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Section K2000 : l'Antre de Garthe Knight

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Panique au FLIC
ou Gartte Night

 

Auteur : Delphinevb, avec les personnages et idées de Manuvb, illustrations de Delphinevb

Date du fanfiction : Aucune idée, relu et archivé ici (ce "ici" signifiait "sur le site sur K2000") en février 2003 (en réalité déplacé en octobre 2003...).

Où le situer : Où ça vous chante dans K2000. Logiquement il ne se situe pas puisque je ne tiens pas compte de la série... Dans les aventures de Fantimius, c'est le volume 2.

 

Personnages du présent volume :

Michaël Shuterland (créé par Manuvb, arrangé par Equipe Onyssius)

Né le 19 août 1986
Véritable identité de Fantimius. Il a monté un groupe de justiciers. Aime l'informatique, l'électronique... A ses propres entreprises. Est très riche. Déteste : Kathleen Knight, qu'on lui tienne tête.

Mélanie Depot (créée par Manuvb, arrangée par Equipe Onyssius)

Née le 14 avril 1986
Très bonne copine de Mickaël. Aime la mode, les fringues et le maquillage. Peut passer des heures dans sa salle de bains ou devant un miroir.

Romain Poireau (créé par Manuvb, arrangé par Equipe Onyssius)

Né le 11 mai 1986
Spécialiste des farces et attrapes. Très très agité. Adore Claudia Chiffon, les films avec Schwarzinugger, les glaces et les bonbons. Déteste l'école. A toujours avec lui des gadgets et surtout son frigo portatif.

Valérie Morgan (créée par Delphinevb, arrangée par Equipe Onyssius)

Née le 22 février 1986
La petite copine de Romain. Aime le sport, la musique, la télé et Rock Tétine. Déteste Claudia Chiffon. A comme manies de se coiffer avec deux petits chignons et de mettre des claques à Romain.

Fantômeland (créé par Manuvb, arrangée par Equipe Onyssius)

La voiture du groupe. C'est une Pontiac Trans Am noire et un ordinateur ultra perfectionné comme Kitt mais ses ressources sont moindres que Kitt. Possède de nombreux gadgets.

François Ricard (créé par Manuvb et Delphinevb)

Né le 15 mai 1965
M. Ricard est le prof principal du petit groupe chaque année. Il enseigne l'histoire et la géographie. Sa caractéristique principale est d'être malchanceux à l'extrême. Adore l'Egypte, et faire du vélo.

April Curtisse (créée par Glen A. Larson, arrangée par l'Equipe Onyssius)

Née le 22 novembre 1968
C'est la mécanicienne du FLIC.

Gartte Night (créé par Glen A. Larson, arrangé par l'Equipe Onyssius)

Née le 14 août 1966
L'homme contre qui Fantimius se bat. Fils de Wilton Night et d'Elizabeth, il veut se venger de la bande de Fantimius et de son "demi-frère" Michael Night. A une demi-soeur, Kathleen, et un fils, Eric.

Kathleen Night (créée par Delphinevb - en constante évolution puisque c'est une sorte de double)

Née le 14 août 1979
Demi-soeur de Gartte. A des idées pacifiques. On dit que c'est la femme la plus riche du monde (mais c'est un mythe). Diplômée dans de nombreux domaines, elle est à l'université de Berkeley en Californie. Elle aide Fantimius.

 

 

CHAPITRE I

Retour à la maison...

 

Il faisait plein soleil, comme habituellement en Californie. Au bord du désert Mojave, la propriété Night, luxueuse et verdoyante. Une jeune femme blonde s’occupait d’un petit bout de chou blond qui devait avoir environ trois ans :
« Allez, donne la baballe à Tata Kathleen, s’il te plaît.
- Ze veux pas !
- Tu ne veux plus jouer, alors ?
- Si, ze veux. C’est ma baballe. Veux plus zouer baballe. Ze veux aller nazer.
- Tu veux nager ? Bon, on ira dans la piscine après. Mais là, tu viens de manger. On joue encore un peu à la balle, d’accord ? »
Elle se pencha, reprit la balle et s’apprêtait à la relancer, quand une ombre se dessina devant elle. Une main fut baissée et caressa la tête de l’enfant, tandis qu’une voix grave prononçait ces mots :
« Un jour, Éric, tu prendras ma place. Tu seras le maître du monde !
- Gartte, que fais-tu ici ? balbutia la dénommée Kathleen.
- C’est ma mère...
- Hum, j’espérais des explications plus détaillées... Non seulement Elizabeth a tué mes parents, notre père...
- Il l’a bien cherché !
- Gartte, tes propos sont horribles. Est-ce que tu te rends compte de ce que tu viens de dire ?
- Oui ! Et je sais très bien pourquoi je dis ça !
- Ne revenons pas là-dessus. Je sais, tu ne veux pas admettre que tu méritais de faire ces quelques années de prison.
- En tout cas pas dans les conditions atroces dans lesquelles j’ai vécues ! Les rats d’Afrique sont voraces et il fait un peu chaud, figure-toi !
- Je... je suis désolée... Je n’ai jamais vu cet endroit... C’était sûrement poussé, en effet. Mais je te parlais de papa. Comment oses-tu souhaiter la mort de ta famille ?
- Que de lui. Toi, tu ne me gênes pas.
- Papa ne cherchait qu’à faire le bien.
- Ma mère et moi, on préfère le mal.
- Eh bien, tu as changé en trois ans ! Où sont passés tes rêves de gosse ?
- Je suis grand.
- C’est toujours valable quand il s’agit de toute une vie en jeu. Tes rêves si tranquilles ? Une famille ? Une femme ? Des amis ?
- Le monde ne me les a pas apportés. J’ai une famille. Elle me suffit. Pas besoin d’une femme de ménage et d’une bande de fourmis autour de moi.
- Oh, tu as une vision des choses assez particulière... Tous les gens ne sont pas mesquins et infects, tu sais ?
- A part ma famille, je n’en vois pas.
- Hum... Comme tu peux le voir, tu n’es pas le seul à avoir changé. Le petit bout aussi.
- Maman, maman, appela ce dernier, qui c’est le monsieur ?
- Ne m’appelle pas maman. Je t’ai dis de m’appeler Tata. Ce monsieur, comme tu dis, c’est ton papa.
- Oh ! Dis, Monsieur Papa, où qu’elle est ma maman ?
- Éric, n’ennuie pas ton père, ordonna Kathleen.
- C’est pas le docteur, lui ! Tu as dis que je devais pas embêter le docteur, ni le facteur, ni l’autre monsieur Ton Ami. T’as rien dis sur mon papa. Hein, papa, où est ma maman ?
- Tu ne lui as pas dit ? demanda Gartte à sa demi-soeur.
- Je lui ai dit la vérité. Que je n’en savais rien.
- Eh bien, elle est partie, Éric.
- Partie où ? Dans le ciel, comme un tas de monde ? Avec mon papi ?
- Non, elle voyage tout le temps. En France.
- C’est pas vrai, je suis sûr. Pour mon papi non plus mais je fais semblant.
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Tata Kathleen elle parlait avec monsieur Son Ami. Ian je crois, et elle disait que papi il était assaisonné.
- Assassiné, tu veux dire ?
- Oui. Qu’il avait été assaisonné par une madame que je sais plus son nom. Alors ? Tu vois qu’on me raconte plein d’histoires. C’est comme pour les bébés. On m’a dit qu’on les trouvait dans les choux. J’ai bien regardé, c’est même pas vrai. Et, à l’école, c’était ma première année et j’ai pas beaucoup de copains mais il y en a qui ont dit que c’était pas dans les choux, mais dans les roses. Alors que dans les roses y’a rien non plus. C’est tout rien que des bêtises. Si les bébés, ils étaient dans les légumes, alors à quoi elles serviraient les mamans ? Juste à jouer à la balle ou à faire à manger ? Tata Kathleen elle veut pas me dire.
- Je t’expliquerai plus tard, ne t’inquiète pas.
- Plus tard quand ? Et maman ? Tu le sais, papa, où elle est et qu’est-ce qu’elle fait ?
- Elle me laisse ta garde. Nous ne sommes pas mariés.
- Mariés ? Ah, encore ce mot qui m’énerve. Ils faudrait qu’on m’explique. C’est quand un papa et une maman habitent ensemble ?
- Un peu plus que ça.
- D’accord. Et pourquoi tu as ma garde ? Ca veut dire quoi, ce truc-là ?
- Ca veut dire que ce n’est pas ta maman qui s’occupe de toi, mais moi, ou quelqu’un que j’ai été forcé de désigner, dans ton cas.
- Le quelqu’un, c’est Tata ?
- Oui.
- Oh, j’ai tout compris, alors ! Bon, ben, je vais aller jouer dans la piscine.
- Je t’ai dis d’attend..., dit Kathleen sans réussir à se faire obéir. Dis, Gartte, sa mère l’a laissé ?
- Elle m’a plaqué et s’est barrée à Paris. Elle ne veut pas du petit et a bien laissé entendre qu'elle ne reviendra plus. Tu t’occupes bien d’Éric, on dirait ?
- Mes instincts maternels, sans doute... Il est adorable. Sauf quand il mange, il ne veut rien avaler. Je dois ruser car il est très têtu. Il a de qui tenir... Et il pose beaucoup trop de questions, aussi... En parlant de questions, tu ne m’as pas répondu tout à l’heure. Pourquoi es-tu là ?
- Pour rendre visite à ma soeur et à mon fils que je n’ai pas vu depuis trois ans. Cela me paraissait évident.
- Te connaissant, tu as sûrement autre chose en tête qu’une simple visite...
- Ceci est une autre affaire. Je tiens à découvrir d’abord tout ce qu’il s’est passé en mon absence.
- Eh bien, tu vas être choqué, alors. Je croyais que tu avais été prévenu de certaines, heu, disons nouveautés...
- De quoi ? Avant la mort de papa ?
- Oui. Avant de mourir, il a agrandi la Fondation. Il a terminé sa voiture-miracle, et a accueilli un membre de plus.
- Oh. En quoi cela me concerne-t-il ? La Fondation, je m’en fiche. Des horreurs, mais je ne peux rien y faire.
- Cela nous concerne. Ce nouveau membre, c’est... notre demi-frère... »

