Même Sydney navait pas su que faire face à se laisser-aller
le psychiatre se doutait bien quil avait dû se passer
quelque chose durant cette tempête du Diable, quelque chose qui
lavait changé. Profondément. Mais si elle ny
mettait pas du sien, seul, il ne pouvait rien faire.
Parker, si lasse, avait encaissée la nouvelle sans réagir. Du
moins pas avec la vigueur quelle aurait pu y mettre il y a
quelques mois. Elle était retournée dans son bureau et sétait
effondrée sur le canapé.
Elle était fatiguée. Fatiguée par cette chasse, cette quête
qui ne menait nulle part. Elle navait plus de but dans la
vie
ces derniers temps, elle venait au Centre pour faire
acte de présence, mais en réalité elle navait plus ni lenvie,
ni la force de chercher, ni de traquer Jarod.
Au fond elle savait quil était vivant. Elle ne saurait lexpliquer,
mais elle le savait. Cétait comme ça. Et sil était
vivant, cétait
le principal. Il navait pas
donné de signe de vie mais après tout il navait plus de
compte à lui rendre. Elle avait refusé sa main tendue et son
silence se justifiait.
Des larmes se formèrent et dévalèrent ses pommettes, jusquau
menton. Elle nessaya pas de les sécher. Elle en avait
besoin. De pleurer. De se vider de tout ce quelle avait sur
le cur.
Elle se sentait sale, sale de tout ce quavait été sa vie.
Mensonges, trahisons, assassinats, douleur, froideur. Oui cétait
ça, elle avait froid. Elle retira ses hauts talons et ramena ses
genoux dans ses bras. Elle posa sa tête entre. Là, elle fut
secouer de sanglots quelle ne tenta pas de stopper. Elle se
laissa aller. Elle glissa vers la droite et se trouva allongée,
recroquevillée en position ftale. Sa vie était un désastre.
Son univers était un enfer. Le Centre était lenfer. Et
elle y avait perdu tous ceux quelle avait aimés. Sa mère.
Faith. Thomas. Jarod ? elle avait perdu Jarod aussi
elle stoppa ses sanglots, et essaya de mettre au clair ses pensées.
Oui, elle venait de classe Jarod dans la catégorie personnes
quelle aime
Ce choix la fit sourire. Elle sétait
volontairement aveuglée pour ne pas voir ce qui était le plus
flagrant. Elle se mentait à elle-même depuis si longtemps. A présent
elle était face à cette vérité refoulée, seule. Cest
plutôt le moment présent quelle qualifierait de moment de
faiblesse. Oui, cétait sa faute. A nouveau. Mais avait-elle
la force de prendre ce tournant
? Elle voulait
changer, cétait certain. Elle ne voulait plus se lever le
matin, seule, et se sentir sale et coupable de rester dans cet
endroit quest le Centre, mais en avait-elle la force
?
Ses sanglots reprirent. De plus belle.
*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*
Chapitre 3
Chambre 47, Hartford, Connecticut
Une partie de la chambre était éclairée par le néon dune
enseigne publicitaire fixée sur le bord de la fenêtre. Un
fauteuil retiré dans un coin se trouvait dans la pénombre, et
Jarod y était assis. Il avait renversé sa tête sur le dossier
et semblait regarder les minuscules tâches et trous dont était
fait le plafond. En réalité, il réfléchissait. Il avait
conscience quil réfléchissait beaucoup trop ces temps-ci,
mais il narrivait rien trouver pour sarracher à ces
pensées. Il avait parcouru la ville, avait aidé une famille
pauvre a lutté contre leur propriétaire abusif, mais décidément
Jarod nen tirait pas la satisfaction quil espérait.
Ses exceptionnelles capacités intellectuelles avaient des inconvénients
quil ne pouvait fuir, il savait analyser avec lucidité les
situations, même celles qui le faisaient souffrir.
Pendant ces années, il avait aidé les autres, mis au service
son don, son génie. Mais à travers ce dévouement, il essayait
doublier sa condition à lui. Il avait recherché sa
famille toutes ces années, chaque fois le Centre, len
avait séparé. Le Centre avait toujours fait de sa vie un
.
