Accueil Onyfanfic Section tP Section Hannibal Section K2000 Divers

=====================================

Section Le Caméléon (The Pretender)

=====================================

Pourquoi tant d'amour pour tout détruire ? (partie unique)

Auteur : Ange Cavalière ( koussix@hotmail.com )

Où le situer : Il se situe n'importe où dans la série

Notes : Note de l'auteur : "Jarod rappelle à Mlle Parker une personne qu'elle a connue et aimée durant son adolescence... C'était une fanfic pour le Challenge n°3 mais a cause de certains problèmes, jen'ai pas pu la poster, désolée

 

Entrée

Pourquoi tant d’amour pour tout détruire ?

Jamais il ne lui avait semblé aussi difficile de mener une personne là où il le désirait. Jarod regarda avec satisfaction la jeune femme monter les quelques marches de l’imposante maison de pierre.

« Mais Mlle Parker n’est pas comme les autres personnes », lui rappela une petite voix.

Il la vit ouvrir brusquement la porte en chêne, et brandir son Smith & Wesson sur le hall, vide. Il se demanda comment elle avait pu pousser aussi facilement la lourde porte d’entrée avec un poignet qu’elle s’était foulé une semaine auparavant.

- Jarod ! Je sais que tu es là ! cria-t-elle alors qu’elle n’avait pour toute réponse qu’un écho de ses propres paroles.

Elle s’aventura dans l’immense bâtisse, observant chaque objet qu’elle pouvait distinguer dans le noir.
Mais avant qu’elle n’ait le temps de se dire qu’il fallait peut-être se méfier de cet endroit, elle entendit un bruit derrière elle et se retrouva totalement dans l’obscurité.
La porte massive s’était refermée. Les coups de poings et les cris de Parker ne changèrent en rien l’opinion du panneau de bois qui décidait de rester résolument clos.

Contrainte de trouver une autre sortie, Parker s’avança prudemment dans le noir le plus complet. Elle sentit une marche qui montait et lorsqu’elle posa un pied sur l’escalier, deux chandeliers à ses côtés s’allumèrent, la faisant sursauter.

« Au moins, je sais où je mets les pieds », songea-t-elle.

Mais elle se sentait observée. Elle leva la tête, devinant d’où on la surveillait sans parvenir à distinguer quoi que ce soit.

Jarod se recula instinctivement. Même si elle ne pouvait le voir, elle l’avait sentit, et c’était déjà trop lui donner d’indices. Il perçut un bruit sec et régulier qui était produit par des talons sur l’escalier de marbre. Il s’éclipsa discrètement dans une autre salle où un sapin attendait d’être décoré.
Le caméléon était parfaitement conscient qu’elle allait entrer d’une seconde à l’autre.
Il compta mentalement :
« Trois…deux…une… »
- Pose cette guirlande doucement et haut les mains !

Il sourit et se tourna vers la panthère qui brandissait son arme dans sa direction.

- Qu’est-ce qui te fait rire, petit Génie ?
- Ca !

Il claqua des doigts et les portes derrière la jeune femme se refermèrent sur eux.

- A quoi tu joues, Jarod ?
- A quoi ? Mais… à quelqu’un qui veut la vérité et qui souhaite lever le voile sur certains mensonges tout en passant le réveillon de Noël avec quelqu’un…
- C’est toujours pareil, Jarod, tu ne pourrais pas changer de disque, de temps en temps ? Tu sais que je ne peux pas te donner les réponses que tu cherches pour la bonne et simple raison que je ne les connais pas ! et si je ne te les donne pas, tu ne m’aides pas non plus ; c’est le serpent qui se mord la queue !
- Ce que je veux, ce soir, tu peux me le donner, je le sais. Et quand bien même, j’ai trouvé quelque chose de très important te concernant toi et une autre personne que tu as connue lors de ton année de seconde…