 

 

CHAPITRE II

Après trois ans d'absence...

 

Gartte resta interloqué.
« Notre demi-frère ? D’où sort-il, celui-là ?
- En fait, il n’a rien à voir avec nous. C’est un homme qui a eu un accident mortel dans son boulot et la Fondation l’a sauvé. Il s’appelait autrement, avant. Maintenant, c’est Mickaël Night, soi-disant le deuxième fils de papa.
- Il porte donc le même nom ?
- Oui.
- Et pourquoi a-t-il été sauvé ?
- La Fondation avait besoin d’un partenaire pour Kitt, la voiture-ordinateur.
- La voiture-miracle est terminée ? Le projet de papa a abouti ? Ah, je comprends mieux. Et donc, c’est ce Mickaël qui a été engagé ? Que doit-il faire ?
- Si tu veux, c’est un peu un flic, ou un détective. Il mène ses enquêtes pour le compte de la Fondation, sans jamais tuer personne. Il doit préserver toute vie humaine, c’est la règle. Il a déjà réussi à éviter que de nombreux innocents aillent en prison inutilement. La voiture lui est très utile. C’est une vraie petite merveille, un ordinateur surpuissant, des fonctions utiles et peu ordinaires, une véritable personnalité que l’ordinateur s’est forgée. Il est capable de réfléchir, de prendre des initiatives... En plus, c’est une belle voiture. Une Pontiac Trans Am noire.
- Tu es bien renseignée ! Tu passes ton temps à la Fondation ?
- Non, ils ignorent tout de moi, jusqu’à mon existence. Ils croient que tu es le seul enfant de Wilton. Évidemment, ça n’est pas ma mère qui a ébruité ma naissance, elle est morte le lendemain. Je ne remercierai jamais assez ta mère de m’avoir appris la façon dont ça s’était passé. Ma mère poignardée par ma belle-mère ! Agréable comme nouvelle le jour de ses quinze ans... Enfin, je ne peux plus rien changer... Je disais donc qu’il n’y avait pas grand monde qui sache que je suis la fille de Wilton. Même tous ces journaux qui parlent de moi... Je m'appelle Night, mais c'est un nom très courant.
- Alors comment as-tu eu vent de tout cela ? Toutes ces informations sur la voiture-miracle ?
- Je faisais partie de l’équipe de construction de Kitt. Il a été construit avant que tu sois mis en prison, dans le plus grand secret. C’est-à-dire avant la mort de papa. Donc Kitt a presque quatre ans. Plus vieux que ton fils !
- Incroyable ! On m’a caché un tas de choses. Et, il y a deux ans, la Fondation s’est trouvée sans patron ? Pourtant elle existe encore. Qui a remplacé papa ?
- Son meilleur ami, Sevon Mile. Ils étaient associés. Papa a toujours dit que ce serait Mile qui prendrait la relève. Il ne se débrouille pas mal, à ce que j’ai pu comprendre.
- Mr Mile ? Et il y a des mécaniciens, des employés ?
- Oui. Il y a une mécanicienne, April Curtisse. Très sympa. Je la connais depuis longtemps. Encore une qui n’a jamais fait le lien entre papa et moi... Et puis, une secrétaire, Kathy. Il y a Mickaël aussi. Et puis des agents de sécurité, des mécaniciens disponibles mais pas là à temps plein. C’est tout, pour le quartier général.
- Je vois. Cela s’est bien développé, et avec l’appui du gouvernement... Ils n’ont pas eu de problème pour Mickaël Night ? Pour qu’il change d’identité ?
- Non, la police était au courant. Tout s’est fait en douceur. Ils l’ont fait passer pour mort. Long s’est transformé en Night sans aucun problème. On lui a construit un passé, on l’a éloigné des gens qu’il connaissait. Il habite la Fondation maintenant.
- Mais il n’y a aucun risque qu’il se fasse repérer ?
- Non, je te dis. Il n’y a que des personnes très proches qui pourraient sans apercevoir. Cela ne s’est produit qu’une seule fois. Il devait aider son ex-fiancée, qui le croyait mort, mais qui l’a reconnu. Depuis, elle peut le voir en secret, tant qu’elle fasse comme si c’était un autre.
- Mais n’importe qui le connaissant peut le repérer. Surtout s’il a une physionomie et une voix particulière. Un tas de monde peut le repérer. Ses anciens collègues, ses amis, sa famille...
- Il n’a plus de famille proche. Sa fiancée est au courant maintenant et ses anciens collègues sont loin.
- Ca n’est pas suffisant. Il a l’allure de « monsieur-tout-le-monde », ce type ? Il est de taille moyenne, sans aucune manie particulière, avec une voix comme tout le monde ?
- Pas tout à fait. Il fait un mètre quatre-vingt-douze, avec des yeux verts, des cheveux bruns, tout ça comme toi quoi, et...
- Alors comment ne se fait-il pas aussitôt repérer ? Il met un masque ?
- En quelque sorte, il en a mis un. A vie. Ils ont employé la chirurgie...
- ...esthétique ? Il s’est fait refaire le visage ? Pas bête. Et à quoi ressemble-t-il, ce cher frère ? A un type banal avec de grandes pattes ou à un play-boy genre surfeur à Miami ?
- Entre les deux. Pas mal, j’avoue. Si ce n’était pas une copie, je dirais même plutôt mignon. Mais il est très très énervant, ce type. Il ne se prend pas pour rien, passe son temps à draguer les filles qu’il rencontre. Je n’appelle pas cela du travail sérieux...
- Quelle forme de visage ? A quoi ressemble-t-il ?
- Il a la manie de s’habiller en jean, avec un pull rouge et un blouson de cuir. Il n’a aucun goût. C’est tout une affaire pour qu’il mette une cravate, il paraît. Il a souvent les cheveux en bataille.
- Tout mon contraire. Tu aurais pu dire qu’il ne me ressemblait pas du tout, cela me suffisait.
- C’est-à-dire qu’au point de vue tête, il te ressemble quand même... Heu... Mais vos habitudes sont complètement différentes.
- Tu as une photo ou deux de lui ? J’aimerais savoir à quoi il ressemble au juste.
- Heu...
- Tu ne tiens pas à me les montrer, c’est ça ? Pourquoi ? Je ne vais pas les manger.
- J’ai peur que tu réagisses mal...
- Ca ne fait rien. Montre-les. »
A contrecoeur, Kathleen sortit une photo de son portefeuille et la tendit à son demi-frère. Celui-ci la saisit, la regarda et resta de marbre, tandis que son visage changeait d’expression. Il n’y avait plus de demi-sourire à la fois amusé et intrigué. Il n’y avait plus que le résultat d’une haine féroce qui se forgeait lentement au fond de lui. Le visage de Mickaël Night était exactement semblable au sien ! Sans un mot, il rendit la photo à Kathleen, qui se sentait devenir toute petite devant son frère qu’elle commençait soudain à craindre. Gartte n’explosa pas de fureur, comme elle le croyait. Il se mit à faire des allées et venues en parlant :
« Le même nom, le même père, le même visage... Peut-on en conclure qu’il m’a remplacé ?
- Il ne t’a pas pris ton fils, répondit Kathleen, espérant que ça le calmerait.
- Exact, ils ne savent pas qu’il existe, je suppose. Très bien. Il y a donc eu quelques menus changements pendant ces trois ans... Je n’aurais jamais soupçonné pareille trahison ! Ils y ont été très fort ! Cela ne se passera pas comme ça. Je suis de retour, maintenant, et je défendrai mon nom et le reste !
- Que vas-tu faire ?
- Rien pour l’instant. Il y a quelqu’un qui doit arriver. Tu t’occuperas d’Éric, si cela ne te dérange pas.
- Ou je m’en occupe, ou il ne mangera pas à l’heure, ne jouera pas et restera seul... Tu ne me laisses pas un choix gigantesque. J’accepte.
- Très bien. Viens avec moi. Il sera ravi de faire une balade. Appelle-le. »

 

 

CHAPITRE III

Un petit coup de fil dans la soirée...



