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Section Le Caméléon (The Pretender)

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Mieux vaut tard que jamais (partie unique)

Auteur : Cebe89 ( cebe898@yahoo.fr )

Où le situer : Il se situe après IOTH

Genre : Action, Romance J & P, Drame

Personnages : Les persos évoqués (Jarod, Parker, Raines, Lyle, Sam, Catherine, Sydney, Broots, ...) sont les personnages habituels du Caméléon, cf disclaimers.

Disclaimers : Bien entendu ni l'auteur de la fic ni l'auteur de ces pages web ne touchent un sou pour cette fic et cette publication... Les personnages de tP ne nous appartiennent (malheureusement) pas, ils sont à Craig W. Van Sickle et Steven Long Mitchell, et les droits aux chaînes possédant la série (cad TNT logiquement, entre autres).

Résumé : Jarod perd quelqu'un dont il est très proche

Notes : Note de l'auteur, mise en place de la fic : " (pas de note particulière) "

Notes de Syd : Vala, mes commentaires sont en vert comme d'hab'.

Je tenais à remercier chaleureusement Cebe89 de m'avoir proposé ses fics pisque je n'aurais pas osé lui demander même si ça me démangeait ;o) Vive le Nord au passage ;o) Et puis Cebe, tu deviens une amie à peine débarquée (enfin là ça fait un moment LOL) sur The Centre Forum, il en faut des nouveaux comme toi :-) Je t'adore, petite "exilée", et puis tu comprends bien mes délires à la noix sur Onyssius LOL J'aime aussi nos conv. Ok, pour tt le monde, c'est un message perso seulement je n'ai pas mis à jour les dédicaces sur Onyssius alors que j'ai bcp de choses à raconter :-) (pis j'suis sur mon site, na ! *smiley qui tire la langue avec un air malin à la Donald-le-jour-unique-où-il-roule-Picsou LOLLL les fans de Dooooonnnnn comprendront - ok, y'en a pas lourd, tant pis pr ceux qui connaissent pas Don Rosa *)

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Partie 1 :

- Bonjour les enfants ! Je m’appelle Jarod Frit et je suis ici pour aider votre maîtresse.

J’avais obtenu ce job il y a à peu près une semaine après m’être occupé d’une jeune femme, Emilie, qui avait subi un choc émotionnel. Son petit ami s’était pendu parce qu’il n’arrivait plus à faire face aux nombreuses dettes qu’il devait rembourser. Pour la jeune femme, ça avait été terrible et elle avait été à deux doigts de suivre le même chemin que son ami mais j’avais réussi à la convaincre qu’il y avait des choses sur cette terre qui valaient la peine d’être vécues. J’avais réussi à lui faire accepter la mort et à essayer de régler ses problèmes autrement. Et puis lorsque je lui ai rappelé sa classe de CP, à qui elle enseignait depuis le début de l’année, j’ai su que j’avais touché son point faible. Une larme avait apparu au coin de ses yeux et elle avait décidé de se battre pour eux. Elle m’avait juste demandé de l’assister pendant les deux semaines suivant son deuil pour être sûre qu’elle arriverait à faire face à tout ça. J’avais bien sûr accepté avec joie.

- Votre maîtresse est de retour et je vais rester deux semaines avec vous pour voir comment se passe vos journées. Vous êtes d’accord ?

Les enfants parurent enchantés, ce qui me fit sourire.

- Tout d’abord, puisqu’on va être ensemble pendant deux semaines, est-ce que vous avez des questions à me poser ?

Les cinq tables, avec cinq enfants attablés à chacune d’elles, étaient disposées de façon à ce que personne ne tourne jamais le dos au professeur. Une dizaine de doigts se levèrent et je donnai la parole à une petite fille sur ma droite.

- Oui, euh… Jessica, dis-je en jetant un œil sur le plan de table que j’avais fait auparavant.
- Euh… pourquoi vous êtes ici ?
- Et bien, je suis venu regarder comment se débrouillait votre maîtresse face aux petits monstres que vous êtes.

