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Section Le Caméléon (The Pretender)

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Deux mondes à part (partie unique)

Auteur : Cebe89 ( cebe898@yahoo.fr )

Où le situer : Il se situe après "Donoterase" ("Donoterase" - # 3-21 et 22)

Genre : Psychologie

Personnages : Les persos évoqués (Jarod, Parker, Raines, Lyle, Sam, Catherine, Sydney, Broots, ...) sont les personnages habituels du Caméléon, cf disclaimers.

Disclaimers : Bien entendu ni l'auteur de la fic ni l'auteur de ces pages web ne touchent un sou pour cette fic et cette publication... Les personnages de tP ne nous appartiennent (malheureusement) pas, ils sont à Craig W. Van Sickle et Steven Long Mitchell, et les droits aux chaînes possédant la série (cad TNT logiquement, entre autres).

Résumé : C'est une fine analyse psychologique du personnage de Mlle Parker.

Notes : Note de l'auteur, mise en place de la fic : " (pas de notes particulière) "

Notes de Syd : Vala, mes commentaires sont en vert comme d'hab'

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Je suis perdue. Je rêve. Non : je cauchemarde. Pire que ça, je dois être en enfer. Ce n’est pas possible. C’est humainement impossible – ce qui, concernant Raines, n’est pas un argument. Je viens, une fois encore, de découvrir un des innombrables ignobles actes de Raines. Mais cette fois-ci, ça dépasse l’entendement. Ca dépasse vraiment tout. Il s’est pris pour Dieu, ou plutôt pour Satan. Il a voulu créer un être humain ! Comment ? Comment ose-t-il même penser qu’il a le droit de faire une chose pareille ? Qui est-il pour décider de mener des expériences encore trop peu connues sur des être humains ? Il n’en connaissait pas les effets ! Il ne savait pas ce que cela pourrait entraîner comme conséquences sur les femmes porteuses qu’il a sélectionnées ? Il ne s’est même pas soucié des effets que cela pourrait avoir sur l’être crée ! C’est… Je ne trouve plus mes mots.

Broots et moi avons complètement perdu toute notion du temps et de l’espace en découvrant cette horrible salle. Des rangées entières avec des dizaines et des dizaines de bocaux remplissaient la salle. Dans ces bocaux, une espèce de forme immonde légèrement teintée de rose semblait flotter dans un liquide vert et visqueux. On pouvait apercevoir par ci ou par là des morceaux de bras, de nez, d’œil. Toutes ces expériences ratées qu’il a voulu conserver pour les étudier ensuite… Je ne me risque même pas à me demander si ces choses dans ces bocaux sont… vivantes. J’ai eu une poussée de nausée qui m’est remontée et j’ai dû ramener ma main à la bouche pour être sûre de ne rien laisser sortir. Quand je pense à toutes ces pauvres femmes à qui il ne s’est même pas soucié de dire ce qui les attendait, qu’il a ramassées dans les rues, dans les hôpitaux en se faisant passer pour un de leur proche ou pour les services sociaux. Je ne sais pas si je dois vomir, pleurer, crier de rage, m’effondrer par terre ou me tirer une balle – c’est dire si je suis perdue.

J’ai vraiment sous-estimé Raines – ce que je dois apprendre à ne plus jamais faire de nouveau. Mais… comment aurais-je pu seulement penser qu’il puisse un jour en arriver là ? On n’en sait pas assez sur ce sujet pour risquer de causer des dégâts irréversibles. Comment pensez-vous que cet être va réagir lorsqu’on lui dira qu’il n’a ni parents, ni passé, qu’il n’est pas issu d’un processus normal mais qu’il a été crée tout bonnement pour en remplacer un autre, qu’il a été crée pour servir, que ce n’est pas lui le vrai Jarod… ? Non ! Raines a vraiment dépassé les limites – si l’on considère que de tenir enfermé des gens pour exploiter leur cerveau est à l’intérieur des limites.
D’accord c’est un pas énorme pour le progrès de la science mais où va-t-on ? Si l’on décide de cloner des gens avec un QI exceptionnel, que fera-t-on lorsque ces clones prendront le dessus sur nous, être humains ? Lorsque la création se retournera contre le créateur ? Lorsque la création aura compris qu’il est supérieur aux autres ? Et puis, on nage en pleine science fiction, là !