Une sonnerie retentit. April Curtisse décrocha :
« Allô ? Fondation Luttant contre les Ignobles Crapules, j’écoute ? Vous voulez parlez à Monsieur... ? Très bien, ne quittez pas, je vous prie. »
La jeune femme descendit les marches du grand escalier et traversa le hall, le téléphone sans fil à la main. Elle trouva Sevon sur la terrasse, qui se reposait en contemplant les étoiles. April lui glissa tout bas :
« J’ai quelqu’un au bout du fil. Il dit qu’il veut parler à Michael.
- Il doit être dans le garage, je l’ai entendu rentrer il y a une ou deux minutes.
- Le problème n’est pas là. Il dit qu’il veut parler à Michael Long !
- Passez-le moi ! »
April tendit le combiné.
« Allô. Ici monsieur Mile.
- J’ai demandé à parler à Michael Long.
- Vous devez faire erreur.
- Je crois au contraire que c’est vous qui vous trompez, mon cher Sevon. Michael Night ou Long, ça ne change rien. Puis-je lui parler, je vous prie ? Je ne vais quand même pas me déplacer pour pouvoir échanger quelques mots avec lui.
- Je crois que vous vous êtes trompé de numéro.
- Et moi je sais pertinemment où j’appelle. Vous êtes sourd, dites moi ? Je veux parler à Michael Long !
- Heu... Ce n’est pas possible.
- Très bien. Vous pouvez tout de même lui faire passer un message ? Dites-lui qu’il n’en a plus pour longtemps à vivre. Que s’il essaie de m’échapper, il ne se sente jamais en sécurité. Je le traquerai jusqu’à ce qu’il soit à ma merci. Je le tuerai coûte que coûte, vous m’entendez ?!!
- Gloups ! Qui êtes-vous ?
- Je suis quelqu’un que vous connaissez bien, dont Michael a à peine entendu parler. Je suis de retour, Sevon. Vous avez le choix. Soit vous me livrez Kitt et Michael, mort ou vif, peu importe; soit je vous détruis tous et je récupérerai Kitt ensuite. Vous avez bien compris ? Réfléchissez-y sérieusement.
- Comment osez-vous... ? C’est tout vu ! Je refuse ! Qui êtes-vous pour oser...?
- Je suis Gartte, Gartte Night. »
Et l’on n’entendit plus que la tonalité. Sevon rendit l’appareil à April, blanc comme un linge.
« Des ennuis ? demanda la rouquine.
- Gartte Night est de retour. Je ne sais pas comment, mais l’homme que j’ai eu au bout du fil, c’était bien lui. Il n’y a pas de doute possible.
- Gartte Night ? Mais je le croyais en prison !
- Il a peut-être réussi à s’échapper. Ou quelqu’un l’a fait sortir.
- Je ne vois pas qui.
- Moi non plus. Sa mère, peut-être. Je ne l’ai vue qu’une fois, je ne saurais dire de quel côté elle est.
- Que vous a-t-il dit ?
- Des menaces. Pour résumer qu’il tuera tout le monde si nous ne lui livrons pas Mickaël et Kitt.
- Vous avez refusé ?
- Bien sûr. Mais je crains qu’il ne mette sa menace à exécution.
- Que devons-nous faire ? Appeler Superman ? Ou bien... J’ai une petite idée.
- Allez-y. Elle ne peut pas être plus mauvaise que celle concernant Superman...
- J’ai entendu parler d’un justicier français. Il s’appelle Fantimius. Ses amis et lui ont réussi à arrêter le fameux Furé, très connu dans les fichiers de la Police. Ce type paraît très intelligent. J’ai eu, par une excellente amie, ses coordonnées. Sa véritable identité est Mickaël Shuterland.
- Le milliardaire de treize ans ? J’ai beaucoup entendu parler de lui.
- Moi aussi, notamment par cette amie, Ellie, alias la scientifique de Berkeley, Kathleen Night.
- Elle vous en a dit du bien ?
- Oui. Je me demande s’il pourrait être intéressant de le contacter.
- Nous pouvons toujours essayer, si notre affaire l’intéresse... »

 

 

CHAPITRE IV

Enquête en vue

 

Mickaël Shuterland descendit de sa Pontiac, suivi de près par ses amis Valérie, Mélanie et Romain. Ils entrèrent dans le collège, pendant que la voiture retournait vers leur maison. C’était une Trans Am noire, comme Kitt. Un ordinateur ultra-perfectionné aussi, avec de nombreux gadgets, comme Kitt. Fantômeland, car tel était son nom, appartenait à Mickaël qui l’avait construit presque tout seul. Mickaël et ses amis étaient en classe de cinquième A. C’était un samedi, le dernier jour de classe avant les vacances de février 2000.
Après une courte récréation, ils eurent un cours de géographie, qui commença comme d’habitude par un discours de leur professeur, qui était en outre leur prof principal.
« J’espère qu’il vous reste un peu de courage en réserve pour travailler aujourd’hui. Vous aurez une interrogation écrite après les vacances et ce cours est très important. Vous aurez donc le temps de réviser pendant ces trois semaines.
- M’sieur ! appela une rouquine au premier rang.
- Oui, Marylyn ?
- Vous allez nous donner des devoirs pour les vacances ? J’ai peur de m’ennuyer.
- Non, vous aurez juste la leçon. J’ai déjà bien assez de copies à corriger sans commencer à créer des corrections. Je pars en vacances, figurez-vous.
- Où ça ? demanda Romain. Et avec qui ? Votre copine ?
- Ma femme, et mes enfants. Nous allons skier.
- Super ! Vous allez encore vous casser le bras comme l’année dernière ?
- Je vais essayer de revenir entier.
- M’sieur ! Je veux des devoirs.
- La petite fayote du premier rang est priée de se taire !
- Romain, n’insulte pas tes camarades.
- C’est pas ma camarade, elle. Elle est hyper chiante !
- C’est pas de sa faute, expliqua Mr Ricard, compatissant. Je vais lui donner des exercices, elle sera contente... »
Le cours démarra. Mr Ricard expliquait la beauté de la province de Juanxi, en Chine, quand on entendit une sonnerie. C’était l’ordinateur portable de Mickaël.
« Mickaël ! Fais quelque chose ou je m’énerve ! Je croyais que tu avais enlevé cette fichue musique !
- Ce n’est pas l’alarme. J’ai reçu un e-mail en catégorie « urgence ». Je n’en ai pas pour longtemps. »
Il parcourut le message, le sauvegarda et éteignit son portable. Le cours se poursuivit sans incidents, Romain étant un peu fatigué ce jour-là... Après la géographie, ils eurent mathématiques, puis ils sortirent. Mickaël invita les autres pour le déjeuner. Il avait des communications urgentes à leur faire. Ils arrivèrent chez Mickaël et se mirent aussitôt à table car la cuisinière avait déjà préparé le repas.
« Alors, ces mystérieuses informations ? s’impatienta Mélanie. Le Furé s’est échappé ?
- Non, l’e-mail vient de Californie.
- De Californie ? Tu connais beaucoup de monde par là ?
- Personnellement, non. Mais les personnes qui m’ont contacté me connaissent bien, elles. Elles connaissent mon identité secrète.
- C’est qui, ces personnes ? s’enquit Romain.
- Un organisme assez célèbre. La Fondation Luttant contre les Ignobles Crapules. Le F.L.I.C. Fondée par Wilton Night il y a quelques années. Il est mort il y a deux ans. Aujourd’hui, c’est Mr Mile qui la dirige. C’est son assistante, une certaine April Curtisse, que j’ai déjà eu l’occasion de rencontrer, qui m’a envoyé un message.
- Elle te connaît bien ?
- Pas mal, oui. A chaque forum d’électronique, elle est là. Elle est très sympathique. Mais je ne sais pas comment elle a pu savoir qui j’étais. Peut-être par quelqu’un qu’elle connaît. En tout cas, elle a besoin de nous. Ils ont affaire à un homme, Gartte Night, qui est dangereux et les menace. Elle nous prie de les aider. Elle s’occupera du voyage, de la nourriture et du logement pour nous tous.
- Ils sont en Californie ?
- Oui, à Pouléville. Je connais un peu. C’est une très belle région et il fait plus chaud qu’ici. Il doit faire dans les vingt-cinq degrés à l’ombre en plein mois de février...
- Tu veux qu’on t’accompagne ? reprit Romain. Je suis d’accord. J’ai toujours rêvé d’aller là-bas.
- Bien, j’accepterai donc la mission. Mais ne vous emballez pas trop. Nous allons là-bas pour travailler. Ce ne sera peut-être pas de tout repos... »