Non, le Centre avait détruit sa vie. Voilà la vérité.
Fuir, toujours, voilà à quoi se résumait sa vie
Il se
mit à rire, nerveusement. Sil nétait pas de nature
si posée et si raisonnable, il aurait retourné tous les meubles
de la chambre. Il se leva pourtant, traversa la pièce et envoya
un uppercut direct au mur qui sélevait devant lui. Il ne
sentit pas la douleur lélancer. Il empoigna son blouson et
sortit dans la rue, il se mit à courir, ne sachant pas où
aller, confondant les pâtés de maison, accélérant son rythme
à lextrême jusquà ce que ses poumons le brûlent
et lobligent à ralentir.
Sans sen rendre compte il avait tourné en rond et cétait
retrouvé à son point de départ. Il sétait vidé lesprit.
Il monta prendre une douche glaciale, et quand il en sortit il
avait prit sa décision.
*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*
Maison de Parker, Blue Cove, Delaware
Elle avait quitté le Centre en début daprès midi, et sétait
servi du scotch, son fidèle remontant depuis des années. Ce qui
était fatal avec lalcool, cétait quelle ne se
sentait bien que quelques instants et lorsque la chaleur de celui-ci
cessait de couler dans ses veines, elle revenait à la triste réalité.
Elle était prisonnière du Centre. Voilà la réalité. Il avait
à nouveau raison et elle devait y faire face.
Elle sétait endormie en fin daprès midi sur le
canapé, un verre et la bouteille de scotch sur la table basse,
un cadre avec la photo de sa mère lobservant. Pardon Maman
Quand elle émergea de sa léthargie, il faisait nuit et la lune
presque pleine était haute dans le ciel. Elle se souvenait davoir
rêvé. Elle avait entendu la voix de sa mère lui dire de se
ressaisir, de se battre. Ne laisse pas le Centre croire quil
ta abattu. Elle lui disait dêtre forte. Elle était
une Parker après tout. Le tournant. Il était là.
Parker se leva doucement, elle avait un foutu mal de tête. Dans
la salle de bains elle se passa la tête sous leau froide.
Sois forte ma fille, ces mots résonnaient encore dans sa tête.
La voix de sa mère lui martelait les tempes, tu tiens le fil de
ta vie entre tes mains. Quand soudain, elle entendit la sonnerie
du téléphone. Elle resta figée un temps. Qui pouvait lappeler
à cette heure de la nuit
? une erreur de numéro
?
un pervers sexuel
? ou
.
*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*
Chapitre 4
- « Parker
? tu en a mis du temps
je
tai réveillé
?
- J
Jarod
? c
cest toi
?
-
tu attends un autre appel
? » Il
essaya dy mettre une touche dhumour, mais il ne fut
pas convaincu lui-même.
- «
ça me fait plaisir de tentendre
Jarod », avoua Parker. Elle avait mille et une choses
à lui dire et maintenant quelle le tenait, elle ne sut par
où commencer.
- «
moi aussi Parker. Je vais tavouer quelque
chose qui va te mettre en rogne, mais je ne peux pas me retenir
davantage. Jai
jai beaucoup
pensé à toi.
Enfin
cest
oui
tu
tu mas
manqué
» Il lui fallut, pour aligner ces deux
phrases, une force quil navait même pas encore soupçonné.
Jarod retenait sa respiration, attendant une réplique bien
cinglante de la Dragon Lady mais elle ne vint. Dailleurs
aucune réaction du tout ne vint
Il entendit pleurer au bout du fil.
- « Parker
?
- Oh
Jarod
je suis désolée et
je suis rogne
oui
je suis en rogne que tu mentendes dans cet état. Mais
je
je traverse ce quon pourrait appeler un moment de
faiblesse. » Il lentendit étouffait un rire, presque
inaudible. « Oui
Jarod
je crois que je suis en
train de craquer
je nen peux plus
je
»
Il devinait des sanglots lointains. Elle essayait de les retenir.