Parker sentit le sol se dérober sous ses pieds. Cette année, à la même période…

--------------------------------------------------

Il faisait froid. Même sans songer à la température de ce pâle matin d’hiver, tout lui rappelait le Centre, lui rappelait quelqu’un, quelqu’un de si cher à son cœur qu’elle se demandait parfois s’il avait vraiment existé.
Autour d’elle, tout était blanc ou gris, sans la moindre distraction autre que les rires des élèves pensionnaires comme elle mais qui étaient dehors, sous les gros flocons, à faire des batailles, à se courir après, à faire des bonhommes de neiges…
Mais elle, grande adolescente brune venant des Etats-Unis ne pouvait sortir. Double interdiction.
La première étant celle de l’infirmière, ayant décrété qu’à 39° de fièvre, il était hors de question de quitter le lit, la deuxième, non formelle mais largement insinuée, de son père, signifiant clairement qu’elle était au-dessus de ces «autres » et que leur fréquentation ne lui servirait à rien.
Enfouie sous ses couvertures, les yeux fixés sur le dehors, lieu où se trouvait la liberté, Mlle Parker regardait avec envie la neige qui tombait de l’autre côté de la vitre.

- Quand pourrai-je recommencer à vivre ?

Cette phrase à elle-même s’échappa de ses lèvres tremblantes et bleutées dans un souffle à peine audible.
La chaleur qui lui étreignait la tête lui devenait de moins en moins supportable, tout en ressentant un froid glacial des pieds au cou. Elle ferma les yeux pour se plonger dans un rêve fiévreux…

--------------------------------------------------

Qui sont-ils ?

- J’avais juste attrapé une grosse grippe et une rhino-pharyngite ! ! !…, se défendit Parker.
- …Qui ont bien faillit te tuer ! !, rappela Jarod.

Elle soupira de rage et d’impuissance mais ne répondit rien. Personne n’avait compris comment quelque chose d’aussi bénin avait pris de telles proportions…

--------------------------------------------------

La neige avait disparu, laissant place au vide.
Mlle Parker marchait dans le lycée, anormalement désert à cette heure-ci. Quelque chose semblait vouloir lui prendre les entrailles ; tout était trop parfait, trop silencieux…
Un mauvais pressentiment l’assaillit ; elle se mit en quête du moindre petit signe de vie : camarade, humain, plante, araignée, insecte, tout en se dirigeant avec crainte vers la sortie…
Quand elle aperçut les portes en verres qui la libéreraient de cet enfer silencieux, elle commença à courir, son instinct en alerte.

Elle n’était plus qu’à dix mètres quand quelque chose lui sauta dessus, semblant jaillir du plafond. Ecrasée par la chute de ce poids sur ses épaules, affalée sur le sol, elle se débattit furieusement, refusant de se laisser prendre jusqu’à ce qu’elle se rende compte que ce qui l’empêchait de se relever ne bougeait pas.
Les yeux fermés, elle entendit encore de ces choses tomber à ses côtés, dans un son sinistre qui augmentait son mal de tête.
Elle ouvrit brusquement les yeux.
Un hurlement s’échappa de sa gorge quand son regard rencontra celui du proviseur, vide, la moitié du visage explosé, le corps tranché au niveau du bassin, le sang s’écoulant dans un grondement de cascade…

Elle regarda autour d’elle, terrorisée, croulant sous la pluie de cadavres qui lui tombait dessus ou sous les yeux…

--------------------------------------------------


Jarod quitta son appui pour se diriger vers la cheminée, le feu étant la seule source de lumière de la pièce. Il se savait observé et n’ignorait pas que la chasseuse, même si elle avait décidé de faire une pause, au moindre geste suspect, sortirait son arme pour le ramener.
Au bout d’un long silence, il se tourna vers elle, toujours assise sur le sofa, attendant patiemment la suite.

- Je suis allé chez ton père, hier. Enfin… M Parker…

Elle lui jeta un regard noir.

- Dans son coffre, j’ai trouvé des choses très intéressantes…
- Comme…
- Des lettres, des papiers, des rapports…
- JAROD ! ! En quoi ces papiers me concernent ? !

Le Caméléon fit quelques pas et s’arrêta devant le lieu où, encore l’an dernier, trônait un sapin. Il se tourna vers elle.