 

 

CHAPITRE V

Le monstre de métal

 

Mickaël accepta donc, et les amis partirent vers les États-Unis. Ils atterrirent non loin de San Francisco. Mickaël déminiaturisa Fantômeland et ils roulèrent vers la Fondation où April les attendait. En la voyant, Romain faillit disjoncter et fit la comparaison entre l’informaticienne et son top-model favori, Claudia Chiffon.
April leur proposa d’entrer, et après que les bagages fussent défaits, ils se retrouvèrent devant une tasse de thé. Romain tournait interminablement sa cuillère dans la tasse avec un air dégoûté, pendant que Sevon et April expliquaient la situation en détail.
« Nous devons donc empêcher cet homme de vous nuire, si je comprends bien, résuma Mickaël.
- Pour bien faire, il faudrait trouver Gartte Night avant qu’il ne fasse quoi que ce soit. Et protéger Michael Night.
- Très bien, mais qu’est-ce qui fait la puissance de cet homme ? Il a une arme nucléaire ?
- Non. Il est dangereux par son intelligence... Mais il possède sans doute plus d'une arme redoutable, dont on ignore la nature. Le danger réside dans l’imprévu. Il est complètement fou, c’est certain. Reste à savoir la nature exacte de son délire... »

*
* *


« Il me faut tout ! Me venger de Michael, conquérir le monde et rendre la vie agréable à mon fils. »
Kathleen resta muette de stupeur. Elle s’assit sur le bord d’un lit métallique, et se tourna vers son demi-frère :
« Gartte, de quoi veux-tu te venger ? Il ne t’a rien fait.
- Il est là. Sa présence est une erreur. Il n’avait pas le droit de prendre ma place.
- Il ne l’a pas décidé. C’est papa qui l’a voulu.
- Eh bien, il paiera pour lui.
- Papa est mort, ça ne te suffit pas ? Tu as besoin d’avoir combien de meurtres sur la conscience pour être content ?
- Personnellement, je n’ai tué personne. C’est ma mère.
- Cela revient au même. Vous étiez complices.
- Oh la la... S’il n’y avait pas Éric, je crois que tu serais déjà au fond d’un grand cachot humide ! Tu as de la chance d’être la seule personne que j’aime à part lui et de savoir si bien s’occuper de lui, sinon... J’espère que l’arrivée de mon visiteur te calmera un peu. Tu es une vraie tigresse, en ce moment...
- Ton visiteur ? Qui est-ce ?
- Elle arrivera bientôt. J’ai besoin d’elle pour mettre mon plan à exécution. Mais viens donc dans le garage. J’ai quelque chose à te montrer. »
Ils entrèrent peu après dans une grande salle plongée dans l’obscurité. Gartte appuya sur un commutateur en disant :
« Voilà le résultat de plusieurs années de recherches. Un petit bijou. Plus costaud que n’importe quelle machine existante. Un véritable engin de guerre : Goliath. »
Il parlait d’un énorme camion, qui occupait la majorité de la place dans le garage. La machine était faite de métal très solide. Kathleen se dit que l'alliage devait être proche de la structure de Kitt. Il y avait des vitres résistantes aux balles et une grille renforcée sur le devant. Le camion faisait plus de vingt-cinq mètres de long et environ quatre mètres de haut. Un véritable monstre de métal, un mastodonte. Gartte sourit en voyant la réaction de Kathleen, partagée entre l’horreur, la surprise et la fascination. Elle ne pouvait détacher son regard de Goliath.
« Génial ! dit-elle. Si c’était pour un usage pacifique, je crierais : Au Génie ! Malheureusement, j’en doute un peu, ne voyant pas quel usage intelligent on peut trouver... Je ne donnerais pas cher du David qui ferait face à ce monstre...
- En effet. Mais cette fois, c'est David qui a fabriqué Goliath. Mais contrairement au héros biblique, je ne veux pas de la paix... Avec Goliath, je pourrai devenir l’homme le plus puissant de toute le Terre. J'écraserai Michael Night avec cet engin, mon oeuvre. Oh, je ne suis pas l’unique créateur de ceci, je partage le titre avec ma mère. Mais j’ai fait une bonne partie du travail.
- Ta mère ? C’est elle qui doit arriver ?
- En effet. Elle m’aidera beaucoup. Mon plan est infaillible, mais elle aura peut-être des idées supplémentaires.
- Comme d’arrêter ce massacre avant de commencer ? ironisa Kathleen.
- J’en doute... »


*
* *


« En fait, Sevon, expliqua Michael Night, je n’ai pas besoin d’être protégé. Il ne me fera rien du tout si j’ai un gilet pare-balles.
- Et s’il avait bien pire qu’une arme classique ?
- Mais non. Ce sont des hypothèses non fondées.
- Fondées sur la raison, le bon sens et l’expérience, Michael. Je connais mieux Gartte que vous et, croyez moi, quand il adresse des menaces, ce ne sont pas des paroles en l’air. S’il veut vous tuer, il fera tout pour. Enfin, soyez raisonnable ! On ne vous supprime pas toute vie privée, on veut juste éviter les accidents.
- C’est vrai, remarqua Romain. On ne va pas vous surveiller dans la salle de bains, ni pendant vos rendez-vous secrets avec votre copine. Les scènes genre "Les flammes de l’amour", non merci !
- Des rendez-vous secrets avec Stevie ? questionna Sevon.
- Je la vois juste de temps en temps.
- Ah ! fit Romain. Tout à l’heure encore. Avec plein de gros bisous baveux sur la bouche ! Berk ! Et le coup du « je caresse ses cheveux ». Et la main sous le tee-shirt en prime.
- Romain, intervint Mickaël Shuterland, nous n’avons pas besoin des détails. L’essentiel en fait est d’organiser un plan de surveillance et en même temps, de rechercher Gartte Night. De protéger tout le monde ! Alors, monsieur Night, ne commencez pas avec vos sornettes. »
La discussion était close, tout le monde monta se coucher.


CHAPITRE VI

Elizabeth Night

 

Le lendemain était une belle journée ensoleillée. Kathleen décida de se baigner un peu avant que le petit bout ne se réveille. Elle sortit dans le jardin. La maison de Gartte était grande et ressemblait un peu à la sienne, pour ce qui était de la décoration, exotique, agrémentée avec des objets africains, souvenirs que Gartte avait rapportés. Il y avait de nombreuses baies vitrées. Les murs étaient de couleur claire sauf dans le salon, où le mur derrière la cheminée était recouvert de tapisseries bleues. La maison était jolie dans l’ensemble. De pierres grises, elle avait un aspect un peu mystérieux. Un grand parc entourait cette demeure. Une grande piscine taillée dans la pierre, et des chemins qui faisaient le tour du parc, assez boisé. La maison était vide, apparemment, mis à part Éric. Où pouvait donc être Gartte ? Kathleen ne tarda pas à le savoir. Une limousine gris métallisé immatriculée LXVY815 rentra dans la propriété et se gara devant la maison. Gartte en descendit tandis que sa mère franchissait déjà la porte d’entrée. Kathleen ne put réprimer un frisson devant cette apparition qui hantait encore ses cauchemars. Gartte se dirigea vers la piscine. Il était vêtu avec élégance : un costume bleu-gris foncé, une chemise anthracite rayée de gris foncé, ouverte à moitié, découvrant à demi un torse musclé, des chaussures impeccables et une canne-carabine à la main. Il avait la chevelure gonflée et une étincelle dans son regard vert. Il demanda à Kathleen si son fils était réveillé et, obtenant une réponse négative, repartit d’un pas assuré vers la maison. Kathleen sentait la catastrophe arriver. Elle se trouverait forcément à un moment ou à un autre devant sa belle-mère, et elle savait qu’elle ne pourrait le supporter. Elle la détestait de tout son coeur. Elle ne connaissait pas de personne plus cruelle, plus hypocrite et plus malveillante que la mère de Gartte. Elle rentra tout de même pour aller réveiller Éric. Heureusement, c’étaient les vacances, il ne fallait déjà pas le conduire à l’école. Elle décida d’aller faire une promenade avec lui pour se calmer.