Il se dit que cétait bon signe. Elle était encore trop fière
pour montrer ses faiblesses.
- Parker
je taurais volontiers offert une épaule,
mais jai peur que tu ne la refuses
et
même
pour toi
je ne veux pas risquer de retourner au Centre
je peux
je veux taider Parker mais tu ne peux pas
continuer à me chasser et à te confier à moi
avoue que
la situation est
étrange
non
?! »
Il se sentait impuissant, aussi loin, mais il voulait la faire
parler. Il fallait quelle parle et quelle ne reste
surtout pas seule dans sa détresse. Il aurait aimer quelle
le remballe, non pas parce quil était tordu quoique
?
- mais parce quelle se révélerait alors sous son vrai
jour.
- « Parker
?
- Je ne suis plus à ta poursuite Jarod
»
Il resta quelques secondes, muet, le temps danalyser cette
précieuse information. Cétait une phrase quil avait
longtemps espéré entendre, mais le contexte lui paraissait
curieux. Lavait-elle décidé delle-même ? Que
sétait-il passé au Centre ? Il sen voulait, il
aurait dû soccuper delle bien plus tôt
- «
alors terminées tes parties de chasse à la
souris
? ça va me manquer tu sais
-
ny vois pas la fin de ta fuite
cest
Lyle qui reprend ton dossier Jarod
et crois moi il ne sera
pas aussi tendre que moi avec toi
!
-
parce que toi tu étais tendre Parker
? »
Il essaya de lancer ses joutes verbales auxquelles il aimait tant
sadonner au beau milieu de la nuit. Mais Parker ne relança
pas la remarque.
Un silence qui parut durer un éternité à Jarod sinstalla.
Cest Parker qui le brisa.
- «
Jarod
tu sais le tournant
ce tournant
je crois quil est temps pour moi de le prendre
Jarod dut lui faire répéter pour être sûr de ne pas avoir rêvé.
Etait-elle sérieuse
?
- Parker
est ce que tu as bu, ou consommer quelque chose dillicite
?
- Jarod
! dit-elle en riant doucement, je suis sobre,
et ce tournant na jamais été aussi clair devant mes yeux
je voulais savoir si
si
enfin
si tu
- Oui Parker
! Oui
je vais te sortir de là
»
*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*
Le Centre, Blue Cove, Delaware
Parker était retournée au Centre pour régler quelques détails.
En réalité, elle cherchait Broots. Cette démarche lui
paraissait étrange, cétait souvent linverse qui se
produisait. Elle était passée à son bureau mais celui-ci était
vide.
Elle arpentait les couloirs à sa recherche, redoutant plus que
tout dy croiser son frère ou encore son
oui, son père.
Au détour dun couloir, à langle du bureau de Lyle,
elle aperçut enfin son informaticien. Il venait vers elle, la tête
plongée dans un dossier plus stressé que jamais.
- « Broots
! »
Le pauvre informaticien sursauta et se retourna pour sassurer
quils étaient seuls.
- « Oh Mademoiselle Parker
! vous ne pouvez pas
savoir comme je regrette lépoque où vous me criez dessus
et me traiter comme un moins que rien
comparé à vous Lyle
est
est un fou furieux
! »
Parker le prit par le bras et lemmena dans un recoin.
- « Broots
je ...je voudrais mexcuser pour
toutes ces années où je vous ai traité de façon plus quodieuse
en y regardant bien vous êtes la seule personne, avec Sydney, au
Centre à avoir été un... ami. Oui cest ça un ami
Alors voilà je voulais vous donner ça
»
Elle sortit de sa veste son Smith & Wesson et lui tendit.
- « Oh mon Dieu ! Quest-ce
oh ! non
je ne peux pas
!