- Sydney a été appelé, un jour, alors que nous étions dans une simulation. Quand il est revenu, il était perturbé. Je ne savais pas pourquoi mais c’était en rapport avec toi. Te rappelles-tu du mois de décembre 1981 ?
- J’étais en France… mais je n’avais rien de grave, n’est-ce pas ?

Il resta muet quelques instants.

- Tu te rappelles de ce qui s’est passé, comment tu t’en es sortie, ce que tu as ressentit et…
- Jarod, qu’as-tu trouvé sur ces papiers ?

Les yeux bruns restèrent imperturbables.

--------------------------------------------------

Elle parvint à se dégager avec peine de ces corps qui l’étouffaient. Mlle Parker regarda le charnier humain autour d’elle, certains cadavres bougeaient encore, sans qu’elle puisse faire quelque chose d’autre que de hurler et de se mettre à courir.
Elle ne reconnaissait plus son lycée ; les couloirs qu’elle prenait semblaient ne jamais se terminer, tout en étant de véritables expositions de boucheries en tout genre.
Elle se sentait et se savait fiévreuse, trop fiévreuse, mais elle ne pouvait s’arrêter, pas au milieu de ces visages qu’elle connaissait et qui reflétaient une véritable souffrance.
Ses poumons étaient en feu, son cœur semblait vouloir se défaire de sa poitrine, ses sens s’engourdissaient peu à peu et la fatigue de l’épuisement la gagnait…
Deux mains décharnées l’arrêtèrent net dans sa folle course, l’attrapant par les épaules. Elle hurla de plus belle, reconnaissant avec peine l’une de ses professeurs.
La face ravagée, le crâne ouvert, un œil crevé et un lambeau de peau pendant sur le cou, les lèvres qui s’étiraient en un sourire démoniaque semblaient lui dire quelque chose. Mlle Parker tenta, tant bien que mal de la comprendre.
Le visage mutilé en face du sien reflétait une détresse telle que la jeune fille s’arrêta de hurler pour se mettre à pleurer de douleur et à frapper la pauvre créature décharnée qui la retenait. Cette dernière ne tenta même pas d’esquiver ses coups ; elle lui prit le visage avec douceur…

Un tel être la touchait avec tendresse ?

Elle ne comprenait plus rien.

Un bruit… un murmure, plutôt…

- Madame ? …, sanglota-t-elle.

Le visage hocha la tête…

--------------------------------------------------

Ame à aider

- J’avais des hallucinations dues à la fièvre. Voilà, j’ai répondu à ta question, à toi de répondre à la mienne.

Au lieu de cela, Jarod tenta un autre terrain qu’il savait dangereux, susceptible de la faire enrager, mais il voulait savoir…

- Tu avais un lien très particulier avec une de tes professeurs, cette année-là, n’est-ce pas ?

La jeune femme scruta son visage, cherchant une fois de plus le piège qui n’existait pas.
Jarod reprit :

- Une prof de Français, il me semble, matière où tu as toujours excellé, si je me souviens bien ?

Parker ne dit rien mais se demanda comment il avait bien pu savoir autant de chose sur elle, surtout qu’à cette période, elle n’avait presque pas de contact avec le Centre, du moins, le pensait-elle.

--------------------------------------------------

L’adolescente ferma ses yeux d’un bleu pénétrant, refusant de voir à quel point la femme qu’elle connaissait si bien était meurtrie.

- Mlle Parker, c’est moi… tu vas bien… tout va bien aller, à présent…

Elle se laissa guider par la voix calme et prévenante qui lui était familière.

- C’est bientôt fini…

Elle rouvrit les yeux et, lentement, les blessures de la jeune femme semblèrent se refermer, les traits harmonieux de ce visage réapparurent, comme dans un miracle…
Quand il fut revenu comme avant, Mlle Parker regarda autour d’elle.
Les cadavres avaient disparus, à leur place, les autres élèves la regardaient, inquiets, apeurés…

--------------------------------------------------

- J’ai détesté voir leurs yeux braqués sur moi ; ils m’ont tous pris pour une folle…
- Et c’est le début de ton changement de personnalité, murmura Jarod.