*
* *


Pendant ce temps, Fantimius et ses amis s’étaient partagé le travail. Romain suivrait Michael Night, Valérie et Mélanie Sevon et April et Mickaël chercherait Gartte. Il savait déjà que leur ennemi passerait à l’aéroport. On l’avait vu partir dans cette direction. L’avion qu’il attendait était en provenance de New York, a priori. Il avait aperçu Gartte Night et une femme qu’il ne connaissait pas, mais les avait perdus de vue. Il était donc rentré à la Fondation et avait questionné Sevon, lequel lui avait répondu que la femme que Mickaël avait vue était sans doute Elizabeth Night, la mère de Gartte. Celle-ci habitait un appartement à New York, pas très loin de Central Park. Malheureusement, Mickaël n’avait aucune idée de la direction prise par la limousine. Les recherches de la matinée n’avaient pas servi à grand-chose.


*
* *


Une cloche sonna.
« Viens, Éric, dit Kathleen en prenant le petit garçon par la main, c’est l’heure de manger. »
Ils entrèrent dans une grande salle. Gartte était déjà à table.
« C’est ma mère qui prépare le repas, comme la cuisinière a pris une semaine de congés. Ne t’inquiète pas, pour ce qui est de la cuisine, c’est une perle. Et ne te demande pas pendant deux heures si oui ou non il y a du cyanure dans ton assiette, maman ne prépare pas de plats empoisonnés, contrairement à certaines boissons...
- Des boissons empoisonnées ?
- Oui. Une des nouvelles choses qui s’ajoutent à mon plan. Ne t’inquiète pas, ce n’est pas toi qui est visée. Ma mère se fiche de toi complètement, elle me l'a clairement laissé entendre. De plus, tu es coincée ici, enfin, tu le seras au moment voulu. Comme tu ignores tout du plan... Au fait, tu te rappelles ton collègue spécialiste en informatique, Mickaël Shuterland ? Il est ici. Enfin, à la Fondation. Il enquête pour son ami Fantimius, un truc du genre. Heureusement, il n’a pas l’air aussi terrible qu’on le dit. Oh, voilà maman. »
La mère de Gartte entra, un sourire, inhabituel pour Kathleen, sur les lèvres, portant un plat. Une gigantesque paella.
« J’espère que ce n’est pas trop épicé ! dit-elle. J’ai peut-être mis un peu trop de piment. Gartte, sers tout le monde, je t’en prie. Éric, donne ton assiette. Si tu n’aimes pas la paella, il y a un peu de couscous, si tu préfères. »
Elizabeth Night était une femme de cinquante-cinq ans, vive et alerte, aux cheveux blond cendré qui se teintaient de gris par endroits. Elle était vêtue, sous son tablier, d’un complet blanc crème. Elle avait des yeux bleu-gris et n’était pas très maquillée. Elle portait néanmoins une tonne de bijoux en or. Physiquement, elle avait peu changé depuis la dernière fois où Kathleen l’avait vue. Seule l’expression du visage était radicalement différente. Elle était joyeuse et souriante. Elle avait donc décidé d’oublier Kathleen, pour se consacrer uniquement au plan diabolique que Gartte et elle avaient préparé. Belle affaire ! Kathleen se dit qu’elle aurait la paix. Pour une fois, toutes deux n’allaient pas se disputer. La vue de cette femme donnait la nausée à la blondinette, mais elle faisait de gros efforts pour se calmer. Seul son estomac, crispé, trahissait son malaise. Kathleen écoutait distraitement la conversation. Elle entendit soudain un élément intéressant et, sitôt le déjeuner achevé, elle monta à toute allure dans sa chambre pour y taper un e-mail sur son ordinateur portable, qu’elle envoya à Mickaël Shuterland.


CHAPITRE VII

Tentative d'empoisonnement

 

Le lendemain matin, dans la chambre de Mickaël Shuterland, on entendit un bip-bip. Le garçon étendit la main pour éteindre son réveil en tâtonnant. Sa main ne rencontrant pas l’objet recherché, Mickaël sortit de sous sa couette et ouvrit les rideaux, laissant un vif rayon de soleil inonder la pièce. Il se rendit alors compte que c’était son ordinateur qui sonnait. Il avait à nouveau un e-mail urgent. Il ouvrit son portable et lut le message suivant :

A : Mickaël Shuterland
De : Anne Onyme
Objet : non volant et identifié

A la lecture de ces simples mots, Mickaël se demanda si ça n’était pas une bonne blague de Romain mais la suite l’intrigua encore plus :

Ce message n’est pas une blague. Je sais qui vous êtes et ce que vous faites. Je ne vous veux pas de mal. Par contre, quelqu’un dans mon entourage a de bien plus mauvaises intentions à l’égard de monsieur Sevon Mile. Quelqu’un va tenter de l’empoisonner ces jours-ci. Je n’en sais pas plus. Je n’ai aucune idée de la manière dont cette personne va s’y prendre. Soyez sur vos gardes.

Anne Onyme, alias Ellie.
PS : Je suis la personne qui a divulgué votre secret à April Curtisse. Ne m’en voulez pas, je crois que j’ai bien fait... Ne dites pas à April que j’ai envoyé ce message. J’ai mes raisons pour vouloir garder ma véritable identité secrète. Je vous recontacterai si j’ai du nouveau.


Mickaël était sûr, maintenant que le message n’était pas une blague. April avait parlé, en effet, d’une mystérieuse informatrice. Il fallait donc faire très attention et redoubler de prudence aux alentours de Sevon. Il y avait de nombreuses façons d’empoisonner quelqu’un. Il fallait être vigilant cette semaine. Il descendit prendre son petit déjeuner, après avoir réveillé ses compagnons. Les recherches du matin ne donnèrent encore une fois rien. Mickaël ne réussit pas non plus à trouver d’où l’e-mail avait été envoyé. Il le montra aux membres de son groupe qui furent du même avis que lui. Le déjeuner passa. Peu après, on entendit la sonnette de la porte d’entrée. C’était le facteur qui apportait un paquet pour Sevon. Mr Mile l’ouvrit et sortit une bouteille de liqueur. Il se demanda qui pouvait lui avoir envoyé ce présent mais finit par conclure que c’était un ami distrait qui n’avait pas mis son nom. Il se servit un peu de liqueur et allait porter le verre à ses lèvres quand Mickaël Shuterland l’en empêcha.
« Mais vous êtes fou, ma parole ! cria Sevon
- Je crains avoir de bonnes raisons pour avoir agi ainsi, mon cher Sevon. Il y a une informatrice qui m’a prévenu que quelqu’un allait essayer de vous empoisonner. »
Il demanda à Fantômeland et à Kitt d’analyser la liqueur. Les deux ordinateurs décelèrent tous deux des substances étranges qui s’avérèrent être un poison violent. Sevon était dans tous ses états.
« Elle a tenté de me faire un coup semblable à celui employé contre Wilton ! J’avais raison, Mickaël, Elizabeth Night est de retour elle aussi ! »