- Broots, je me suis toujours demandé ce qui vous retenez ici,
au Centre. Ce sont vos choix, mais je vous confie cette arme. Je
naurais bientôt plus à men servir et je me suis dis
que vous serez plus en sécurité avec lui dans
dans cet
endroit de fous
- ...Mademoiselle Parker
je laccepte avec honneur...
mais jai peur de ne pas vous avoir compris. Si vous dites
que vous n'en aurez plus besoin, cest que
- Broots, moins vous en saurez mieux ce sera pour vous
»
Elle jeta un il dans le couloir pour sassurer de la
discrétion de leur entretien.
- « Savez vous où je peux trouver Sydney
? lui
demanda t elle.
- Oh ! Il est à Albany , Nicholas se marie. Il était si
heureux daller le retrouver, il aurait voulu que nous laccompagnions,
mais
Mr Lyle a refusé bien sûr
»
Il voyait bien que cela ennuyait Parker. Celle-ci aurait voulu à
lui aussi lui dire quelques mots, le remercier pour tout ce quil
avait fait pour elle
mais elle navait pas le temps.
- « Ce nest pas grave Broots, je suis heureuse pour
son fils
dites lui à son retour que... je le remercie
pour tout
»
Elle lui sourit. Un sourire franc que Broots navait jamais
connu. Elle mit sa main sur son épaule, ce qui le déstabilisa
encore plus.
Puis elle tourna les talons et longea pour la dernière fois, se
dit-elle ces couloirs froids
*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*
Chapitre 5
Aérodrome, Baltimore
Jarod était appuyé contre le mur. Derrière ces lunettes
noires, il observait le manège des avions, se disant quil
serait à son tour dans lun dentre eux en direction
du bonheur avec la seule personne quil avait vraiment aimé.
Il souriait. Bientôt, elle serait là.
Il lui avait donné rendez-vous derrière un hangar blanc pour éviter
les éventuelles questions, ensuite il prendrait un minuscule
avion vers Toronto puis sous de faux passeports, ils senvoleraient
vers le Sud de la France, pays de lamour disait-on. Ils
allaient pouvoir en juger par eux même. Il était satisfait de
son idée, rien ne pourrait les arrêtait. Il avait tellement hâte
de la voir
Il ne tenait plus en place. Il sortit de la
poche intérieure de sa veste en cuir un tube de Pez et prit un
bonbon quil laissa fondre sur sa langue
Il la vit arriver de loin. Elle était en tailleur bien sûr,
avec une chemise de satin bleu quelle portait superbement
et talons hauts. Elle navait pas dérogé à cette règle.
Elle navait quun sac de voyage. Elle a fait des
efforts, jugea-t-il.
Parker aussi lavait repéré de loin. Quoique un homme en
cuir sur un mur blanc ne passait pas inaperçu. Mais lendroit
était désert, ce qui assurait leur sécurité. Il était adossé
contre le mur tout près de la bouteille de gaz, comme prévu.
Quand il la vit, il se redressa.
- « Tu es venue
- Tu doutais de moi
bonjour la confiance Jarod
!
- Je me demandais juste ce qui pouvait bien nous empêcher cette
fois de nous retrouver
mais tu es là cest le
principal
»
Il avait lair dun adolescent, ne sachant trop comment
se comporter, pensa Parker. Il restait à distance mais lenvie
de se rapprocher était palpable. Cette constatation la fit
sourire. Elle mit sa main sur sa hanche et un souffle de vent fit
voler ses cheveux, ne la rendant que plus belle aux yeux de Jarod.
Pourtant elle avait quelques doutes
- « Jarod
tu crois que cest la bonne solution... ?
- Tu en vois dautres Parker
? senfuir est
peut être lâche, mais je préfère passer pour un lâche que de
voir ma vie se détruire et passer à côté du bonheur
- Je sais... je sais que la fuite est le meilleur moyen, mais je
veux dire
tous les deux
senfuir tous les deux
tu ne crois pas quon fait fausse route
?
- Parker... je nai jamais été aussi déterminé de toute
ma vie
je sais que je tiens beaucoup à toi
que le
Centre me traque
à présent la seule façon dêtre
heureux cest dêtre loin du Centre
et avec toi
Maintenant cest à toi, Parker, de prendre ce tournant
.