Les enfants rigolèrent et une autre main se leva.

- Oui… Jack ?
- Euh… vous avez quel âge ?
- J’ai 35 ans… Et oui, c’est vieux ajouté-je en voyant les mines des enfants, étonnés qu’on puisse avoir autant d’années.

- Oui… Paul ?
- Euh… vous avez une femme ?

Je souris à cette question.

- Non, Paul, je ne suis pas marié.
- Vous êtes amoureux ? Demanda alors une petite fille sur la première table à ma gauche.

Je souris à nouveau.

- Bon, aller les enfants, assez de bavardages, il faut travailler maintenant ou alors, on arrivera jamais à faire tout ce qu’on doit faire aujourd’hui.

Emilie sourit aussi à cette question. La spontanéité des enfants était quelque chose de tellement précieux. La réponse sembla leur convenir et pour moi, c’était parfait !

* * *

J’avais décidé d’appeler Parker ce soir là, de lui rappeler l’innocence des enfants et m’installai donc sur mon lit, les chaussures enlevées, bien confortablement installé.

- Quoi ? Dit la voix de Parker à l’autre bout du fil.

C’était toujours le même « quoi » mais la force n’y était plus.

- Les enfants sont vraiment des cadeaux…

Je l’entendis soupirer et je l’imaginais en train de reposer le verre de vodka qu’elle tenait dans la main, en train de contourner ensuite son bureau pour aller s’effondrer sur son fauteuil et poser ses jambes sur son bureau.

- Tu es devenu sage-femme ?
- Hum… pas aujourd’hui mais… c’est vrai que ça doit être pas mal comme métier, il faudra que j’y songe un jour. Mais tu dois connaître ça non, même si ce n’est pas ton métier… de mettre un enfant au monde… c’est ce que tu as fait pour ton petit frère, non ?
- Oui, et j’ai bousillé mon chemisier…

Je savais qu’elle avait été très émue de mettre son petit frère au monde mais elle préférait se faire arracher la langue plutôt que de l’admettre devant moi. Je n’insistai pas.

- Et toi sinon, quoi de neuf ?
- La traque quotidienne, qu’est-ce que tu veux que je te dise. Ma vie est un enfer mais ça, tu le sais déjà.
- Et tu sais aussi ce que je te répondrais.
- Et tu sais aussi que c’est précisément pour ça que tu vas tenir ta langue aujourd’hui et me donner un jour de répit.
- Je pensais que c’était à moi de demander les jours de répit ?
- Oui mais là, c’est différent.
- Et pourquoi ?
- Parce que tu n’es pas en mesure d’exiger quoique ce soit… si tu n’es pas content, tu n’as qu’à revenir au Centre.

Je savais que si elle me demandait de la ménager aujourd’hui c’est que Raines ou Lyle avaient encore dû faire des siennes… Un jour je la sortirai de là…

- Prends soin de toi, avais-je dit avant de raccrocher.

* * *

Le lendemain, Emilie et moi avions emmené les petits faire un tour dans la forêt, histoire de leur faire découvrir la beauté de la nature. Après une autre journée passée avec les enfants, j’étais confortablement assis dans un fauteuil dans ma chambre d’hôtel à San Fransisco lorsque l’idée m’est venue de rappeler Parker. J’avais juste envie d’entendre sa voix.
J’ai donc composé le numéro tellement connu et j’ai attendu. La première chose qui m’a étonné, ce sont les cinq longues sonneries avant que quelqu’un se décide enfin à décrocher. D’habitude, elle saute tout de suite sur son portable…

- Sydney à l’appareil.

Il avait une voix faible, sans intonation, comme s’il eût répété un refrain trop connu.

- … Sydney ? Oh, je suis désolé, j’ai dû me tromper de numéro, je pensais avoir appelé Mlle Parker.
- C’est le cas.

Il avait une drôle de voix et semblait complètement épuisé.

- Vous allez bien ?

Je l’entendais respirer difficilement et déglutir péniblement.