Mlle Parker lui lança un regard d’aigle furieux. « Non, mais, de quoi se mêle-t-il ? »

- Ce ne sont pas tes affaires. Et ce n’est pas ma personnalité qui a changée, mais moi qui ait grandi.

Le Caméléon sourit un instant.

- Que s’est-il passé ensuite ?
- En quoi cela t’intéresse-t-il autant ?
- Tu ne savais pas, mais tu étais tout le temps observée ; les établissements dans lesquels tu étais envoyée n’étaient pas choisis au hasard, il y avait toujours un agent du Centre qui t’observais…sauf…
- Sauf ? …
- …quand Elle était avec toi.

Mlle Parker resta pensive un instant avant de reprendre.

--------------------------------------------------

La jeune femme lui caressa la joue avant de la serrer avec douceur contre elle. Quand bien même Mlle Parker était une adolescente solitaire de 15 ans, Mme TEBREP n’ignorait pas qu’elle était en manque d’amour.

- C’est fini, Mlle Parker, ce n’est rien…

Tellement choquée par cette attitude maternelle, Mlle Parker se laissa faire et déversa tout ce qu’elle renfermait sur son professeur…

--------------------------------------------------

Jarod la regardait. Il savait qu’à présent, il était arrivé à un tel niveau de confidence qu’il ne pouvait plus faire demi-tour et nier ce qu’il avait découvert.

- C’est l’une des seules personnes en qui j’ai eu une confiance aveugle après… la mort de maman…

Elle esquissa un bref sourire et essuya rapidement une larme qui menaçait de s’échapper de ses yeux.

- Pourquoi est-elle partie, Jarod ?

Elle leva vers lui des yeux implorants, tels qu’il n’aurait jamais cru voir. Il lui rendit un regard triste, indécis, ce qui ne fit rien pour soulager le malaise qui s’emparait peu à peu de Parker.
Mais maintenant, en ce jour, elle souhaitait que quelqu’un sache, que quelqu’un l’aide à se rappeler cette personne si simple et si passagère dans sa vie de gamine solitaire.

--------------------------------------------------

Cadeaux de Noël

C’était le matin de Noël. Comme à son habitude depuis deux semaines, la jeune fille se réveilla dans des draps blancs, entre des murs blancs, dans un décor blanc et un silence moins coloré encore.
L’espèce de petit sapin de Noël en plastique que l’infirmière lui avait laissé semblait la narguer, vouloir lui rappeler que, malade, elle ne pouvait quitter son lit.
Un sanglot remonta dans sa gorge.
Tous étaient partis passer les fêtes en famille, sauf quelques rares personnes sensées prendre soin d’elle.
Pas de cadeau, cette année non plus.

- Papa…

Son appel au secours mourut dans un murmure, sachant pertinemment qu’il ne pouvait l’entendre.
La porte de l’infirmerie s’ouvrit. Elle ne tourna même pas la tête pour voir qui était entré.

- J’ai déjà pris mes médicaments, madame, soupira Mlle Parker.
- Mais tu n’as pas encore ouvert tes cadeaux…

Surprise, la malade sursauta et regarda, ébahie, la personne qui se tenait dans l’encadrement de la porte.

- Madame ? …
- Joyeux Noël ! !
- Vous n’êtes pas…avec votre famille ?

Le professeur de Français sourit et s’avança vers elle, un, gros paquet cadeau dans les bras.

- Avec mon mari, nous avons décidé de fêter Noël avec un jour d’avance pour que toi, tu ne le passes pas seule… il te souhaite aussi un joyeux Noël !

Mlle Parker ne trouva rien à dire pour remercier la jeune femme, hormis les larmes de joie qui coulaient de ses yeux aussi scintillans que le plus pur des diamants.

--------------------------------------------------

- On a passé la journée ensemble, à parler surtout… Je voulais tout savoir d’elle et elle de moi…

« C’est la première personne en dehors de moi et de ta mère à qui tu as pu tout dévoiler sans rien vouloir cacher, n’est-ce pas ? » pensa Jarod.

Elle le regarda dans les yeux, et hocha la tête, comme si elle avait pu lire dans ses pensées.

- Si tu es venu me la rappeler, Jarod, c’est parce que tu as quelque chose qui la concerne, je me trompe ?