J’ai besoin d’air… Je vais m’évanouir, c’est inévitable… Je suis dans mon bureau mais je ne le reconnais plus. Mon bureau sur lequel sont posées toutes sortes d’objets ne me semble plus familier. Je recule avec horreur. Tout me semble étranger. J’ai mal à la tête. Les murs se rapprochent… je m’étouffe… au secours… j’ai envie de vomir… Je me précipite autant que je peux hors de mon bureau et je sens mes jambes trembler. Je ferme les yeux… je titube et cherche à tâtons la sortie… Bon sang ! Où est la porte de sortie ? « Vous vous sentez bien, Mlle Parker ? » me demande une voix que je ne reconnais pas. Est-ce que j’ai l’air de bien aller ?! C’est une question digne de Broots, ça !!
J’ouvre les yeux avec un effort exceptionnel et j’aperçois la lumière verte du panneau « exit » situé juste au-dessus de la porte de sortie… Je vais y arriver… plus que trois mètres… plus que deux…

Je suis enfin dehors ! Je remplis mes poumons et prends le temps de m’appuyer contre le mur du Centre pour reprendre mes esprits. Je tremble de tous mes membres et je ne reconnais plus les alentours du Centre. Je marche, je marche et puis comme les images de tout à l’heure me remontent à l’esprit, je me mets à courir pour fuir. Oui, c’est ça, je fuis. Partir le plus loin possible de cet endroit. Mais plus je m’éloigne, plus je le sens qui me rattrape, c’est horrible. Où est-ce que je eux aller pour ne plus penser à ça ? Où suis-je en sécurité ? Je continue de courir mais mes jambes me font mal. J’ai eu la mauvaise idée de mettre une jupe courte qui m’empêche de courir normalement. J’ai des crampes partout. Tant mieux. Au moins je peux me concentrer sur ma douleur.

Soudain, je me rends compte que je suis sur une place publique. Je ne la connais pas. Un banc en face de moi semble me tendre les bras et je m’écroule sur lui. Je reprends mon souffle et me penche en avant. J’ai une furieuse envie de donner des coups de pieds et des coups de poing sur le banc. Je me ferais mal et justement. J’ai de plus en plus mal au ventre et je sens la sueur perler sur mon front. Je tremble et j’ai vraiment envie de vomir mais rien ne sort.
Je m’appuie sur le dossier du banc et pose ma tête les yeux levés vers le ciel. Le soleil brille et ça ne fait qu’augmenter mon mal de crâne. Le vent sur mon visage me calme et je reprends doucement mes esprits. Je ferme les yeux et essaye de m’imaginer dans un grand jardin fleuri, avec maman. Nous marchons côte à côte, main dans la main. J’ai huit ans et j’ai un sourire jusqu’aux oreilles. Je suis heureuse. Un petit oiseau d’un bleu éclatant vient se poser tout près de nous, sur une fontaine et se douche en s’ébouriffant de temps en temps.
« Tu pourrais quand même acheter les courses pour ce soir, je rentre tard après ma réunion. Tu exagères. Tu crois que je n’ai que ça à faire ?... Mais non mais c’est exceptionnel aujourd’hui, j’ai une réunion avec mon patron et je rentrerai tard… »

J’ouvre les yeux. Une femme, la quarantaine, passe près du banc sur lequel je suis avachie avec son portable à la main. Je souris amèrement.
« Maman, maman, je peux avoir une glace ? S’il te plaît… » « Non, tu ne vas plus rien manger ce soir ! » « T’es méchante, moi je veux une glace ! » Je tourne la tête. Une femme, cheveux courts, blonds, traîne sa petite fille par la main. La petite fait une grimace et se met bientôt à pleurer. « Non, non, écoutez… Non ! A ce prix là, je n’achète pas, je suis désolé… » Un monsieur d’une cinquantaine d’années s’agite un peu plus loin, son portable également à la main. Il porte un costume cravate et d’innombrables rides ornent son visage. « Merde ! Ils ne peuvent pas faire ça plus loin ? » Je tourne brutalement la tête pour observer un jeune homme essuyer sa basket sur la pelouse. Il vient de marcher sur une crotte de chien… « Tu crois que ça sera encore ouvert ? » « Je n’en sais rien mais ça m’étonnerait, il est bientôt six heures… » Deux adolescentes se pressent, deux sacs dans chacune de leur mains, les yeux rivés sur le store d’une boutique de fringues encore levé. Je soupire et tourne la tête vers la droite. Deux hommes sont en train de se disputer pour une place de parking. « Excusez-moi monsieur mais j’étais là avant vous ! » « Mais enfin, ça fait cinq minutes que je suis là, à attendre que la voiture qui était là avant veuille bien sortir de cette place ! ».