- Jarod… je… c’est fini, elle est partie…
- Quoi ?!
- Je suis désolé.
- Attendez, de quoi parlez-vous ? Où est-elle partie ? Je ne comprends pas. Passez-la moi, Sydney, je voudrais lui parler.
- … Jarod… c’est fini. Elle est partie, tu ne pourras pas lui parler, ni maintenant, ni jamais. Elle… elle est morte. Elle s’est suicidée.

L’information avait rebondi dans mes oreilles mais n’avait pas pu pénétrer dans mon cerveau – du moins, je ne l’avais pas laissée rentrer.

- Quoi… ?

Ma voix était déjà plus faible et je sentais une grosse boule se former dans ma gorge.

- Je suis désolé Jarod.

J’avais raccroché, je n’avais pas la force d’entendre les détails de l’histoire. J’aurais tout le temps plus tard… Pas maintenant. Je ne savais plus où j’en étais. Je n’arrivais plus à distinguer la limite entre la folie et la raison… Je titubai jusqu’à mon lit et m’effondrai dessus, la tête enfouie dans l’oreiller.

* * *

Tout cela, c’était il y a deux jours. J’ai pleuré. J’ai tellement pleuré que je ne me reconnais plus dans la glace. J’ai les yeux gonflés, tout rouges et j’ai les traits du visage durcis. Ca fait deux jours que Sydney m’a annoncé la terrible nouvelle et je n’ai pas encore trouvé le courage de le rappeler pour en savoir plus. Ca m’avait anéanti et j’avais dû prévenir Emilie que je ne pourrai pas venir dans sa classe. Je ne lui avais pas dit ce qui s’était passé, juste que quelque chose de grave était arrivé mais que je ne pouvais pas le lui dire tout de site, qu’il fallait d’abord que je m’occupe d’autres choses. Elle n’avait pas insisté mais m’avait fait promettre de ne pas faire de bêtises et de venir la voir lorsque j’aurais réglé mes affaires.

* * *

Aujourd’hui, le troisième jour après la mort de Parker, je décide d’appeler Sydney. Il faut que je sache… c’est vital.

- Sydney à l’appareil.
- Sydney… c’est… c’est moi.

Ma voix était rauque et à peine audible.

- Comment vas-tu, Jarod ?

Je ne réponds pas.

- Comment… pourquoi est-ce qu’elle a fait ça ? Demandé-je.

Je ne pouvais pas tenir plus longtemps.

- Elle a pris le pistolet que Raines a utilisé pour exécuter sa mère. Elle… elle l’a fait chez elle, tenant la photo de sa mère dans les mains.

Je me force à résister à la tentation de raccrocher et de me précipiter sur mon lit pour mourir de chagrin.

- Jarod… je, je suis arrivé là bas le premier. C’est moi qui ai découvert… son corps inerte.

Un sentiment d’admiration pour Sydney m’envahit soudain. C’est lui… c’est lui qui a dû faire face au corps ensanglanté de Parker, c’est lui qui a dû annoncer la terrible nouvelle à tout le monde. (En fait, en y réfléchissant bien, il n’y a que pour Broots et moi que la nouvelle a été terrible…)

- Comment était-elle ? Demandé-je.
- … Euh… Elle avait un tailleur bleu foncé avec un chemisier blanc et…
- Non, je ne parle pas de comment elle était habillée. Comment était-elle… avait-elle l’air heureuse ?

Il reste muet quelques instants, semble réfléchir et dit :

- Oui, maintenant que tu me le demandes, je pense bien qu’il y avait un léger sourire sur son visage. Elle avait l’air paisible.
- Tant mieux, murmuré-je.
- Tu sais, Jarod. Elle est peut-être mieux là où elle est qu’au Centre.

Oui, c’est sûr mais je ne veux pas le lui dire. Je ne veux même pas y penser mais… il va bien falloir que je me l’avoue un jour. Oui, il faut que je paie ! C’est de ma faute si elle était toujours au Centre. Je sais bien que même si j’étais rentré, ils ne l’auraient pas laissé partir pour autant mais j’aurais au moins pu… J’aurais au moins dû essayer de la sortir de là. J’y ai pensé hier et un sentiment affreux de rage envers moi-même s’installe. C’était facile de penser « Un jour, je la sortirai de là » mais voilà, maintenant c’est trop tard !