Pour toute réponse, le Caméléon resta mystérieux.

- J’espère que tu te rends compte à présent que, même si une personne n’a aucun lien, aucune obligation, cela ne l’empêche pas de donner de l’amour gratuitement, au contraire…

La voix de Parker se fit dure.

- Qu’est-ce que tu veux dire ? Tu ne me recruteras pas pour une de tes associations d’aide aux opprimés ! !…
- Ce n’était pas mon intention, du moins, pas encore.

D’un coup, elle se calma, sans raison apparente. Elle n’était plus tout à fait certaine de qui voulait quoi ni de ce qu’elle espérait qu‘il lui apprendrait.

- Pourquoi me faire remonter le passé, Jarod ?

Toujours aussi mystérieux sur les raisons de sa visite impromptue, le jeune homme sortit une petite boîte à bijoux de sa poche. Il s’avança vers la femme en face de lui et l’ouvrit sous ses yeux interrogateurs. Elle eut un hoquet de surprise et de ses deux cristaux semblèrent couler deux rivières de glace quand elle reconnut le bijoux au pendentif si finement taillé.

--------------------------------------------------

Elles riaient tant et si bien, qu’on les aurait volontiers prises pour deux amies, deux sœurs, une mère et sa fille…
Mme Tebrep tendit un chocolat que Mlle Parker prit avec étonnement. Avec un regard complice, la jeune femme lui murmura :

- Ne dis rien à l’infirmière, sinon, je vais encore me faire gronder ; déjà que je n’étais pas autorisée à te voir…

La journée touchait déjà à sa fin, journée où elles s’étaient amusées comme des folles, tout en restant dans la chambre de l’infirmerie. Ces bons moments s’étaient écoulés trop vite au goût de l’adolescente mais ils n’étaient pas encore finis ; Mme Tebrep lui tendit le paquet cadeau qu’elle prit, tremblante d’émotion.

- Ouvre-le…

Quand elle défit l’emballage et ouvrit le carton, son visage déjà joyeux, s’illumina d’avantage à la vue de la peluche qui venait de lui être offerte.

- Je n’étais pas sûre que ça te plairait, alors j’y ai joint autre chose, avoua la jeune femme.

C’était exact : deux livres attendaient encore dans le carton. Un roman de Victor Hugo "Notre-Dame de Paris" ainsi qu’un ouvrage où se mêlaient photos des merveilles de la Terre et commentaires sur les lieux les plus incroyables du globe.
Cette vague de surprise et de joie pure passée, Mme Tebrep eut un regard un peu triste, sans toutefois se défaire de son sourire.

- Je vais devoir repartir, Mlle Parker, je n’ai pas le droit de rester.
- Je sais. Merci encore mille fois…

La jeune femme posa un dernier baiser sur le front de l’adolescente avant de se lever du lit où elles étaient assises et de se diriger vers la porte.

- Attendez !
- Tu veux quelque chose ?

Mlle Parker fouilla dans sa valise que l’infirmière lui avait apportée, et en sortit quelque chose qu’elle garda dissimulé dans sa main. Elle s’avança, un peu chancelante, n’étant pas encore guérie.

- Mon cadeau de Noël pour vous…
-
Elle ouvrit ses doigts et Mme Tebrep saisit doucement le collier d’or et d’argent.

- Il a appartenu à ma mère, prenez-en soin…

Soudainement devenue muette, la jeune femme la serra une dernière fois dans ses bras avant de disparaître derrière la porte, les larmes aux yeux.

--------------------------------------------------

- J’aurai dû me douter qu’elle ne le garderait pas, dit amèrement Parker avec déception dans la voix. Je …je ne sais pas ce qui m’a prit quand je le lui ai…
- Tu avais besoin d’une famille et elle était la seule qui semblait convenir au rôle qu’aurait eu ta mère si elle en avait eu le loisir. Et Mme Tebrep l’a très bien compris.

Parker se détendit un peu. Mais des questions sans réponse revenaient sans cesse la hanter. Elle baissa les yeux.

- Comment se fait-il que tu saches autant de choses sur elle ?