*
* *


Elizabeth Night ouvrit la lourde porte du garage.
« Gartte, pour l’amour du ciel, où es-tu encore passé ?
- Ici, juste derrière toi, répondit-il en entrant à son tour. Je m’occupais de ma soeur, si tu vois ce que je veux dire. Elle ne pourra pas bouger d’ici, ne t’inquiètes pas. Elle ne s’en est même pas encore aperçue. Éric m’a vu fermer la porte mais il n’a rien dit. Pour lui, tant qu’il voit son papa, tout est normal... Brave petit. Bon, donc notre ennemie principale est bloquée pour l’instant. Je me méfie de Kathleen ; elle est un peu trop intelligente à mon goût, elle pourrait fort bien avoir tout deviné et combiné un plan pour nous arrêter. Alors, j’ai débranché son ordinateur et emporté l’adaptateur tant que j’y étais.
- Fort bien. Tout est prêt dans le désert. Le poste de commande des opérations est installé. Toutes les modifications sur Goliath ont été faites. Dommage que l’ordinateur ne soit pas prêt. Je n’ai que peu d’espoir qu’on réussisse un jour. Si on avait le microprocesseur de Kitt, cela simplifierait les choses...
- Évidemment. Mais Mile n’acceptera jamais et ce K.I.T.T. doit être difficile à forcer. Alors autant détruire l’engin en même temps que Michael. Nous ne pouvons faire autrement. Le plan réussira. Personne ne m’échappe. J’ai une patience infinie quand il le faut. Si tu ne vas pas à Kitt, Kitt viendra à toi... »


CHAPITRE VIII

Le chemin d'une bouteille

 

Sevon se remettait tranquillement. Pendant ce temps, Fantimius et ses amis se cassaient la tête pour trouver une piste. Mais il n’y avait rien sur la bouteille ou le paquet qui puisse indiquer sa provenance exacte. Soudain, Valérie, qui examinait la bouteille centimètre par centimètre à la loupe, se redressa pour remarquer :
« Sur un paquet, ne doit-on pas trouver un cachet de la poste ou un truc du genre ?
- Non, répondit Mickaël en retournant le paquet une nouvelle fois. Si la personne l’a laissé au facteur. Surtout si la destination est proche. »
Puis il se replongea dans l’examination du carton. Quelques secondes plus tard, il se releva d’un bond.
« Valérie ! Tu as raison ! Tu es géniale ! Pour une fois, je crois que tu as mis le doigt sur la solution !
- Pour une fois ? Et qu’est-ce que j’ai trouvé ? Je n’ai pas dit grand chose !
- Si ! Si la personne qui avait envoyé ce paquet habitait loin, elle aurait tout emballé et cacheté. Or, sur ce paquet, il n’y a rien, comme tu l’as fait remarquer. Donc la personne a juste chargé le facteur de déposer ce carton ici ! Il n’y a donc qu’à l’interroger pour savoir qui. Il ne va pas tarder à passer, il est presque onze heures du matin. »
Comme en réponse à son affirmation, la sonnette tinta. Les amis allèrent ouvrir avec grande précipitation. Le facteur tendit deux lettres :
« Bonjour ! Pour monsieur Mile, comme hier.
- Ah, comme la liqueur ! s'exclama Mickaël. En parlant de ce paquet, il n’y a pas l’adresse du destinataire. C’est bien dommage, Sevon tenait à le remercier !
- Oh, c’est une bien curieuse chose en effet. C’est une dame d’une cinquantaine d’années qui me l’a laissé. Je lui ai fait remarquer qu’elle n’avait pas laissé son adresse au dos du paquet. Là, elle m’a répondu une drôle de phrase : que Mr Mile n’aurait pas le temps de se demander qui lui avait fait ce cadeau.
- C’est normal, mentit Mickaël, il croyait sans doute que son ami le reconnaîtrait tout de suite. Malheureusement, Mr Mile n’est pas parvenu à trouver qui lui avait envoyé cela.
- C’est dommage, je serais incapable de vous dire son nom. Quoique... J’ai déjà apporté quelques lettres là. C’est un pavillon très coquet avec un grand parc autour. C’est à environ une dizaine de kilomètres d’ici, près du désert. Cette personne a emménagé récemment. J’y ai déjà vu un grand homme en noir mais impossible de vous dire comment il s’appelait. Je suis désolé de ne pouvoir vous aider.
- Oh, ce n’est pas grave. Je crois savoir de qui il s’agit. Mais cela m’étonne. Je voudrais bien savoir où il habite actuellement. Près du désert, disiez-vous ?
- Oui. Il y a la propriété Night tout au bord du désert. Bien connue, un vrai château, on ne peut pas la manquer, c’est la seule maison de ce style dans ce coin-là. Non loin de là, il y a un petit lotissement, Les Mésanges, je crois. La maison de vos amis se situe non loin de là. Elle est assez isolée des autres, au milieu de son parc. »
Mickaël remercia vivement le facteur. Quand il eut refermé la porte, il se tourna vers ses amis, un large sourire sur les lèvres.
« On le tient, cette fois. Je me demande pourquoi il n’a pas déjà cherché à nous attaquer, d’ailleurs, puisqu’il est si près. Bon, de toute façon, allons au moins repérer le terrain. »
Après le déjeuner, et quelques courses urgentes - comme suivre Michael Night jusqu'à la maison d'une de ses amies - , ils partirent donc en direction du désert, qui attirait particulièrement, on ne sait pourquoi, les membres de la famille Night. Certes, pour des affrontements, si affrontements il y avait, ce serait plus pratique, le terrain étant plat sur une grande surface, mais il y faisait chaud, en ce début d’après-midi. Ils trouvèrent aisément la propriété Night, qui paraissait déserte. Seuls quelques jouets çà et là éparpillés sur la pelouse indiquaient que le propriétaire n’était pas absent depuis longtemps. Mélanie remarqua que le nom Night était décidément fort répandu. Romain, lui, était fasciné par le parc.
« Tous ces arbres et cette verdure, à côté du désert ! Et ce lac ! Et... Wouah ! La piscine !!! Quatre fois plus grande que celle de Sevon ! »
Ils s’arrêtèrent et suivirent une longue allée menant à un groupe de maison s’appelant Les Mésanges comme l’avait indiqué le facteur. Non loin de ces maisons se dressait une tour gigantesque. Derrière s’étendait un parc qui faisait un peu penser à la propriété Night, en un peu moins grand tout de même.
« Voilà sans doute le château de ce cher Gartte que nous connaissons à peine. Il a bon goût. Tiens, au premier étage, il y a une petite blonde derrière une vitre. Une complice ? Que fait-on ? On sonne ? On peut toujours dire que l’on vend des billets de tombola pour l’école si quelqu’un ouvre. Mais j’en doute. A part cette apparition à la fenêtre, je n’ai pas vu un chat. C’est mortel, ce coin... »
Ils passèrent la grille et sonnèrent à la porte. Pas de réponse. Quelques minutes plus tard, ils ressortirent, un peu déçus. Un voisin qui passait par là les interpella :
« Vous cherchez l’homme qui habite là ?
- Oui. Vous le connaissez ?
- Pas personnellement. Il est assez bizarre, à ce qu’on dit. Mais je peux tout de même vous conseiller de ne pas attendre son retour, il est parti en camping-car vers l’est. C’est pourtant aride, comme endroit... Je ne sais pas quand il reviendra.
- Merci. »
Les amis discutèrent pour savoir quoi faire. Mélanie fit remarquer qu’il fallait retrouver Michael Night. Ils se séparèrent donc. Mickaël chercherait le camping-car et prendrait donc une moto. Les autres rechercheraient Michael Night avec Fantômeland.


CHAPITRE IX

Le camping-car

 

Fantimius parcourait le désert brûlant. Il n’y avait presque pas de végétation, et ce n’étaient que de grandes herbes sèches sur les collines. Il n’y avait pas de traces trahissant le passage du camping-car. La poussière soulevée par un vent chaud recouvrait tout régulièrement. Le justicier commençait à désespérer. Quand il se trouva engagé sur une petite colline qui surplombait cette région. Il voyait tout jusqu’à une distance énorme devant. La ligne d’horizon était à des kilomètres de là. On apercevait à gauche le bord d’une vaste plaine. Tout à droite on apercevait les tours de la propriété Night. L’attention de Fantimius fut soudain attirée par un rayon de soleil dévié un peu de son côté. Droit devant un reflet avait trahi un véhicule assez long et blanc. Le fameux camping-car. C’était trop beau mais c’était tout de même vrai. Il redescendit toute la colline puis se dirigea vers l’est, approximativement vers l’endroit où devait se trouver le véhicule. Il fonça.


*
* *


Pendant ce temps, Romain, Mélanie et Valérie recherchaient Michael Night. Ils parcoururent un petit bois et finirent par l’apercevoir. Il était - évidemment - avec sa fiancée Stevie et lui glissait des mots doux à l’oreille entre deux baisers.
« Vous voyez, remarqua Romain, je l’avais bien dit ! S’il nous faussait compagnie, ce n’était pas par hasard ! Encore "les Flammes de l’amour" version nouvelle...
- Mouais, je crois que nous n’avions pas beaucoup de raisons de nous inquiéter, compléta Valérie. Beurk ! Il s’y prend comme un porc ! Même pas fichu d’embrasser correctement...
- Que veux-tu ! Tout le monde ne peut pas être aussi fort que moi.
- Toi, Romain ! s’exclama Mélanie. Laisse-moi rire. Bon, on devrait prévenir Mickaël. Lui, ne va pas bouger avant un moment, on ne risque rien à partir. J’ai repéré l’endroit. Il pourrait être utile de trouver notre cher copain. On ne sait jamais. »
Ils s’en allèrent donc à la recherche de Fantimius.