- Oh, Jarod, avant que j’oublie, lorsqu’elle… enfin lorsque je suis arrivé chez elle et que je l’ai découverte gisant par terre, elle tenait une enveloppe à la main. Une enveloppe… marquée à ton nom…

L’information pénètre en trombe dans mon cerveau. Une enveloppe ? A mon nom ?

- Vous voulez dire qu’elle m’a écrit une lettre avant de mourir ?
- Oui.

Je vais pouvoir voir son écriture pour la dernière fois, je vais pouvoir respirer son parfum pour la dernière fois, je vais pourvoir avoir l’impression qu’elle vit toujours… J’ai encore un contact avec elle !

- Quand est-ce que je peux avoir cette enveloppe ?
- Et bien, il serait trop risqué que tu viennes à Blue Cove, je vais te l’envoyer à partir du bureau de poste. Tu n’as qu’à me donner ton adresse.

Après lui avoir donné mon adresse, je suis frappé par un sentiment de peur et mon estomac se tord.

- Sydney, qui est au courant de cette lettre ?
- Personne. Même pas Broots.
- Comment va-t-il ?
- Il est aussi effondré mais il s’en sortira…

Je le coupe avant qu’il ne pose la question à laquelle je ne veux pas répondre.

- Essayez de me l’envoyer au plus vite, Sydney. Je vous remercie d’avance.
- … oui, très bien. A bientôt Jarod et… promets-moi… Je voudrais que tu me promettes que tu ne feras pas de bêtises… s’il te plaît. Non, je suis sérieux, Jarod, ajoute-t-il après mon soupir. Je suis sûr que quelle que soit la raison pour laquelle Mlle Parker se soit suicidée (et Dieu sait qu’il y en a) elle ne voulait pas que tu la suive dans sa décision.

Je reste silencieux un instant.

- A bientôt Sydney, dis-je avant de raccrocher.

Une lettre. Mlle Parker m’a écrit une lettre. Pendant les deux jours qui suivirent, ma vie ne se résuma qu’à l’attente de cette lettre. Je vérifiais ma boîte aux lettres environ cinq fois par jour et je faisais les cent pas dans ma chambre en me demandant ce qu’elle avait bien pu m’écrire.

* * *

« Driiiiiing »

La porte d’entrée. Je cesse de faire les cents pas et ouvre la porte. Emilie se tient sur le palier, avec un bouquet de fleurs. Je ne peux m’empêcher de sourire.

- Je suis désolé, j’aurais dû t’appeler… m’excusé-je.

Elle me sourit en guise de réponse et rentre chez moi.

- Alors, dit-elle en se retournant vers moi, vas-tu te décider à me dire ce qui ne va pas ? Aurais-tu oublié que tu m’as sauvé la vie il n’y a pas moins de deux semaines ? Tu voudrais que je fasse quoi ? Que je ferme les yeux ? Allons, je vois bien que ça ne va pas…
- D’accord… assieds-toi. Tu veux boire quelque chose ?
- Non merci.

Je la fais asseoir sur mon canapé et m’assois à côté d’elle.

- … Quelqu’un… quelqu’un à qui je tenais beaucoup… est mort. Elle… elle s’est suicidée en se tirant une balle.

Emilie se passe la main sur le visage et un air grave s’installe sur son visage.

- Ecoute Jarod, je comprends très bien ce que tu ressens et, tout comme tu l’as fait pour moi il n’y a pas longtemps, je te demanderai de te battre et de surmonter cette peine. Je sais que tu peux y arriver et je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire mais tu n’as pas le choix.

Je la regarde. Si, j’ai un autre choix. Comme un écho à mes pensées, son regard se repose sur moi et elle me fixe dans les yeux.

- Non Jarod. Tu ne vas pas prendre ce chemin.

Je sens la douleur remonter en moi.