La voix hésitante de Jarod brisa un silence qui menaçait de s’installer.

- C’est…c ’est elle qui m’a tout raconté… à quel point vous étiez amies, toutes les deux…

Il s’arrêta, voyant la stupéfaction sur le visage de la belle. Il se demanda un instant si elle n’allait pas finalement sortir son 9 mm ne serait-ce que pour qu’il lui dise tout tout de suite avant d le ramener en enfer. Mais une partie de lui savait, sentait qu’elle n’en ferait rien.

- Tu l’as… connue…
- Oui. Grâce à toi. Raines s’était arrangé pour que je l’oublie, mais quand j’ai trouvé ce collier, elle …s’est imposée à moi…avec une force, comme si elle était désormais marquée au fer rouge dans mon esprit…
- Pourquoi «grâce» à moi ?
- Parce que c’est toi qui lui as parlé de moi. Elle m’a dit que souvent, tu allais la voir, pour discuter de ton passé…

--------------------------------------------------

Visite inattendue

Le jeune garçon finissait un assemblage électronique quasi infaillible pour le nouveau système de sécurité du Centre et allait commencer une partie d’échec contre lui-même quand il entendit une porte que l’on ouvrait doucement.
Jarod leva la tête et regarda sur sa droite. Il ne vit rien dans l’ombre, mais il sentait qu’il y avait quelqu’un. Quelqu’un qu’il ne connaissait pas encore et qui n’était pas sensée être ici.
L’ombre s’avança vers lui. Contrairement aux autres, celle-ci ne l’effrayait pas, à l’instar de celle de Mlle Parker. Il savait, sans même pouvoir distinguer autre chose que de vagues contours de sa silhouette, qu’il pouvait lui faire confiance.
Il la regarda s’avancer avec hésitation dans la lumière.

- Qui êtes-vous ?

Cette phrase avait jaillit de ses lèvres sans qu’il s’en rende compte, subjuguée par la personne qui se tenait devant lui.

--------------------------------------------------

- Crois-moi, Parker, tu as eu raison de lui faire confiance.
- Alors pourquoi n’est-elle pas revenue de ce stupide voyage ? Je l’ai attendue et rien ! pas une lettre !

Jarod la sentait prête à bondir, toutes griffes dehors, juste histoire de passer sa fureur sur quelque chose. Lui, en l’occurrence.
Prenant les devants, il se leva et s’assit en face d’elle, sur un angle de la table basse. En guise d’assurance-vie, il lui prit les poignets avec fermeté.
Un éclair de surprise et de fureur passa dans les yeux bleus de la jeune femme avant d’être remplacé par de l’appréhension. Jarod fit une erreur ; en plus d’oser un contact direct avec elle, il croisa son regard d’une intensité peu commune. Son esprit s’embrouilla, ses sens ne lui obéissaient plus… Il sentait son parfum envoûtant, il entendait sa respiration plus saccadée si infime le changement de rythme soit-il, il la dévorait du regard… Il relâcha la pression sur ses mains pour savourer la douceur de sa peau… Il imaginait sans peine le goût sucré de ses lèvres…
Il se savait sous l’emprise du charme de la belle…

Une partie de son cerveau se réveilla soudain. « Il faut que je finisse de lui raconter…Il le faut…elle doit savoir… »

- C’est elle qui est venue me voir.

Perdue dans un autre monde de songes, Parker sursauta quand elle l’entendit.

- De quoi ?
- Elle t’avait dit qu’elle partait en voyage ; en réalité, elle était venue me voir…

--------------------------------------------------

La jeune femme s’avança vers lui, inquiète par ce qui les entourait mais souriante.

- Bonjour…tu es Jarod, n’est-ce pas ?

Il hocha la tête avant de la considérer avec plus d’étonnement encore.
La personne qui se tenait devant lui était grande, mince, des cheveux châtain-blond qui tombaient sur ses épaules éclairaient un visage dont la joie ne semblait pas vouloir quitter les traits. Les yeux bruns brillaient d’une grande force, illustrant son âme dans toute sa splendeur, ses minces lèvres affichaient un sourire à nul autre pareil, immortel. Tout dans sa prestance, ses gestes, son visage, ses expressions, tout n’était que douceur sans cacher une certaine fougue si le besoin s’en faisait sentir.