*
* *


Fantimius gara sa moto non loin du camping-car. Il la cacha dans des herbes et s’avança vers le grand véhicule. Le soleil n’allait pas tarder à se coucher. Déjà, le ciel azur commençait à se teinter d’orange et de rouge. Fantimius observa le véhicule un long moment. A priori, il n’y avait personne. Il arriva plus près et examina le sol et les alentours. Il tendit l’oreille mais ne remarqua rien de particulier. Il s’avança donc encore plus près et examina les parois du camping-car. Il passa devant la porte. C’est alors qu’il entendit un bruissement derrière lui. Il se retourna d’un bond et vit deux hommes armés. Il tourna les talons. Encore deux hommes. En tout, sept gardes armés qui le menaçaient.
La porte de la caravane s’ouvrit et une femme vêtue d’un tailleur-pantalon blanc apparut. Elizabeth Night. Elle souriait méchamment et fit un signe à quelqu’un que Fantimius ne voyait pas derrière lui. Il tourna la tête. En haut de la falaise se trouvait une limousine grise et, à côté de la limousine, Gartte Night, qui observait la scène d’un oeil satisfait. Il était toujours aussi impressionnant et aussi élégant que sur la photo que M. Mile leur avait montrée. Il avait un pantalon noir et serré et une chemise noire fort ajustée, avec de nombreuses poches. Ses cheveux étaient toujours soufflés. Un oeil attentif aurait même pu remarquer un petit diamant dans son oreille gauche. Il sourit.
Elizabeth lui sourit en retour puis se tourna vers Fantimius.
« Bonjour, mon cher justicier de pacotille. Mon fils m’a beaucoup parlé de vous. Il est fascinant de voir à quel point vos réactions sont prévisibles. Notre petit piège a bien marché. Le truc, c’est de ne pas trop laisser d’indices derrière soi. L’ennemi ne se méfie plus. Il se dit qu’il est très fort et qu’il a résolu l’affaire grâce à son intelligence. Il ne reste plus qu’à prévenir les gendarmes et à recevoir les honneurs. Car c’est ainsi que vous l’aviez prévu, n’est-ce pas ?
- Tout est bon, sauf le dernier élément. Je m’éclipse avant.
- Oh, et il est modeste, en plus ! Mon cher, votre cas est désespéré. On ne peut plus rien y faire, vous êtes trop bon pour ce monde. Je suis désolé de vous l’annoncer mais il ne vous reste que quelques minutes à vivre...
- Très bien. Je voudrais tout de même bien savoir quels sont vos horribles plans. »
Elizabeth, trop contente de pouvoir étaler sa science, expliqua qu’elle et son fils se débarrasseraient d’abord des gêneurs comme Fantimius, puis qu’ils prendraient petit à petit le contrôle de la planète entière, qu’ils dirigeraient. Les lois seraient refaites, les prisons vidées des détenus et reremplies par d’éventuelles personnes qui tenteraient de s’opposer à eux. Elizabeth eut tout de même une parole étrange. Elle semblait parler, dans son délire, d'abattre Gartte sitôt leur plan commun achevé. Cela sembla étrange à Fantimius. Gartte était pourtant son fils, non ?
Pendant qu’Elizabeth et Fantimius parlaient, une mince silhouette se faufilait, telle une panthère, agile et silencieuse, entre les herbes sur la colline derrière, une arme à la main. Une jeune femme blonde qui ne perdait pas une miette de la scène.
Elizabeth reprenait :
« Avez-vous une dernière volonté avant votre exécution ?
- J’aurais voulu apprendre le néerlandais.
- On m’avait prévenue, vous avez plus de cran que je ne le pensais. Oh, vous voulez peut-être décider de la façon dont vous préférez mourir. Peut-être jeté d’une falaise, ou noyé. Lequel vous convient le mieux ?
- Aucun des deux. Je préfère mourir de vieillesse.
- Vous êtes déjà vieux, si l’on tient compte de la façon dont vous marchez et vous tenez.
- Je voulais dire pas avant d’avoir cent sept ans. C’est un âge honorable.
- Désolée de vous décevoir mais je crains que ça ne sois possible. Je dois vous liquider avant ce soir. Maintenant, plus de plaisanterie. Vous êtes vraiment dans la cour des grands. Et vous n’avez rien à y faire. Adieu. Ou plutôt, allez en Enfer !»
Elizabeth saisit un pistolet et le pointa sur Fantimius. A ce moment apparut un petit point rouge sur le costume de la femme, à gauche, au niveau du coeur. La jeune blonde visait Elizabeth. Le point rouge était un laser, pour mieux viser. C’était une arme de haute précision, un joli joujou. La jeune femme défit le cran de sûreté puis murmura entre ses dents :
« Pour papa... Et pour maman. »
On entendit une détonation. Le coup de feu partit, la balle sifflante traçant à toute allure dans un halo de lumière orangée avant d’atteindre sa cible. Elizabeth Night poussa un grand cri et s’effondra. Les gardes furent abattus
temporairement au moyen d’un rayon laser, jugé plus efficace que du chloroforme par le tireur vu les circonstances... En moins de deux minutes presque tout le monde était à terre. Seul Fantimius était debout, en plein milieu. Il se tourna vers la falaise mais ne vit qu’une longue chevelure blonde et un sac marqué du signe de la Fondation Night, une pièce de jeu d’échec. Fantimius fit quelques pas et arriva près d’Elizabeth. Il retourna le corps et ne put que constater qu'une tache de sang ornait la veste blanche. Elle était bien morte. Il fit demi-tour et, ne sachant quoi faire, prévint les gendarmes d'un coup de fil anonyme. Il enfourcha sa moto et repartit.


CHAPITRE X

Comme un besoin de vengeance...



Gartte Night avait évidemment tout vu. La discussion et puis ce coup de feu parti dont ne sait où. Il avait failli défaillir sur le moment, constatant le résultat de l’acte meurtrier. Il était soudain orphelin. Il ne pouvait supporter ça. Mais, peu à peu, l’accumulation de cette tristesse et de ce désespoir se transforma en une grande colère qui montait en lui. Une haine incommensurable envers le meurtrier inconnu. Il cherchait dans sa tête qui pouvait bien avoir fait une chose pareille. Un seul nom apparaissait dans sa tête, comme un petit voyant clignotant. Michael Night. Il repartit vers chez lui pour aller chercher Goliath.
En arrivant, il vit Kathleen qui jouait avec Éric dans le jardin. Il réalisa soudain qu’elle devrait être enfermée dans la maison :
« Dis-moi, Kathleen, on ne t’a jamais dit qu’il était très vilain de désobéir ? Tu devais rester à l’intérieur, il me semble.
- Oui, et théoriquement, j’étais même coincée. Mais la serrure de la salle à manger ne vaut rien. Je l’ai abattue avec le truc le plus vieux du monde : une épingle à cheveux... Éric était intenable. Je me suis dit qu’il aimerait mieux patauger dans la piscine. Dis-moi, tu as l’air contrarié. Quelque chose ne va pas ?
- Ne sois pas ironique ! Si je suis ici, il est évident que quelque chose a cloché !
- Hum, je vois. Et Elizabeth, où est-elle ? Je ne la vois pas.
- Elle est... »
Gartte fut incapable de poursuivre. Il laissa malgré lui couler une larme. Honteux, il tourna les talons et partit vers la maison.
« Attends, Gartte ! »
Kathleen le rattrapa et le retint par une manche.
« Tu pourrais m’expliquer ! Quelqu’un lui a tiré dessus, c’est ça ?
- Oui. »
Kathleen, qui avait bon coeur et avait du mal à accepter ce qu’elle avait fait, prit son demi-frère par les épaules et essuya doucement les larmes sur le visage de Gartte avec un petit mouchoir blanc. Gartte se dégagea de l’étreinte de Kathleen et se mit debout, lui tournant le dos.
« Je suis désolée, dit Kathleen. Je ne pensais pas que tu le prendrais comme ça. Excuse-moi, mais j’ai toujours cru qu’à la place de ton coeur il y avait un bloc de granit. J’ai vu ta réaction quand tu as appris que papa était mort, et j’ai cru que tu t’en ficherais. Sinon, je ne t'aurais pas demandé ça comme ça. Moi, je ne savais plus la supporter. Je crois que c’était elle ou moi.
- De quoi parles-tu ? Elle ou toi ? Cela n’a rien à voir. Je ne te blâme pas pour les idées que tu as à l’égard de ma mère. Je m’en fiche. Oublie ça. Dis tout ce que tu veux sur elle. Ca n’a plus d’importance. La seule chose qui compte, c’est qu’elle a été tuée. Ca, je ne peux pas le supporter.
- Je te disais justement que...
- Je ne peux le supporter et je vais me venger. Contre ce traître qui a empoisonné ma vie et tué ma mère ! Contre celui qui m’a pris mon père quand je l’aimais encore ! Contre celui que je déteste et qui doit mourir ! Contre ce Michael Long !!!
- Gartte, ce n’est pas lui qui a tiré sur ta mère, je le sais. Je connais celui qui l’a...
- Tais-toi. N’essaies plus de m’arrêter. Ca ne peut être personne d’autre. Je le tuerai comme il a tué ma mère.
- Attends, Gartte, je dois te dire... »
Mais Gartte allait déjà vers le garage. Il monta dans Goliath et fonça vers le désert, détour avantageux pour arriver plus vite à la Fondation. Kathleen resta debout, la cheveulure dans le vent, digne et belle. Elle sentit une larme couler. Comment avait-elle pu faire cela ? Mais comment se débarrasser d'Elle autrement ? Elle avait parlé de tuer Gartte. Peut-être n'était-elle même pas sa mère. Une mère ne tue pas son enfant. Elizabeth était un monstre . Kathleen le sourire aux lèvres, à travers la buée de ses larmes, trouva le chemin de la maison et rentra lentement, laissat Eric s'amuser un peu tout seul. Oui, Elizabeth l'avait cherché. Il n'y avait rien à regretter.