- .. Jarod
jattire les ennuis, la mort
et si je
suis sûre dune chose à cette heure, cest que je
tiens énormément à toi
et inévitablement ceux que jaime
, »
elle refoula une larme, « ceux que jaime se font
le
Centre les
» puis nessaya plus de les
retenir, « Maman, Faith, Thomas,
Jarod, je ne veux
pas quil tarrive quelque chose tu comprends
? »
Jarod sapprocha, lui prit les mains et les approcha de sa
bouche. Il y déposa un baiser puis leva son visage vers Parker.
- « Il ne marrivera rien. Jai un Ange avec moi
»
Il plongea son regard dans celui de Parker. Sétait-il aperçu
auparavant à quel point ses yeux étaient bleus
?
Elle était si belle
Il approcha doucement ses lèvres vers le front de lAnge
est y déposa à nouveau un baiser. Il prit le menton de Parker,
lui caressa la joue et entreprit de sécher ses larmes. A présent,
ils étaient serrés lun contre lautre le visage à
la même hauteur.
Parker se dit quarrivait là le moment quelle
attendait le plus au monde et qui la rendait également la plus
faible
Ce fameux moment de faiblesse
Soudain, elle entendit une détonation. Elle se retourna,
cherchant doù venait ce bruit. Peut être nétait ce
pas une détonation mais trop de temps passé au Centre lavait
rendue à cran. Elle se retourna vers Jarod.
- « Tu as entendu... ? Quest ce que cétait
? »
Mais Jarod avait porté la main à son torse, quand il la retira,
elle était pleine de sang. Il leva les yeux vers Parker. Celle-ci
ne comprit pas tout de suite. Elle vit le sol tanguait et le
hangar valsait. Ce nétait pas possible, pas lui. Elle était
dans un mauvais rêve et elle allait de réveiller en sueur, oui
ça ne pouvait être que ça, se dit-elle, ça ne devait être
que ça
mais Jarod tomba à genoux, venant saccrocher
au tailleur de Parker. Celle-ci réagit enfin, elle le prit par
les épaules et hurla son nom
Ce nétait pas possible
le génie bascula pourtant à terre. Parker sétait
accroupie près de lui, refusant la vérité... elle criait son
nom et pleurait de rage
Elle retourna Jarod et posa sa tête sur elle.
- « Jarod
ne mabandonne pas
tu nas
pas le droit Jarod
non... !!
- Parker
ne
laisse pas le
le Centre
tabattre
toi aussi
sois forte
mon Ange
»
Cet idiot, à lheure de la mort arrivait encore à lui
donner un sourire
ce sourire qui lavait toujours fait
craquer
- « Oh Jarod ....pardonne moi
sil te plait
Je voulais te dire tellement de chose
- Ce
. Ce nest
pas
ta faute
!
Moi
aussi
Parker
je
je t
»
Sa tête se relâcha et tomba sur le côté. Sa poitrine ne se
souleva plus.
- « Non Jarod... !! Non... !! Jarod... moi aussi
je taime
tu mentends je taime
! »,
prise dun élan de lucidité, elle tenta de le soulever, « je
vais temmener à lhôpital, ils vont te sauver, ne tinquiète
pas
»
Soudain, son frère sortit don ne sait où, suivi par des
nettoyeurs et par Mr Raines. Les nettoyeurs prirent le corps de
Jarod et lemmenèrent vers un hélicoptère qui sétait
posé derrière Parker sans quelle sen aperçoive.
Elle était dans un mauvais rêve. Elle ne pouvait y croire.
Lyle fit signe à ses hommes de main de la lever. Raines et Lyle
se trouvaient face à elle, et elle regretta de ne pas avoir son
Smith & Wesson pour les abattre tous les deux. Raines sadressa
à elle le premier.
- « Nous vous remercions Mademoiselle Parker davoir
permis la neutralisation de ce dangereux individu. Je vous
attends dès demain dans mon bureau
»
Elle allait se réveiller, elle en était sûre.