- Je suis Mme Tebrep, un professeur de Mlle Parker…

Mlle Parker…enfin des nouvelles…

--------------------------------------------------

- Elle…est venue au Centre ? demanda une Mlle Parker abasourdie.
- Oui. Quand je l’ai vue, j’ai su pourquoi elle seule t’avais « approchée » sans se faire mordre.

Parker ferma les yeux un bref instant avant de sourire, les larmes aux yeux.

- Elle était exceptionnelle…

Il approuva.

- Qui était au courant de cette visite ?

Le sourire du Caméléon s’effaça et il poussa un long soupir.

- Trop…

L’expression de joie de la jeune femme se brisa. Elle redoutait la suite. Mais elle voulait savoir, après toutes ces années, elle voulait connaître la raison de ce non-retour, même si elle se doutait d’un destin aussi tragique que celui de sa mère.

- Qui ?
- Raines…

Parker baissa à nouveau la tête. Quand elle la redressa, les larmes qu’elles ne souhaitait pas dissimuler ruisselaient sur ses joues.

- Comment ?

--------------------------------------------------

- Comment va Mlle Parker ? lui demanda-t-il.
- Elle était malade, mais elle va mieux. Elle m’a beaucoup parlé de toi.

La voix douce semblait chanter une mélodie et il eut soudain envie de se précipiter vers cette personne qui semblait trop humaine pour exister.

- Elle est heureuse ? s’entendit-il lui demander.
- Tu lui manques énormément.
- Où est-elle ?
- Dans un lycée, en France. Dis-moi, Jarod, aimerais-tu, toi aussi y aller ?
- En France ? avec elle ? c’est possible ?

La jeune femme sourit.

- Pourquoi ne le serait-ce pas ?
- Je n’ai pas le droit de sortir d’ici ; je dois faire les simulations pour sauver le monde !…
- Des simulations ? qu’est-ce que c’est ?

Le jeune homme n’eut pas le temps de répondre que la porte s’ouvrit brusquement, laissant passer la silhouette d’un homme furieux. Il resta dans l’ombre, laissant juste dépasser une main avec un revolver à la lumière des projecteurs.

--------------------------------------------------

- Où ce fumier l’a-t-il tuée ? cria-t-elle.

Jarod songea brusquement à un jeu qu’il connaissait bien pour l’avoir découvert la veille, un jeu d’enquête dans lequel un meurtre avait été commis et où les enquêteurs devaient trouver qui, où et avec quoi. Quand sa fureur, et sa détresse seraient passées, il devrait lui parler du Cluedo.

--------------------------------------------------

- Qui êtes-vous ? grinça une voix déraillée à force de cigarettes. Il ne me semble pas vous connaître ni avoir reçu une quelconque information concernant une visite à Jarod.
- Parce que pour lui rendre visite, il me fallait passer par la « haute hiérarchie » ? répliqua-t-elle.
- Vous ne savez rien de cet endroit, madame. Et je vous prierai de sortir immédiatement. En cas de refus, je me verrai dans l’obligation de me servir de mon arme.

Instinctivement, Jarod recula vers le fond de la pièce, mais la jeune femme se plaça devant lui, de manière à montrer qu’elle souhaitait le protéger.

- Dans tous les cas, vous ne me laisserez pas sortir vivante de sous-sol qui se trouve être quand même le 23 ème sous la terre et dont les miasmes infâmes et putrides se répandent dans tout le bâtiment !…

La douce apparition de quelques instants plus tôt s’était métamorphosée en louve redoutable, s’apprêtant à sortir ses crocs et ses griffes afin de le défendre.

--------------------------------------------------

Nouveau deuil à faire

- Elle est…morte en essayant de te sauver ?
- Et de te libérer toi, de tes tourments. Elle t’a aimée presque comme sa fille…

Pendant tout ce temps, sans s’en rendre compte, il avait gardé ses mains dans les siennes. Un geste anodin, qu’il n’aurait pourtant jamais espéré faire avec elle.