*
* *


Fantimius avait retrouvé ses amis. Ceux-ci lui avaient expliqué ce qu’ils avaient vu après qu’il eut narré son aventure. Ils faisaient le bilan des choses.
« Donc Michael Night était avec Stevie. Il a pu bouger entre temps.
- Non, Mickaël, il a bougé. Et on n’a pas su le repérer.
- Pour rentrer à la Fondation, de là où il était, il passe dans le désert. Et Gartte, pour le retrouver, passe dans le désert...
- Conclusion : il faut retrouver Michael avant qu’il ne soit écrabouillé.
- Dans l’ensemble, Romain, c’est ça. Le truc est de savoir avec quoi Gartte compte écraser Michael Night... »


CHAPITRE XI

Deux frères...

 

Le soir tombait. Le coucher de soleil était long par ici. Fantômeland roulait à une vitesse moyenne de cent kilomètres par heure, sur une grande étendue aride.
Romain posa son index sur le petit écran de Fantômeland.
« Là, il y a le signal de la voiture de Michael. Cet inconscient n’a même pas pris Kitt !
- Peut-être pour qu’on ne le repère pas. Eh bien c’est raté, j’avais pensé à ça aussi !
- Le voilà, tout au bout !
- Bien, mais cette poussière là-bas ? La caravane de ce cher Gartte ?
- Non, c’est quelque chose de plus gros, dit Valérie, comme un camion frigorifique, mais encore plus gros, tu vois ?
- Je... je vois, oui ! Regardez l’écran. Vous avez vu le monstre ? »
Goliath arrivait, à toute allure, Gartte au volant bien sûr, qui klaxonnait.
« Il aime bien se faire remarquer, on dirait ! A quelle vitesse va-t-il, Fantômeland ?
- A cent quarante kilomètres par heure.
- Hein ? Cent quarante ! Ce gros mastodonte ?
- Oui, et il accélère ! »
Le camion se trouva bientôt à l’horizon.
«Pensez-vous à la même chose que moi ?
- Il a vu Michael et c’est avec sa machine qu’il veut le tuer, c’est clair.
- Bravo, Mélanie, tu as le droit à un bon point. Fantômeland, enclenche une recherche de la moindre défaillance dans son système.
- Il n’y a rien. Déjà, pas d’ordinateur, il commande tout lui-même.
- Trouve ses points faibles !
- Il paraît invulnérable.
- Cherche quand même ! »
Le camion roulait toujours plus vite, à cent cinquante kilomètres par heure. Il fonçait droit sur Michael, qui avançait dans sa petite Ford bleue. Michael Night avait remarqué Goliath lui aussi mais ne pouvait pas faire grand-chose. Il changeait un peu de direction mais Goliath en tenait compte et rectifiait son propre chemin à chaque fois. Gartte avait un sourire bizarre qui ne le quittait plus. Il avançait en ne faisant attention qu’à une chose : son ennemi et demi-frère : Michael Long. Il voulait venger sa mère et détruire celui qui l’avait soi-disant remplacé. Il n’avait pas remarqué Fantômeland. Il l’avait aperçu mais n’y faisait pas attention. Un visiteur égaré sans doute.
Pourtant, dans la Pontiac, c’était l’effervescence pour trouver un plan de secours. Fantômeland faisait un examen minutieux pendant que la bande réfléchissait. Il fallait trouver vite, chaque seconde comptait. Soudain, Fantômeland intervint :
« Il n’y a pas grand chose. Seul un tout petit point faible. Pour battre Gartte, c’est là qu’il faut viser. Au niveau du réservoir, il y a un endroit qui n’a pas été renforcé.
- Mais nous risquons fort d’exploser en même temps que le camion !
- Non, si tu vas assez vite. Tu n’as pas le choix : ou il explose ou Goliath et moi explosons en même temps. Il n’y a que cette solution.
- Soit, nous allons risquer la chose. »
Le camion fonçait toujours et se rapprochait dangereusement de la voiture de Michael Night. La Pontiac se plaça devant, laissant une chance à Michael de fuir. Gartte fonçait toujours. Il s’occuperait de Michael après. Il écraserait d’abord ce nouvel ennemi. Il n’en aurait sûrement pas pour longtemps. Il accéléra de nouveau, une autre Pontiac qu’il n’avait pas remarqué le suivant de près. Le camion allait écraser la voiture de Fantimius, quand celle-ci fit un écart. Mickaël enclencha un turbo et le réservoir fut touché. Enfin, ils foncèrent très loin.
Si loin qu’ils ne virent pas le camion s’arrêter, en panne et une silhouette blonde saisir le corps de Gartte. C’était Kathleen. Elle avait heureusement fait vite. Quelques secondes plus tard, Goliath explosait dans un énorme bruit.
Gartte dit doucement :
« Merci.
- Ce n’est rien.
- Si si, reprit Gartte, tu m’as sauvé la vie.
- Une telle sincérité ne te ressemble pas !
- Ca me passera... »
Kathleen laissa son frère sur un buisson, à moitié inconscient, à l’attention des gendarmes puis repartit chez elle avec Éric.
La nuit tomba. Les policiers arrivèrent peu de temps après, prévenus par Fantimius, lequel s’était éclipsé, une fois de plus...


EPILOGUE

Retour à l'école...

 

Les amis étaient déjà de nouveau au collège, après ces vacances fort mouvementées. Ils retrouvèrent leurs amis, leurs ennemis et leur cher professeur d’histoire.
« Bonjour, tout le monde ! Comme vous le voyez, je ne me suis pas trop fait mal à la neige. C’est le bras droit et je suis gaucher. Je pourrai donc corriger cette superbe interrogation...
- M’sieur !
- Oui, Romain ?
- Moi, je propose une chose. C’est qu’on laisse l’interrogation à Marylyn puisqu’elle aime tant ça et qu’on aille en classe de neige.
- Désolé. Ce sont les quatrièmes qui partent en classe de neige. Et puis c’est en janvier. Fais donc ton devoir. »
A la récréation, on ne parlait que de l’événement des vacances : l’arrestation d’un grand bandit américain par le justicier français Fantimius.
Gartte fut emprisonné après jugement au pénitencier de Pouléville, dans le désert. Le rôle d’Elizabeth fut bien sûr pris en compte. La vie à la Fondation avait repris le cours normal des choses. Mickaël devait juste un peu moins s’amuser avec sa copine et plus travailler... Kathleen, que personne n’avait remarqué, reprit sa vie tranquille, chez elle, avec Éric.

On ne sut jamais qui avait tué Elizabeth Night...


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© Onyssius, 2003, in Le Monde d'Ondinaphaë.

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