Alors que je regarde ces scènes banales d’une place de passage aux heures d’affluence, je suis prise par un étrange sentiment. Ces gens ne semblent pas mesurer l’importance de ce qui se passe à quelques mètres d’ici… Evidemment… qui pourrait se douter… ?
Ils sortent du bureau, de l’école, font le chemin jusqu’à leurs maisons mécaniquement. Ne se soucient guère de ce qui se passe autour d’eux. Ils sont mécontents parce que leur conjoint n’a pas fait les courses ; parce qu’ils sont fatigués et que leurs enfants les épuisent ; parce que leurs vendeurs demandent soudain une augmentation puisqu’ils ont vu, la veille, que les taxes avaient augmentées ; parce qu’ils en veulent aux crottes de chiens de se glisser, comme par hasard, sous leurs chaussures quand ils marchent ; parce que leur boutique préférée ferme à 17h50 au lieu 18h00, où parce que la place en face de chez eux est prise et qu’ils ont la flemme d’aller se garer trois mètres plus bas.
J’ai l’impression d’appartenir à un autre monde. Le monde du Centre.

Ca me rappelle un passage d’un livre que j’avais lu :
« Comme je me sens loin d’eux, du haut de cette colline. Il me semble que j’appartiens à une autre espèce. Ils sortent des bureaux, après leur journée de travail, ils regardent les maisons et les squares d’un air satisfait, ils pensent que c’est leur ville, une « belle cité bourgeoise ». Ils n’ont pas peur, ils se sentent chez eux. Ils n’ont jamais vu que de l’eau apprivoisée qui coule des robinets, que la lumière qui jaillit des ampoules quand on appuie sur l’interrupteur, que les arbres métis, bâtards, qu’on soutient avec des fourches. Ils ont la preuve, cent fois par jour, que tout se fait par mécanisme, que le monde obéit à des lois fixes et immuables. Les corps abandonnés dans le vide tombent tous à la même vitesse, le jardin public est fermé tous les jours à seize heures en hiver, à dix-huit heures en été, le plomb fond à 335°, le dernier tramway part de l’Hôtel de Ville à vingt-trois heures cinq. Ils sont paisibles, un peu moroses, ils pensent à Demain, c’est-à-dire, simplement, à un nouvel aujourd’hui… »

Je n’avais pas bien compris à l’époque ce qu’avait ressenti le narrateur mais là, je vis exactement la même chose. Ils me répugnent… J’ai envie de leur crier qu’un homme s’est fait cloner à quelques pas d’eux et que j’ai honte d’eux. Que j’ai honte pour eux. Mais ils ne comprendraient pas… Ils ne peuvent pas comprendre, qui pourrait ? Nous sommes trop différents.

Je prends soudain conscience du monde et des gens qui m’entourent tous les jours, ceux dans mon monde. J’éclate d’un rire nerveux. Comme si Raines ou Lyle pouvait me comprendre. En fait, je subis ma situation et ironie du sort, ces gens en face de moi semblent heureux, malgré leurs petits bobos. Mais le sont-ils vraiment ? Se rendent-ils compte qu’ils passent à côté de telles horreurs ? Non, bien sûr.

Je me sens soudain si seule. Parce que mon passé et mon présent – et très certainement mon futur – sont liés au Centre, je ne peux faire partie de ce monde là, mais parce que ma conscience me dit que les agissements du Centre ne sont pas acceptables, je ne peux non plus faire partie de ce monde ci. J’ai le cul entre deux chaises comme diraient certains… En fait, en réfléchissant bien, je ne peux me sentir proche que de ceux qui sont dans la même situation que moi, qui n’appartiennent à aucun de ces deux mondes là. A savoir Sydney, Jarod et sûrement Broots. Ceux qui sont malheureusement liés au Centre mais qui ne sont pas tout à fait tombés dedans… Ils sont comme moi. Nous vivons la même chose – à quelques détails près. En fait, ce ne sont pas les différences entre nous qui sont effrayantes, ce sont nos points communs.


Notes de fin :
- Oui, je sais, c’est court et ce n’est toujours pas une fin heureuse mais que voulez-vous. Je traverse un moment difficile et ça se ressent sûrement… mais ça passera.
- La dernière phrase, vous l’aurez sûrement reconnue. Elle vient de Impromptu, dans la version de Jarod.
- Le passage du texte est tiré de La Nausée de Sartre. Je crois que c’est en lisant ce passage que ça m’a donné l’idée pour cette histoire…

 

Fin

 

Pour m'envoyer vos fanfics (tous formats compatibles avec les logiciels courants de Windows - même Xp, pas de pb), écrivez-moi : delphinevb@chez.com . En général, je m'efforce de lire très vite les textes qu'on m'envoie, même si je ne les publie pas aussitôt (cause forfait, et puis travail aussi ;-) ...), afin de proposer un petit commentaire (un auteur attend généralement des feedbacks, j'en sais qqch...).

Sydnette la Psy Caméléonne.

 

© Onyssius, 2003, in Le Monde d'Ondinaphaë.

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