- Mais c’est de ma faute si elle s’est suicidée.
- Arrête de dire des bêtises. Ce n’est pas toi qui as appuyé sur la gachette, quand même ? Alors ne sois pas idiot et ressaisis-toi.

Je suis là, à moitié conscient, à moitié ailleurs à lutter contre les larmes qui envahissent mon cœur, mon âme, mes yeux…

- MAIS TU NE COMPRENDS PAS ?! Hurlé-je. JE NE LA VERRAI PLUS ! JE NE L’ENTENDRAI PLUS ! JE NE SERAI PLUS JAMAIS PRES D’ELLE ! JE NE RESPIRERAI PLUS JAMAIS SON PARFUM ! JE NE L’ENTENDRAI PLUS JAMAIS PARLER ! JE NE L’ENTENDRAI PLUS JAMAIS RIRE ! JE NE LA VERRAI PLUS JAMAIS SOURIRE ! Je…

Je m’arrête en voyant les larmes dans ses yeux.

- Tu crois que je n’ai rien ressenti quand Max est mort ? Me demande-t-elle, la voix étranglée par les larmes. Tu crois que je n’en ai pas voulu à la terre entière ?

Je baisse les yeux et m’effondre à terre. Je n’ai plus la force… Je ne veux pas me relever, je ne veux plus voir le monde, je ne veux plus rien voir, plus rien entendre que Parker… Emilie, et je lui en suis reconnaissant, n’essaie pas de me consoler. Elle me regarde, moi, agenouillé par terre, la figure entre les mains, secoué par les sanglots.
Je n’avais encore jamais ressenti une telle douleur, un tel chagrin. Lorsque Kyle est mort, c’était totalement différent : je ne le connaissais pas très bien et je n’avais pas passé mon enfance, je n’avais pas fait mes premières bêtises, je n’avais pas découvert certaines choses de la vie à ses cotés…

Emilie sort un mouchoir de son sac et me le tend.

- Merci, murmuré-je en le prenant.
- Je… je vais te laisser. Appelle-moi si jamais… si jamais tu as envie de parler. Au fait, ajoute-t-elle en sortant une enveloppe de son sac, il y avait ça dans ta boîte aux lettres. C’était mal mis et ça a failli tomber.

Je suis secoué de spasmes alors que je reconnais l’écriture de Parker sur l’enveloppe.

Partie 2 :

Jarod,

Si tu lis cette lettre, c’est que j’ai déjà dû passer à l’acte. J’avais prévu ça depuis quelques temps déjà. Tout d’abord, je voudrais m’excuser pour tout ce que je t’ai fait depuis que tu t’es échappé. C’est la meilleure chose qui te soit arrivée et j’ai tout gâché en te courant après. Tu ne peux pas savoir comment je m’en veux. Tu as droit à la liberté plus que n’importe qui au monde.

Ensuite, je voudrais te demander de ne pas être triste. Ce que tu m’as dit dans la voiture qui nous ramenait de Carthis m’a beaucoup touchée et m’a fait prendre conscience de choses que je maintenais enfouies tout au fond de moi. Je suis rentrée chez moi très perturbée et j’ai beaucoup réfléchi. J’ai réalisé ce qu’avait été ma vie au cours de ces cinq dernières années et j’ai failli vomir.

J’en ai assez de faire l’autruche, de regarder Raines bousiller la vie de centaines de gens et surtout de te courir après. J’ai réalisé que depuis toujours je suis du « mauvais côté de la barrière » et que je me voilais la face. J’aurais dû te dire tout ça il y a très longtemps mais je n’ai jamais trouvé le courage. J’ai gâché ton bonheur d’être libre et je n’arriverai jamais à me le pardonner. J’ai pensé à mettre une bombe au Centre mais ça détruirait les archives avec toutes les informations sur ton passé. J’ai pensé à tuer Raines mais le courage m’a quittée il y a déjà bien longtemps. Je n’avais plus qu’une seule solution…

De plus, je suis tombée sur les photos de Maman, papa (oui, peu importe qu’il soit mon père biologique ou non, c’est comme ça que je l’ai toujours vu et c’est comme ça que je le verrai toujours) et de Tommy. Je me suis sentie si mal de penser qu’ils avaient sacrifié leurs vies pour moi, pour que je sois heureuse. Maman a aussi sacrifié la sienne pour te sortir de ce trou qu’est le Centre et je n’ai pas supporté l’idée de penser que j’avais fait tout mon possible pour te ramener.