Lyle lui adressa à son tour la parole.
- « Tu vois Soeurette quavec un peu daide tu as
réussi à neutraliser le Caméléon
- Vous
vous lavez assassiné
? Pourquoi
?
- Nous le voulions en vie au départ, tu as raison, mais la Tour
a jugé quil devenait trop dangereux. Ils ont un autre
projet
le Caméléon, cest dépassé, dit-il dair
faussement attristé. Après ton voyage de Carthis, nous avions
bien compris que dune manière ou dune autre, il tavait
mis de son côté, et que ton manque defficacité nétait
dû quà certains sentiments qui avaient dus se
développer
tu vois ce que je veux dire
en ce qui te concerne tu
devrais savoir quon ne peux pas quitter comme ça le Centre. »
Il illustra ses mots par un claquement de doigts. « On naît
et on meurt au Centre.
- Vous mavez mouchardé
?
- Cest notre boulot soeurette
ta conversation avec le
génie lautre nuit était très
touchante
»
Elle aurait étranglé de ses mains, si Sam ne lui avait pas
demandé de monter aussitôt dans la Lincoln noire qui lattendait.
*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*
Epilogue
Le Centre, Blue Cove, Delaware
Une semaine après
Parker était à son bureau. Après avoir pleuré toutes les
larmes de son corps, elle sétait décidée à revenir dans
ces couloirs glaciaux.
Broots avait été transféré dans un autre service et elle ne
le voyait quau détour dun couloir. Sydney avait
conservé son poste au laboratoire mais été sous contrôle
permanant. La Tour navait aucune confiance en eux, ni en
Broots, ni en Sydney et encore moins en Parker. On avait découvert
que fréquemment ces trois derniers étaient entrés en contact
avec le Caméléon et que jamais ils navaient essayé - réellement
de le ramener.
Parker avait gardé une place au Centre, tout simplement parce quelle
ne devait le quitter quà sa mort.
Parker était assise, et faisait jouer un verre de whisky sur le
bureau. Sydney entra. La mort du Caméléon lavait abattu.
Pas autant que Parker, mais son visage avait les marques de laccablement.
- « Comment vous sentez vous Mademoiselle Parker ?
- Mal », dit-elle sur un ton qui se voulait difficilement
cynique, « il ny a quune seule solution
finalement de quitter le Centre
cest la mort
- Mademoiselle Parker, commença le psychiatre, Jarod a passé sa
vie à sauver des personnes quil ne connaissait pas. Cétait
ce qui faisait son caractère, son altruisme. Il a voulu vous
sauver, vous, à votre tour
Il a essayé
Il a échoué...
mais vous savez mieux que moi combien il tenait à vous
et
croyez moi, je suis certain quil voudrait que vous vous
battiez
»
Parker, ne laisse pas le Centre tabattre toi aussi, sois
forte mon Ange
Elle laissa couler une larme.
Elle but une gorgée de whisky.
- « Je vais mourir Sydney, je vais mourir de chagrin, oui
cest ça
! »,elle vida son verre « hum,
il ne me reste plus quà me noyer dans ce chagrin en
pensant aux rares moments de bonheur passés ensemble, à
regretter ceux que le Centre nous a arraché et à me souvenir du
jeu stupide de
chat et de souris
; oui je vais
me laisser mourir de chagrin, et quand le Centre croira mavoir
abattu à mon tour je frapperai un grand coup et je continuerai
la lutte. » Elle saisit le cadre où la photo de sa mère
était encadrée. « Oui je me battrai Maman, je marcherai
dans tes pas. »
Elle reposa le cadre et se leva. Elle marcha vers la porte et se
retourna vers Sydney toujours assis.
- « Je nai plus rien à perdre. Le Centre ma
tout volé et il vient de marracher la dernière personne
que jaimais. Jarod »
Elle sortit laissant Sydney seul, et partit arpenter ces longs
couloirs froids comme elle lavait toujours fait.
FIN
Fin
For members of The Centre use only