- Elle a tout fait pour me sortir de cet enfer… Je ne sais plus comment, mais on a réussi à sortir du labo. On a couru mais Raines avait déjà donné l’alerte…
- Ils gagnaient du terrain…
- Non. Mais ils n’en perdaient pas non plus. On aurait pu y arriver, peut-être, si un nettoyeur n’avait pas brutalisé des jumelles parce qu’elles étaient au milieu du chemin. Mme Tebrep m’a ordonné de continuer droit devant moi avant qu’elle ne se retourne pour défendre les jeunes femmes…
- Et elle s’est faite tuée…
- Pas tout de suite…

Jarod devint beaucoup plus hésitant. Là commençait le souvenir d’un spectacle abominable de torture de la jeune femme.

- Elle…elle a longtemps résisté…

Parker leva brusquement la tête.

- Tu veux dire…que ce fils de chien l’a…torturée…

Jarod hocha presque honteusement la tête.

- Et ces jumelles, qui étaient-elles ?
- D’anciennes expériences de Jacob, le frère de Sydney.
- … Milly et Billy…
- Tu les connais ?

Mlle Parker se rappela de la convention des jumeaux où elle avait accompagné le psychiatre.
Elle avait rencontré deux jumelles qui avaient pris Sydney pour son frère jumeau, Jacob, décédé bien des années auparavant.

- Que lui est-il arrivé, ensuite ?

Un silence suivit la question de Mlle Parker. Silence durant lequel Jarod se contenta de regarder fixement les mains pâles et tremblantes qu’il serrait dans les siennes.

- Réponds-moi, Jarod…

Le Caméléon se demanda comment, en une soirée, elle avait pu exprimer sans les cacher, la souffrance, la tristesse et les souvenirs douloureux.

- Elle leur a échappé après des électro-chocs mais avant qu’elle ait pu arriver au grand escalier, Raines l’a…
- …abattue…, acheva Mlle Parker dans un sanglot.

Jarod porta doucement les mains glaciales de la jeune femme à ses lèvres et les effleura à peine.

- Quand elle courait, elle avait toujours ce collier et quand ils l’ont « ramassée », elle tenait l’ange dans sa main…

Elle éclata brusquement en sanglots. Jarod s’assit à côté d’elle sur le sofa et la prit dans ses bras, s’efforçant de ne pas faire d’avantage que ce qu’était sensé faire un « ami ». Mais il ne pouvait s’empêcher de répandre des baisers sur ses joues, goûtant à ces perles salées, même si elle répondait pas à sa demande, elle ne le repoussait pas non plus…

--------------------------------------------------

Quand, aux alentours de quatre heures du matin, elle fut endormie, Jarod se défit doucement de l’étreinte pourtant si douce et si convoité de Mlle Parker et lui mit une couverture.
Il se pencha sur elle et, déposant un baiser léger mais éternel sur se lèvres, murmura :

- Désolé de t’avoir fait revivre tout ça, tu as bien trop souffert déjà, mais il fallait que tu le sache avant…

Il laissa la fin de sa phrase en suspens.
Il se redressa, et, avant de quitter la demeure, laissa le dossier « E. T. » sur le buffet.

- Au revoir, mon amour, joyeux Noël et fais de beaux rêves…

 

Fin

 

Pour m'envoyer vos fanfics (tous formats compatibles avec les logiciels courants de Windows - même Xp, pas de pb), écrivez-moi : delphinevb@chez.com . En général, je m'efforce de lire très vite les textes qu'on m'envoie, même si je ne les publie pas aussitôt (cause forfait, et puis travail aussi ;-) ...), afin de proposer un petit commentaire (un auteur attend généralement des feedbacks, j'en sais qqch...).

Sydnette la Psy Caméléonne.

 

© Onyssius, 2003, in Le Monde d'Ondinaphaë.

Site référencé :

sur : Annuaire ftpk.net, sur : , sur :Visitez SeriesQuest le Portail de 
toutes les series , sur : Annuaire de plus de 1500 sites sur les séries TV ! ,

sur : Votez pour ce site au Weborama