J’en arrive à en avoir honte de moi et je crois que je n’arriverai plus jamais à te parler ni même te regarder en face. J’ai été si stupide et je m’en veux terriblement. Et puis, en faisant l’inventaire de mes sentiments, j’ai réalisé quelque chose qui était au fond de moi depuis très, très longtemps. Oui, je ne te l’ai jamais avoué mais je suis tombée amoureuse de mon meilleur ami. Dès que je l’ai vu derrière la vitre de simulation, j’ai été frappée par ses yeux et sa tristesse mais je détournais mon regard. Et puis ce petit garçon a grandi et les choses entre nous ont changé. Beaucoup de choses ont changé : nos vies, nos pensées, nos valeurs, nos espoirs mais il y a des choses qui ne peuvent pas bouger. Des choses qui sont ancrées à l’intérieur de nous et que l’on ne peut déloger peu importe le mal qu’on se donne pour le faire. Mes sentiments envers toi font partie de ces choses. Oui Jarod, aussi étrange que cela puisse te paraître, je t’ai toujours aimé et le sentiment d’avoir gâché ta vie en est d’autant plus insupportable. Je sais ce que tu me dirais, que l’on peu toujours tout changer, que l’on a toujours une deuxième chance. Et je sais, au fond de toi, que tu me pardonnerais. Mais je ne peux me résoudre à accepter ton pardon alors que je ne me l’accorde pas à moi-même. Je t’aime Jarod et où que j’aille ensuite, tu auras toujours une place dans mon cœur.

J’espère que tu recevras cette lettre parce que c’est très important pour moi que tu le saches. Je voulais te le dire, dans notre dernière conversation téléphonique, mais je n’ai pas trouvé le courage et j’avais peur que tu te précipites chez moi pour m’en empêcher et que tu te fasses attraper par le Centre. Je vais maintenant mettre fin à ce cauchemar qui me hante depuis si longtemps et aller rejoindre Maman. Je pense que je serai mieux là haut qu’ici de toute façon…

Je vais te laisser mais avant, je voudrais encore une chose. C’est la dernière faveur que je te demande ; je sais que tu as déjà fait beaucoup pour moi. Je voudrais que tu me promettes de te battre. Lyle et Raines vont redoubler d’efforts pour t’avoir et c’est la dernière chose que je veux. Je n’ai plus la force de me battre mais je te donne tout ce qui me reste pour continuer à fuir le Centre et ses projets diaboliques. Ne laisse pas le Centre t’avoir comme ils ont eu Maman, papa et Tommy. Je sais que tu y arriveras. Fais tout ce que tu peux pour contacter ta famille et ne laisse pas le Centre manipuler ta vie comme ils le veulent. Ils le font depuis trop longtemps…

Sois heureux, tu le mérites. Je te souhaite de tout mon cœur de retrouver ta famille. Ne sois pas triste à cause de moi, je vais être heureuse avec Maman. Tu n’aurais rien pu faire, ni pour empêcher mon malheur, ni pour m’empêcher de faire ce que je vais faire. Tu n’y es pour rien.

Je regarde ta photo pour la dernière fois, pour être sûre d’emporter avec moi ton visage.

Je t’aime mon amour.

Parker.



Mes larmes tombent maintenant sur le papier et font des nuages sur les mots. Je referme la lettre si précieuse et la dépose sur la table. Je m’assois sur la première chaise que je vois et me vide de toutes les larmes que je retenais.

* * *

Aujourd’hui, c’est mon dernier jour avec Emilie. Elle a réussi à reprendre le dessus et se débrouille très bien avec ses élèves. Je l’ai appelé et nous avons beaucoup parlé. Je lui ai raconté mon histoire, partiellement bien sûr, qui pourrait comprendre ? Et puis j’ai décidé qu’il était temps pour moi d’aller me recueillir sur la tombe de Parker et d’aller voir Sydney.

C’est la fin de la journée et je suis donc en face des petits CP qui me regardent tous avec des grands yeux.

- Bon ben… aujourd’hui, c’était mon dernier jour avec vous parce que demain, je rentre.
- Vous rentrez où ? Demande un petit garçon.

Je réfléchis quelques instants et dis :

- Chez moi. Mais avant de partir, je voudrais vous dire quelque chose. Quelqu’un que j’aimais beaucoup est mort il y a trois jours. Je ne lui avais jamais dit que je l’aimais et maintenant, je me sens très mal parce que je ferais n’importe quoi pour pouvoir revenir en arrière et lui dire tout ce que je ne lui ai pas dit. Mais c’est trop tard. J’aimerais que vous fassiez quelque chose pour moi. Vous voulez bien ?

Toutes les têtes hochèrent ensemble.

- Je voudrais que ce soir, dès que vous rentrerez chez vous, vous disiez à un de vos proches ce que vous pensez de lui. Votre maman, votre papa, vos frères et sœurs, un ami, peu importe mais je veux que vous lui disiez que vous l’aimez. C’est très important de dire aux gens qu’on les aime parce que même si nous, on en est sûrs, eux ne peuvent pas le deviner…

Les enfants me regardent, étonnés qu’on puisse donner un tel devoir mais se taisent. Ils ont l’air d’avoir compris que quelque chose de grave était arrivé.
J’aperçois Emilie écraser une larme et se ressaisir en distribuant la suite du travail prévu pour le lendemain.

- A un de ces jours, alors, dis-je en leur faisant au revoir.

Puis je me tourne vers Emilie qui me regarde dans les yeux. Puis je la prends dans mes bras et elle me souffle à l’oreille :

- Je ne te remercierai jamais assez pour ce que tu as fait pour moi. Merci beaucoup, Jarod. J’espère que tout va bien se passer pour toi…

Je lui souris.

- Ne t’en fais pas, je ne me jetterai pas du haut du pont si c’est ce dont tu as peur.

Elle sourit et se tourne vers ses élèves.

- Allez, dites au revoir à Jarod.
- Au revoir, Jarod, répondent-ils tous en chœur.

Je me glisse au dehors de la classe et poursuit mon chemin jusqu’au dehors. Je respire un grand coup et ne peux m’empêcher de penser que Parker ne respire plus.
Ma douleur ne s’est pas atténuée mais elle n’a pas empiré. Je suis heureux qu’elle m’ait dit ce qu’elle avait sur le cœur mais je regrette terriblement de ne pas avoir eu le courage, dans cette foutue voiture, de lui dire ce que je ressentais pour elle. Parce que j’ai compris, en lisant ses propres mots que moi aussi je l’avais aimée du plus profond de mon âme depuis le premier jour.

Elle restera toujours la première lumière que j’ai eue dans ma cellule au Centre…

Je me dirige vers le parc public où je vais sûrement marcher au bord du fleuve et penser à ma situation. Elle était ma raison de vivre mais il faut que je me batte. Si c’est ce qu’elle veut, je le ferai pour elle. J’ai une furieuse envie de me noyer dans le ruisseau mais je tiens bon.

Si je meurs aujourd’hui… ce sera de chagrin…

 

A suivre

 

Pour m'envoyer vos fanfics (tous formats compatibles avec les logiciels courants de Windows - même Xp, pas de pb), écrivez-moi : delphinevb@chez.com . En général, je m'efforce de lire très vite les textes qu'on m'envoie, même si je ne les publie pas aussitôt (cause forfait, et puis travail aussi ;-) ...), afin de proposer un petit commentaire (un auteur attend généralement des feedbacks, j'en sais qqch...).

Sydnette la Psy Caméléonne.

 

© Onyssius, 2003, in Le Monde d'Ondinaphaë.

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